TOP FILMS 2018
L’année se termine, et comme le veut la tradition, il est l’heure de faire un petit bilan cinéma de cette année 2018. Pour ma part, ce sont 49 films de 2018 visionnés, un total de 240 films pour 251 séances (en comptant les films vus plusieurs fois). En somme, beaucoup de découvertes à la clé, très souvent fructueuses, et parfois un peu moins !
Souvent, lorsque l’on parle de Tops, on parle de faire un classement. On a toujours cette petite curiosité, cette envie de savoir « quel est son film préféré ? » quand on ouvre un top, c’est vrai. Mais je ne suis pas forcément amateur de l’exercice, par expérience et par conviction. Car cela revient souvent à comparer des films trop différents, visionnés dans des contextes différents, et, entre nous, on a souvent tendance à garder en tête les films que l’on a vu récemment plutôt que ceux que l’on a vus en début d’année. Alors ce top sera sans hiérarchie, il proposera 20 films qui m’ont plu pour des raisons diverses et variées, pour résumer cette année 2018 au cinéma.
TOP FILMS 2018
Au Poste !
Au bon souvenir de ces savoureuses comédies pleines de noirceur et d’absurdité
Avec ce retour au pays, le cinéaste aux multiples casquettes se permet de se créer une place toute particulière dans la comédie française, à l’heure où l’on ne peut que constater leur pullulement. C’est, très probablement, la comédie dont l’on avait besoin aujourd’hui dans le cinéma français. Avec des comédiens parfaits, une réalisation efficace et la patte de Quentin Dupieux pour l’écriture et le scénario, Au Poste ! est une comédie subtile, absurde, cauchemardesque, déroutante et désopilante qui ajoute une nouvelle réussite au palmarès de Quentin Dupieux. On n’en perd pas une miette, et on en redemande même !
Avengers : Infinity War
Un blockbuster spectaculaire qui remporte son pari haut la main
Le pari est gagné haut la main. Infinity War est sans doute le meilleur film de l’univers Marvel créé à ce jour, un spectacle colossal qui ne laisse aucun répit au spectateur, proposant un antagoniste digne de ce nom, avec de la nuance et un traitement intelligent, dosant parfaitement le sérieux et l’humour, suffisamment bien construit pour ne jamais être trop lourd ou trop léger. Bien qu’il dure deux heures et demie, le temps passe à une vitesse folle, signe d’une séance placée sous le signe de la réussite. Ce n’est peut-être pas un chef d’œuvre du cinéma, il est vrai, mais la garantie d’un divertissement de haute volée, montrant que Marvel en a encore sous la semelle. Impressionnant spectacle qui ne laisse aucun répit, avec un antagoniste digne de ce nom, dramatique, bien dosé, bien rythmé, Infinity War est là où on l’attend, et mieux encore. Cela faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas autant emporté, Marvel a réussi son pari et ne nous rend que plus impatients de connaître la suite !
Battleship Island
La puissance des images au service d’un discours contre les atrocités de la guerre
Il s’est à peine montré dans nos salles, et pourtant Battleship Island est bien une des grandes réussites de cette année. Le film parvient à être un spectacle impressionnant, mais avec du drama, de vrais enjeux et des discours pertinents sur la guerre. Les images sont d’une puissance rare, avec des séquences mémorables, capables d’être aussi belles en montrant un concert de jazz dans une salle aux couleurs chaudes, qu’en créant une véritable scène d’apocalypse où les bombes tombent du ciel et sèment le chaos et la mort. Film-somme aussi intelligent qu’impressionnant, Battleship Island est une réussite en tous points.
BlacKkKlansman
Se moquer intelligemment des a priori sans jamais perdre son sérieux
Avec BlacKkKlansman, Spike Lee réussit un film satisfaisant et intéressant, se permettant divers tacles à l’Amérique et à la politique de Trump, se servant de cette histoire passée en soulignant l’intemporalité de son discours, toujours d’actualité aujourd’hui. Avec un enchaînement final choc qui secoue le spectateur, BlacKkKlansman ne se permet pas simplement d’être satirique, il fait bien réfléchir sur la capacité à être conscient et fier de ses racines, tout en étant capable de faire des différences une force et non pas un facteur d’éloignement. En somme, Spike Lee réussit un bon film qui, sans être forcément très puissant, mérite bien d’être vu.
First Man
Transformer un exploit aux retombées internationales en une épreuve personnelle pleine de symbolique
Ce qui fait vraiment plaisir avec First Man, et ce qui en fait sa force, c’est qu’il tient vraiment sa puissance de son scénario. Ce n’est pas un objet cinématographique artificiel qui mise juste sur le star-power et de jolis effets qui en jettent. Il impose une véritable réflexion, il part d’un événement historique pour explorer des thématiques vraiment humaines, et l’exploite pour élaborer un discours particulier. First Man part d’un événement historique pour alimenter un discours riche en symboliques sur la vie et la mort. Un exploit unique et éternel, ramené à l’échelle humaine avec intelligence.
Hostiles
Invoquer le western pour un retour aux sources brutal et sauvage
Hostiles a bien suivi la recette du western réussi, en redonnant vie à ces westerns brutaux mais marquants, à la fois terrifiants et fascinants. Les acteurs parviennent à se hisser à la hauteur du film, notamment Christian Bale, qui cristallise tous les maux de cet environnement cruel. Son regard en dit beaucoup sans forcément exprimer énormément. On apprécie ce retour aux sources brutal et sauvage, même si les petites dissonances au niveau du rythme empêchent Hostiles de définitivement franchir la marche de l’excellence. il n’en demeure cependant pas moins une des grandes réussites de cette année.
L’homme qui tua Don Quichotte
Une folle allégorie à l’ambiance bigarrée et baroque
Terry Gilliam livre ici un film très personnel et allégorique, à l’image de ce qu’il sait faire de mieux. Si le résultat est certes imparfait, on apprécie son ambiance bigarrée et baroque, et ses acteurs qui donnent vie à cette histoire rocambolesque mais capable de parler à tout le monde. La principale clé dans l’appréciation du film est surtout de voir L’Homme qui tua Don Quichottenon pas comme un film qui a nécessité 25 ans de travail pour être développé, mais bien un film qui aura mis 25 ans pour enfin être mis sur pellicule, ne l’oublions pas. Ce n’est pas pareil, surtout au niveau des attentes. L’Homme qui tua Don Quichotte est donc, en définitive, une joyeuse allégorie du monde du cinéma, avec ses artistes et ses hommes d’affaires, mais il nous concerne nous aussi, car nous sommes tous et toutes des Don Quichotte, nous sommes les héros de nos vies, avec nos angoisses et nos rêves. Quixote Vive !
L’Île aux Chiens
Un superbe travail de fourmi qui a du chien
L’Île aux Chiens est donc en effet une véritable réussite en tous points. Visuellement sublime, rempli de belles trouvailles, au discours intelligent et touchant, c’est probablement l’une des plus grandes réussites de Wes Anderson, et un des tous meilleurs films de l’année en cours. Décidément, le cinéaste semble encore largement avoir de la réserve, avec une incroyable capacité à nous surprendre, qui ne fait que nous enthousiasmer encore plus dans l’attente de ses futurs projets.
La mémoire assassine / Memoir of a Murderer
Manipuler le spectateur pour encore mieux le surprendre
(Note : Le film est sorti en 2017 en Corée du Sud mais en 2018 en France en e-cinéma) Memoir of a Murderer est un thriller très efficace qui manipule le spectateur pour sans cesse l’égarer et lui faire endurer les mêmes symptômes que le héros. Un film qui combine tout ce que le cinéma sud-coréen a de caractéristique et de bon, et qui fait forte impression. Bien que largement affilié au genre du thriller, il n’hésite pas à se permettre quelques instants comiques et, par moments, s’aventurer vers l’horreur. Un film qui n’a pas connu nos salles, mais qui vaut le détour.
Les Heures Sombres
Le poids des responsabilités porté par un acteur habité par son personnage
Les Heures Sombres est un biopic bien réalisé, qui immerge pendant deux heures son spectateur dans cette époque trouble et mouvementée, où les décisions de peu risquaient d’impacter durablement le destin de certains. Winston Churchill est ici présenté comme on l’imagine : un battant, un véritable personnage qui a ses idées et les assume, et qui ose ce que peu d’autres oseraient faire. Gary Oldman livre une copie parfaite, en se métamorphosant et en devenant littéralement Churchill. Il manque peut-être ce petit quelque chose qui nous ferait crier au chef d’oeuvre, mais sans chercher à faire la fine bouche, nous avons avec Les Heures Sombres une des réussites de cette année.
Les Indestructibles 2
Dépasser les attentes pour réunir tous les publics et toutes les générations
Si j’avais pu trouver Les Indestructibles sympathique, ce second opus m’a plus qu’agréablement surpris. Intrigué sans être réellement en émoi concernant cette nouvelle sortie, j’ai finalement vécu un excellent moment devant un film qui m’a beaucoup enthousiasmé et emporté. Tout y est réussi, tant dans la réactualisation de la « saga », qu’il s’agisse du discours ou des aspects plus graphiques, que dans l’écriture et le scénario. L’animation se prête parfaitement au style d’écriture de Brad Bird, qui est ici sur son terrain de jeu, et il parvient à transmettre cette envie et ces émotions au spectateur. On sent qu’il met de sa personne dans ses films, et quand l’artiste arrive à communiquer avec le spectateur via ses œuvres, c’est qu’il a trouvé un public récepteur, qu’il a réussi son travail.
L’Insulte
Combattre le repli identitaire en louant le sentiment d’appartenance pour réconcilier les peuples
Avec L’Insulte, Ziad Doueiri réalise un film plein de sagesse et de vérité, blâmant le repli identitaire tout en faisant comprendre que nous avons tous nos racines et que cela n’empêche pas des peuples aux cultures multiples de coexister sous une même bannière. C’est un film à la fois réfléchi et nerveux, basé sur une réalisation dynamique, où la caméra est presque toujours en mouvement, voguant avec une belle fluidité dans la mise en scène et dans les plans. On peut lui reprocher, histoire d’être un brin pointilleux, une fin trop évocatrice et insistante sur son message, empêchant le spectateur de bien réfléchir par lui-même et de bien ressentir et s’approprier le message du film. Toutefois, cela n’entache pas assez L’Insulte, un de ces films qui sait ce qu’il raconte, qui parvient à établir une vraie communication avec le spectateur, et qui fait du bien à voir.
Leto
Une parenthèse musicale mélancolique et énergique qui sent bon l’été
Le cinéaste, à l’image de ses héros, ose, et n’hésite pas à se prendre à quelques envolées audacieuses, notamment au travers du personnage très particulier qui interagit souvent avec le spectateur et qui, généralement, introduit des passages musicaux qui se présentent sous la forme de clips. Leto se permet donc de s’aventurer, avec succès, sur le territoire des comédies musicales, toujours dans le but de caricaturer la population de l’époque et de creuser le fossé entre les protagonistes libertaires et la population rétrograde. C’est, à une échelle plus large, un nouveau questionnement sur la place des artistes dans la société, un sujet toujours source de débats, notamment dans le contexte dans lequel se déroule Leto. En définitive, Leto est un vrai clip musical de deux heures, l’histoire d’une jeunesse qui veut vivre sa vie face à la morosité du régime en place, un bel équilibre entre lyrisme et folie. De beaux élans d’audace donnent du pep’s à ce film qui alterne parfaitement entre la soif de rébellion et la désillusion. Un film qui transporte, et la meilleure chose, c’est de se laisser emporter.
Mission : Impossible – Fallout
Rendre ses lettres de noblesse au cinéma d’action en cherchant sans cesse à se surpasser
Sans avoir l’effet de surprise de Rogue Nation, Fallout parvient à garder le cap, à maintenir un équilibre intéressant entre mesure et démesure, pour continuer à ériger la saga Mission : Impossible parmi les références du cinéma d’action. Très retors comme à son habitude, quitte à égarer un peu son spectateur, il arrive à garder une cohérence tout en appelant les sens du spectateur à s’éveiller et à vivre un moment fort et intense. Une très bonne séance, et on attend la suite avec impatience. Mais jusqu’où ira Tom Cruise ?
Phantom Thread
Une liaison aussi poétique que toxique où la froideur ambiante n’empêche pas de beaux moments de grâce
La réalisation de Paul Thomas Anderson, toujours soignée, jouant sur les détails, et cette manière d’écrire, cherchant toujours à montrer ce qui est essentiel, bien que désagréable, confère à Phantom Thread une beauté inéluctable, livrant un discours plein de vérités qui font réfléchir. La superbe musique de Jonny Greenwood, qui a déjà collaboré avec le réalisateur, n’est d’ailleurs pas étrangère à ce climat, notamment avec le thème principal qui emprunte beaucoup à Claude Debussy, avec une mélodie belle et poétique, mais toujours empreinte de mélancolie. Evidemment, les acteurs ne font pas exception dans ce tableau incontestablement beau. Comme dans ses précédents films, Paul Thomas Anderson montre avec Phantom Thread que le monde a besoin d’un équilibre, que l’amour est une chose belle, mais qu’il se construit avant tout sur la base d’un vide commun, d’une déchirure, qui se ferme avec le temps, mais qui doit se rouvrir pour rendre aux sentiments toute leur puissance.
Sur le chemin de la rédemption / First Reformed
La contemplation au service d’un discours sur la puissance de la foi et des convictions face aux dangers menaçant l’humanité
Crépusculaire, froid, morne, Sur le chemin de la rédemption dépeint un monde au bord de la rupture, à quelques pages de la fin, où la foi n’est plus réservée qu’aux naïfs et aux menteurs. Une fable contemplative qui questionne et remet chacun à sa place, nous compris. Paul Schrader parvient à jouer sur les échelles, faisant monter les questions vers les hommes de pouvoir, et faisant redescendre les conséquences de leurs décisions sur les citoyens. Le cinéaste tente d’alerter et de faire réagir, bien que son constat principal soit que beaucoup de mal a déjà été fait et que c’est avant tout dans la foi envers l’humanité que de l’espoir peut être trouvé. Reprenant une trame similaire à Taxi Driver et à Journal d’un curé de campagne, Sur le chemin de la rédemption est un de ces films passés sous silence cette année, mais qui mérite que vous vous y attardiez.
The Rider
Sublime tableau où l’humain reprend racine, faire des immensités sauvages un exutoire salvateur
Dans un film intimiste, rendant un splendide hommage à la nature et racontant une histoire authentique avec des acteurs racontant ici, à quelques détails près, leur propre vie, Chloé Zhao nous entraîne, nous émeut et nous fait réfléchir. Avec authenticité et une touchante sincérité, The Rider explore des thématiques profondément humaines capables de parler à tout le monde. Ce film a pour qualité non négligeable d’être capable de briller autant sur le fond que sur la forme, avec des plans magnifiques offrant un cadre somptueux à cette histoire vraie et humaine.
The Spy Gone North
Les coulisses de machinations politiques et économiques dévoilés dans un récit passionnant et émouvant mené tambour battant
Un thriller politique passionnant, captivant et haletant, qui expose une vision très cynique et critique des relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Une éternelle opposition entre les sphères du pouvoir et les intérêts du peuple, ici portée par d’excellents interprètes et mise en scène avec une grande maîtrise.
Three Billboards, les panneaux de la vengeance
Quand la rage intérieure s’exprime ouvertement, les langues se délient et le paysage s’embrase
Véritable drame humain avec des personnages complexes et bien développés, Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance met sur pellicule la violence latente qui fait rage dans une société malade et fragmentée. Bien mené, il s’avère parfois un brin expéditif et prend quelques raccourcis, mais il brille par sa capacité à créer de véritables personnages incarnés par des acteurs en parfaite maîtrise.
Under The Silver Lake
Une folle satire à l’ambiance fantastique et prenante
Avec Under The Silver Lake, David Robert Mitchell transforme l’essai et confirme son statut de réalisateur à suivre à l’avenir. Tortueux, obscur, sombre, mystérieux et labyrinthique, Under The Silver Lake est une satire folle a l’ambiance fantastique et prenante. On ne décroche pas une minute, c’est fou, c’est insensé mais pourtant d’actualité et bien réel, c’est du cinéma comme on aime en voir, qui contourne les évidences, et qui ose sans jamais tomber dans le prétentieux ou s’éloigner de son discours. A n’en pas douter, Under The Silver Lake est une réussite.
Voilà qui conclut donc cette belle année 2018 ! Et vous, quel est votre Top de l’année ? N’hésitez pas à le partager en commentaires !
Tout comme toi L’île aux chiens et First Man. Et dans une moindre mesure A Star is Born, et Dans la brume qui fut un film angoissant, oppressant, et pour cela il fut bien réussi, les gens etant vissés dans leur siege et silencieux, sûrement pris dans l’angoisse du film. En tout cas si le film n’a pas été un gros succès commercial ce fut un des articles les plus vus sur mon blog et j’en ai été surprise. L’année 2019 s’annonce pas mal, avec pas mal de sorties intéressantes…
Dans la brume est une belle promesse, je le trouve imparfait mais il en dit assez long sur le virage que prend le cinéma français :) Et c’est encore mieux s’il te donne de la visibilité ^^
Concernant A Star is born et Croc Blanc, joker car pas vus !
Et pour 2019 on en reparle très vite Héhé
Et bien entendu j’ai oublié Croc-Blanc que je suis allée voir 2 fois au cinéma.