Coupez ! (Michel Hazanavicius, 2022) – Critique & Analyse
Michel Hazanavicius, le pastiche et le cinéma, c’est une longue histoire d’amour. Depuis La Classe Américaine, en passant par les OSS 117, sans oublier The Artist, jouer avec les époques, les registres et avec l’histoire du cinéma a toujours fait partie de ses passions. Ainsi, le voir réaliser un remake avec Coupez ! semble tout à fait logique et cohérent.
Fiche du film
- Genre : Comédie, Epouvante-Horreur
- Réalisateur(s) : Michel Hazanavicius
- Distribution : Romain Duris, Bérénice Bejo, Grégory Gadebois, Finnegan Oldfield
- Année de sortie : 2022
- Synopsis : Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage… (SensCritique)
Critique et Analyse
Il va sans dire que ce petit film japonais, Ne coupez pas !, qui s’amusait à jouer avec les imbrications, à tourner un film dans un film, à raconter le processus créatif, le tournage et les aléas de la réalisation d’un film, avait de quoi attirer l’attention du cinéaste français. L’idée avait d’ailleurs germé depuis longtemps chez lui, et c’est lorsqu’il lui a été proposé de faire un remake du film japonais qu’il a jugé que c’était une bonne occasion de mettre en œuvre ce projet. Un remake qui ne se cache d’ailleurs pas, puisqu’il reprend quasiment toute la structure proposée dans le film original.
« Coupez ! s’avère drôle, étonnant et prenant, comme le film dont il est issu, mais la question qui demeure est : n’en dépend-t-il pas trop pour réussir ? »
En effet, tout commence dans un lieu abandonné où des acteurs, en plein tournage de film, se retrouvent attaqués par des zombies. Une partie introductive se clôt lorsque le réalisateur fait irruption pour interrompre la prise et nous fait comprendre qu’il ne s’agissait que d’un film. Jusqu’à ce que l’arrivée de zombies nous fasse remettre en question nos impressions, et ainsi de suite. De la même manière que Ne coupez pas !, Coupez ! débute avec un long plan-séquence visant à ne pas nous faire sortir complètement du film qui était montré au tout début, pour mêler fiction et réalité. Que ce soit dans la structure, la manière de filmer ou la narration, Coupez ! suit donc presque Ne coupez pas ! à la lettre. Ainsi, Coupez ! s’avère drôle, étonnant et prenant, comme le film dont il est issu, mais la question qui demeure est : n’en dépend-t-il pas trop pour réussir ?
En effet, un remake n’est pas forcément un projet vain et dépourvu d’originalité. C’est une manière de réadapter une œuvre pour explorer des pistes qu’elle n’explorait pas forcément, pour réactualiser un discours et la raccrocher à une nouvelle époque. Il y a donc plein de bonnes raisons de faire un remake. Et Coupez ! en est un bon dans sa manière de réadapter le film d’origine, et de lui rendre hommage, notamment suite à son succès très confidentiel par chez nous. Mais, en même temps, il dépend trop de la qualité du matériau original pour s’illustrer par lui-même. Car, hormis quelques inserts supplémentaires, comme la mention directe au fait que c’est un projet de remake, et le rajout du personnage du musicien campé par un Jean-Pascal Zadi très drôle, Coupez ! reste très calqué sur Ne coupez pas !.
Ainsi, le spectateur qui n’aura pas vu le film japonais sera-t-il surpris par ce film, ce qu’il propose et ce qu’il raconte, et c’est tant mieux. Mais celui qui aura vu Ne coupez pas ! aura davantage tendance à se raccrocher à ce dernier, qui avait eu l’idée en premier et qui traitait déjà très bien son sujet. Reste donc la carte de l’hommage, un des principaux intérêts de Coupez ! restant de donner envie de voir le film original, et de montrer à travers ce projet de remake qu’il méritait davantage d’exposition. Un bon moment à passer, à défaut d’y trouver une véritable plus-value par rapport au film d’origine.
