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Everything Everywhere All At Once (Dan Kwan & Daniel Scheinert, 2022) – Critique & Analyse

Tout le monde n’en a pas entendu parler, mais ceux dont c’est le cas ont forcément vu leur curiosité un minimum attisée par Everything Everywhere All At Once. Ce drôle de film au titre relativement éloquent, cet inclassable qui a déchaîné quelques passions et qui a débarqué dans la liste des nominations aux Oscars comme un vrai bulldozer.


Fiche du film

Affiche d'Everything Everywhere All At Once (2022)
Affiche d’Everything Everywhere All At Once (2022)
  • Genre : Action, Comédie, Fantastique
  • Réalisateur(s) : Dan Kwan & Daniel Scheinert
  • Distribution : Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, Jamie Lee Curtis, Stephanie Hsu
  • Année de sortie : 2022
  • Synopsis : Evelyn Wang est à bout : elle ne comprend plus sa famille, son travail et croule sous les impôts… Soudain, elle se retrouve plongée dans le multivers, des mondes parallèles où elle explore toutes les vies qu’elle aurait pu mener. Face à des forces obscures, elle seule peut sauver le monde mais aussi préserver la chose la plus précieuse : sa famille. (SensCritique)

Critique et Analyse

Jamie Lee Curtis et Michelle Yeoh dans Everything Everywhere All At Once (2022)
Jamie Lee Curtis et Michelle Yeoh dans Everything Everywhere All At Once (2022)

Mais qui sont donc ces obscurs réalisateurs qui ont donné vie à cet étrange film ? Les connaisseurs, ou les personnes ayant fait une petite recherche sur Internet, auront identifié les auteurs de Swiss Army Man, déjà une belle curiosité en soi qui avait construit sa petite réputation à base de « tu connais cette histoire sur un type perdu sur une île déserte et qui devient ami avec un cadavre ? » Nous partions donc sur des bases assez solides pour imaginer, en admettant que cela est possible, ce qu’ils pouvaient faire ensuite. Dans un monde où tout semble avoir été raconté, écrit, filmé, chanté, comment encore surprendre un spectateur qui pourrait être passablement blasé ? Everything Everywhere All At Once est une preuve que l’on peut encore repousser certaines limites.

« Everything Everywhere All At Once, c’est un vrai chaos, un brouhaha qui ne cesse jamais, explorant de nombreuses possibilités offertes par les multivers avec pour finalité de se rattacher à des thématiques essentielles. »

Le dispositif utilisé par le film n’a rien de nouveau au cinéma. Les multivers sont quelque chose que l’on voit se développer de plus en plus, que ce soit chez Marvel depuis Spider-Man : No Way Home notamment, mais aussi dans Spider-Man : Into the Spider-Verse. Un sujet très estampillé super-héros donc, qui offre à Marvel une nouvelle occasion de se renouveler… ou presque. Toujours est-il que Dan Kwan et Daniel Scheinert en font leur cheval de bataille, avec toute la complexité scénaristique et les risques que cela impose. Everything Everywhere All At Once, c’est un vrai chaos, un brouhaha qui ne cesse jamais, explorant de nombreuses possibilités offertes par les multivers avec pour finalité de se rattacher à des thématiques essentielles. Et ils le font très bien.

Ke Huy Quan dans Everything Everywhere All At Once (2022)
Ke Huy Quan dans Everything Everywhere All At Once (2022)

Aussi chaotique puisse-t-il paraître, le film cherche toujours à expliquer son principe, à y donner du sens et à maintenir le maximum de cohérence, pour ne pas se prendre les pieds dans son propre dispositif. Plus on avance, plus le tout s’accélère, variant les tons, faisant preuve d’un second degré presque omniprésent, justifiant l’absurde et le grotesque par le fait d’explorer des possibilités infinies. Les cinéastes s’amusent ainsi à pasticher plusieurs genres cinématographiques voire plusieurs films précis, évoquant le fait qu’il existe de multiples manières de raconter une histoire, nous rappelant par moments Kill Bill et In The Mood For Love, complétant leur démarche par un hommage à l’art qui a rendu tout cela possible. Et si Everything Everywhere All At Once paraît par moments impossible à suivre, chaotique, incompréhensible, c’est surtout à cause de sa volonté de traiter de sujets simples et essentiels, qui nécessitent souvent une forme complexe et inaccessible pour les évoquer et nous toucher directement.

Arts martiaux, costumes excentriques, dialogues entre deux pierres, exploration de tous les chemins qu’une vie pouvait offrir, Everything Everywhere All At Once a bien un titre qui parle pour lui même. Sa structure a pu en décourager plus d’un, comme les nombreuses blagues relativement potaches qui nécessitent d’accepter que dans un monde où tout est possible, le magnifique doit côtoyer le ridicule. Et cet humour quasi-omniprésent n’empêche pas au film de proposer de vrais moments d’émotions sincères et touchants. Des choses simples, classiques au demeurant, mais toujours importantes : le fait de chercher du sens à sa vie dans un monde parfois insensé, les écarts entre générations, le lien familial, le fait de faire plusieurs choses de sa vie et en même temps rien… Everything Everywhere All At Once nous emporte comme un vrai maëlstrom, dans lequel on doit se laisser emporter, un beau bazar qui n’est pas si opaque que cela, qui ne fera certainement pas l’unanimité, mais qui ne laisse pas insensible. Comme les bagels.

Note et avis
En résumé
Tout et son contraire a pu être dit sur Everything Everywhere All At Once. Un séduisant et joyeux chaos, absurde, loufoque mais aussi touchant, où se mêlent plein de manières d'exprimer les choses les plus simples. Un film très divertissant qui peut être revu avec grand plaisir pour encore mieux l'apprécier.
3.7
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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