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Je verrai toujours vos visages (Jeanne Herry, 2023) – Critique & Analyse

On peut difficilement faire plus d’actualité que des sujets comme la réinsertion des détenus et la perte de communication au sein de la société. C’est ce que vient traiter Je verrai toujours vos visages, immersion dans un dispositif cherchant de nouvelles manières de réinsérer les délinquants.


Fiche du film

Affiche de Je verrai toujours vos visages (2023)
Affiche de Je verrai toujours vos visages (2023)
  • Genre : Drame
  • Réalisateur(s) : Jeanne Herry
  • Distribution : Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leila Bekhti, Élodie Bouchez, Gilles Lellouche, Fred Testot
  • Année de sortie : 2023
  • Synopsis : Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel. Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation… (SensCritique)

Critique et Analyse

Je verrai toujours vos visages (2023)
Je verrai toujours vos visages (2023)

L’exposition du film se base sur le rite d’apprentissage que suivent les nouveaux médiateurs au centre de ce dispositif, même rite d’apprentissage que va devoir suivre le spectateur au fil du film. On insiste principalement sur la neutralité, l’absence de jugement et, surtout, sur l’écoute, essentielle pour parvenir à fonder les bonnes bases d’un dialogue pérenne et utile. Deux arcs narratifs se dessinent progressivement avec, d’un côté, trois victimes de vols ou cambriolages faisant face à des délinquants et, de l’autre, une jeune femme traumatisée depuis son enfance par un demi-frère qui l’a violée à plusieurs reprises. Le film montre la rigueur avec laquelle travaillent des bénévoles, essentielle pour ne rien laisser au hasard, une rigueur également appliquée au film lui-même, qui cherche à coller le plus possible à la réalité.

« Presque documentaire de par son approche, sa forme, et le jeu très juste des acteurs, Je verrai toujours vos visages renoue le contact là où il a été rompu, invitant à repenser son approche des choses, à prendre du recul, sans négliger l’emprise de nos émotions. »

Presque documentaire de par son approche, sa forme, et le jeu très juste des acteurs, Je verrai toujours vos visages renoue le contact là où il a été rompu, invitant à repenser son approche des choses, à prendre du recul, sans négliger l’emprise de nos émotions. Le film oppose les points de vue, chaque partie ayant sa propre vision des choses, liée au passé de chacun, montrant que les choses ne sont pas si simples et qu’elles dépendent généralement d’un contexte bien plus fourni. En ce sens, Je verrai toujours vos visages vient proposer une riche palette de personnages, qui augmente progressivement les perspectives offertes par le film. Toujours dans le respect, les discussions permettent de mieux comprendre en se mettant à la place de l’autre, une condition essentielle pour comprendre que victimes et coupables sont souvent dépassés par leurs expériences ou par le monde qui les entoure.

Je verrai toujours vos visages (2023)
Je verrai toujours vos visages (2023)

Il est difficile, pour le spectateur, de ne pas se sentir admiratif devant ces personnes qui agissent pour panser de vieilles plaies et reconstruire des personnes meurtries. Les dialogues et l’alchimie entre les personnages permet de ressentir beaucoup d’empathie et de se sentir investi dans ce travail de réinsertion. De par une structure judicieuse et une narration fluide, le film parvient à susciter notre intérêt par rapport à l’évolution des personnages, et à notre espoir d’un dénouement heureux ou, tout du moins, satisfaisant. C’est d’ailleurs en ce sens que Je verrai toujours vos visages montre quelques faiblesses, en ayant un penchant pour un optimisme un brin consensuel, trop évident, facilitant le travail des médiateurs quand le dialogue passe presque trop rapidement du silence pesant aux étreintes amicales. On perd de vue le risque que tout tient à un fil, que malgré toute la volonté du monde, une rechute peut ne pas être évitée, que l’incompréhension peut reprendre le dessus…

Bien entendu et fort heureusement, l’optimisme n’est pas une tare, et on comprend bien que si celui-ci est ici de mise, c’est pour montrer que l’espoir subsiste et doit subsister pour que le vivre ensemble ne soit pas une utopie. On retient ainsi de Je verrai toujours vos visages un film d’une grande justesse, à la lisière du documentaire, mettant la lumière sur un travail méconnu et très important. Tous les acteurs sont au rendez-vous, sans relever une performance particulièrement meilleure que les autres, chacun et chacune offrant une très belle prestation. Un film somme toute convaincant, qui nous touche en tant que spectateurs et nous invite à prendre le temps de la réflexion.

Note et avis
En résumé
Beaucoup de justesse dans Je verrai toujours vos visages, avec des acteurs livrant de très bonnes prestations. Un sujet très intéressant, bien amené, cherchant le bon équilibre entre parole et écoute. Presque trop optimiste mais il le fallait pour entretenir l'espoir.
3.5
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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