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Marlowe (Neil Jordan, 2023) – Critique & Analyse

Un bon film noir à notre époque, avec Liam Neeson dans le rôle principal : voilà un programme intéressant, avec Marlowe. En effet, nous ne pouvons pas dire que ce genre cinématographique très associé aux années 40 et 50 soit encore très présent en 2023, mais quand une telle proposition se présente à nous, la curiosité s’éveille soudainement.


Fiche du film

Affiche de Marlowe (2023)
Affiche de Marlowe (2023)
  • Genre : Drame, Policier
  • Réalisateur(s) : Neil Jordan
  • Distribution : Liam Neeson, Diane Kruger, Jessica Lange, Alan Cumming, Danny Huston
  • Année de sortie : 2023
  • Synopsis : Le détective privé Philip Marlowe est plus solitaire et désoeuvré que jamais, jusqu’à ce qu’une belle cliente blonde n’entre dans son bureau et lui demande de retrouver son ancien amant. (SensCritique)

Critique et Analyse

Diane Kruger dans Marlowe (2023)
Diane Kruger dans Marlowe (2023)

La bande-annonce du film laissait déjà présager tout ce qui fait l’essence du film noir, avec ces personnages charismatiques et torturés, une immersion dans un univers troublé, une atmosphère délétère et nostalgique avec, au milieu, la figure du détective débonnaire et juste, apportant un peu de rationalité au tout. Et voir Liam Neeson dans un tel rôle semblait tout à fait adapté à sa haute stature et ses sept décennies qu’il porte très bien, mieux dans cette allure de gentleman que lorsqu’il doit encore mener une énième vendetta à coup de poings et de fusillades face à des hommes bien plus en état, sauf tout le respect qui lui est dû. L’acteur doit d’ailleurs ici porter un héritage conséquent, le personnage de Philip Marlowe ayant connu maintes aventure dans la littérature, mais aussi au cinéma, dans des films reconnus tels que Le Grand Sommeil de Hawks, où le détective apparaît sous les traits d’Humphrey Bogart, ou Le Privé, de Robert Altman.

« Marlowe a beau bien reprendre les ingrédients qui ont fait le succès des romans et des autres films avec le célèbre détective, la recette ne prend pas, la faute à un rythme trop monotone, et à trop d’artificialité. »

Ce Marlowe fait du Hollywood des années 30 son décor, avec ses vedettes, ses anciennes stars vivant dans l’opulence et la nostalgie, ses sombres secrets, et ses machinations. Se plaisant à jouer les cartes du mystère et des non-dits, le film enchaîne rapidement les dialogues à ellipses où les personnages se jaugent en testant l’intelligence de leur interlocuteur à chaque réplique. Un parti pris dans la veine des écrits de Chandler, et des films précédents comme, pour le citer à nouveau, Le Grand Sommeil de Hawks. Il faudra donc faire preuve d’une forte attention pour garder le fil et ne pas se perdre trop rapidement dans cette enquête qui s’annonce tortueuse. L’enjeu, pour la suite, sera de maintenir l’intérêt du spectateur et parvenir à trouver un bon équilibre entre hommage et développement d’une œuvre cinématographique à part. Chose qui s’avèrera bien plus difficile. Marlowe a beau bien reprendre les ingrédients qui ont fait le succès des romans et des autres films avec le célèbre détective, la recette ne prend pas, la faute à un rythme trop monotone, et à trop d’artificialité.

Liam Neeson dans Marlowe (2023)
Liam Neeson dans Marlowe (2023)

En mettant en avant un florilège d’archétypes (la femme fatale, la mère jalouse sûrement un peu trop âgée pour avoir vraiment joué dans les films dont elle parle, le producteur véreux, le vendeur de drogue à la personnalité ambigüe…), Marlowe suit un chemin tout tracé. Grossir le trait et suivre des repères classiques n’est pas interdit, sauf quand d’autres éléments ne viennent pas apporter un supplément d’âme au film. Chose qui manque à Marlowe, qui suit un développement cyclique, cultivant une forme de mystère qu’il n’hésite pas à désamorcer pour ne pas trop perdre le spectateur. Alors que l’enquête progresse et que l’intérêt du spectateur devrait s’accroître, rien ne vient bouleverser la monotonie qui s’est installée, pendant que le récit semble suivre un chemin tout tracé.

Il n’était pas nécessaire d’avoir de grandes attentes au sujet d’un film comme Marlowe. Cependant, les atouts dont il disposait pouvaient permettre d’offrir quelque chose d’intéressant au spectateur. Hélas, un rythme très monotone, une intrigue bien peu passionnante, et des invraisemblances viennent accabler un film qui, pourtant, arrivait à créer une certaine atmosphère. Et ce n’est pas quelques pralines bien envoyées par un Liam Neeson qui reprend par à-coups ses rôles devenus habituels qui vont rompre l’ennui poli qui s’est emparé de nous. Un projet enthousiasmant, qui s’avère finalement plutôt anecdotique.

Note et avis
En résumé
Un film noir de nos jours, sur un Hollywood désenchanté des années 30, avec Liam Neeson, oui ça avait du bon sur le papier. Dans les faits, Marlowe s'avère finalement plutôt plat et anecdotique, avec pas grand chose à raconter bien que le film se veut tortueux et alambiqué.
2
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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