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Bonne conduite (Jonathan Barré, 2023) – Critique & Analyse

Depuis La folle histoire de Max et Léon, puis avec Les Vedettes, la fine équipe de Jonathan Barré a su exploiter un créneau bien spécifique de la comédie française, dans un registre mêlant références volontairement assumées, absurdité et un côté bien décalé. Alors, quand s’annonce un projet comme Bonne conduite, nous sommes forcément curieux de savoir de quo il va en advenir.


Fiche du film

Affiche de Bonne conduite (2023)
Affiche de Bonne conduite (2023)
  • Genre : Comédie, Policier
  • Réalisateur(s) : Jonathan Barré
  • Distribution : Laure Calamy, Tchéky Karyo, Grégoire Ludig, David Marsais, Thomas VDB
  • Année de sortie : 2023
  • Synopsis : Pauline a une méthode bien à elle pour faire de la prévention routière : formatrice dans un centre de récupération de points le jour, elle se transforme en serial killeuse de chauffards la nuit… (SensCritique)

Critique et Analyse

Bonne conduite (2023)
Bonne conduite (2023)

A l’image de son affiche, Bonne conduite nous installe d’emblée dans cette ambiance « néons et synthés », représentation archétypale de notre vision et de notre nostalgie actuelle des années 80, dans une volonté de donner à ce nouveau film un ton daté et décalé. Entre le pastiche et l’appel à une nostalgie que nous pourrions qualifier d’à la mode, Bonne conduite joue la carte de la parodie pour nous amuser, un choix qui va nécessiter un bon dosage pour tenir sur la durée. Alors que Pauline la formatrice en quête de vengeance poursuit son chemin de croix, nous arrivons forcément au moment où la situation va s’envenimer, pour que se mette en place un engrenage destructeur qui risque fort de faire des dégâts.

« Bonne conduite ne force jamais son humour, il l’invoque de la bonne manière, faisant preuve de justesse même lorsqu’il s’agit de grossir le trait volontairement, trouvant un très bon équilibre dans l’utilisation d’un ton comique tout en maintenant une vraie tension en permanence. »

Aussi sympathique puisse-t-il être, l’exercice de la parodie est loin d’être le plus simple à gérer. S’inspirer de quelque chose pour en faire quelque chose d’humoristique peut vite amener à partir sur de fausses pistes ou à avoir un humour parfois douteux, justement. Mais le nouveau film de Jonathan Barré est un très bon exemple d’emploi d’un ton parodique et de pastiche de références bien identifiables. Car Bonne conduite ne force jamais son humour, il l’invoque de la bonne manière, faisant preuve de justesse même lorsqu’il s’agit de grossir le trait volontairement, trouvant un très bon équilibre dans l’utilisation d’un ton comique tout en maintenant une vraie tension en permanence.

Bonne conduite (2023)
Bonne conduite (2023)

Avoir le duo du Palmashow à l’affiche était certainement un atout non-négligeable pour que le film réussisse, les deux comiques ayant déjà fait leurs preuves grâce à leurs sketchs, mais aussi lors de leurs précédentes collaborations avec Jonathan Barré et Quentin Dupieux, notamment. Ils trouvent ici deux rôles leur convenant à merveille, campant ce duo de flics pas très brillants, mais attachants dans leur aspect authentique. En tête d’affiche, Laure Calamy s’en donne à cœur joie. Déjà sur une période très faste depuis quelques années, l’actrice continue de confirmer tout en variant les registres, en campant cette veuve torturée, au plan machiavélique tout en étant rattrapée par ses propres maladresses, dans un surjeu savamment dosé. En face, il est tout aussi plaisant de retrouver un Tchéky Karyo en homme d’affaires parfaitement détestable. Car même s’il s’en moque, Bonne conduite n’est jamais mauvais envers ses personnages, les rendant parfois ridicules malgré eux, mais c’est ce qui les rend vivants et qui génère de l’empathie de la part du spectateur.

Limiter Bonne conduite à une parodie serait s’engouffrer dans une fausse piste, car le nouveau film de Jonathan Barré se présente davantage comme une comédie particulièrement bien dosée, pleine d’éléments inattendus et surprenants, de rebondissements et de tension, drôle quand il le faut. On ne boude pas son plaisir devant une comédie qui parvient à jouer le jeu des références sans jamais être subtile tout en parvenant à ne pas donner l’impression de les asséner au spectateur. Une bonne semi-surprise, car nous pouvions nous attendre à un tel résultat de la part de l’équipe de Jonathan Barré, mais il est particulièrement appréciable de voir que le réalisateur parvient à continuer à expérimenter cette recette déjà éprouvée sans avoir de sentiment de lassitude. Et, cerise sur le gâteau, il est encore plus plaisant, de surcroît, et à titre personnel, de retrouver sur grand écran les paysages du Finistère sud. Malgré sa qualité, on peut craindre que Bonne conduite peine à mobiliser les foules, mais on l’espère tout de même, pour découvrir, non sans impatience, ce qui nous attendra la prochaine fois.

Note et avis
En résumé
Absurde, décalé voire kitsch par moments, Bonne Conduite garantit un bon moment où l'humour fait toujours mouche. On se laisse toujours surprendre par ses rebondissements, et aussi par une tension bien maîtrisée, jamais éteinte par le ton comique du film.
3.5
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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