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Ne coupez pas ! (Shin’ichirô Ueda, 2017) – Critique & Analyse

Il y a des films dont on n’aurait jamais pu entendre parler, et qui par un concours de circonstances, ou grâce à leur qualité réelle, parviennent à faire sensation. Peut-être que Ne coupez pas ! n’est pas un film dont beaucoup ont entendu parler en France, et il est fort possible que beaucoup ont découvert son existence à travers le remake de Michel Hazanavicius, Coupez !. Toujours est-il que ce film japonais basé sur la débrouille et rempli de bonnes idées a bien été un petit phénomène.


Fiche du film

Affiche de Ne coupez pas ! (2017)
Affiche de Ne coupez pas ! (2017)
  • Genre : Comédie, Epouvante-Horreur
  • Réalisateur(s) : Shin’ichirô Ueda
  • Distribution : Takayuki Hamatsu, Yuzuki Akiyama, Harumi Shuhama, Kazuaki Nagaya
  • Année de sortie : 2017
  • Synopsis : Les choses vont mal pour le réalisateur et l’équipe de tournage d’un film de zombies à petit budget dans une installation japonaise abandonnée de la Seconde Guerre mondiale car ils sont attaqués par de vrais zombies. (SensCritique)

Critique et Analyse

Ne coupez pas ! (2017)
Ne coupez pas ! (2017)

Il faut dire que le synopsis du film fait lui-même envie. L’idée de voir un tournage de film d’horreur tourner à l’horreur réelle ouvre de nombreuses perspectives, notamment au sujet de la limite entre réalité et fiction. Toutefois, cette accroche semblera, pour le spectateur qui connaît le film, un brin mensongère. Mais cela n’est pas un véritable problème, car le film va justement parler de cette limite, de manière fort judicieuse. L’intention est d’ailleurs clairement affichée dès les premiers instants. On assiste à une scène de film d’horreur, au film que l’on pense regarder, mais il s’agit en réalité d’un film dans le film, qui est actuellement en tournage. Or, lorsque le passage de la fiction à la réalité s’opère, il n’y a pas de coupe, et le film poursuit en plan-séquence, laissant sous-entendre une continuité entre la fiction et la réalité pour mieux les mêler.

« Quand le spectateur comprend de quoi il s’agit réellement, Ne coupez pas ! s’avère brillant dans son idée de raconter le processus créatif d’un film, tout ce qui peut affecter un tournage, et comment la magie du cinéma peut opérer. »

Ainsi, Ne coupez pas ! plonge le spectateur dans le doute. Est-ce que ce que nous voyons est bien vrai ? Sommes-nous encore dans un film, ou sommes-nous dans la réalité, cette fois ? Quelques incohérences et étrangetés semblent semer le doute, mais qu’importe, le spectateur sait également qu’il s’agit d’un film à petit budget et que l’aspect amateur semble délibéré. Quand le spectateur comprend de quoi il s’agit réellement, Ne coupez pas ! s’avère brillant dans son idée de raconter le processus créatif d’un film, tout ce qui peut affecter un tournage, et comment la magie du cinéma peut opérer.

Ne coupez pas ! (2017)
Ne coupez pas ! (2017)

En superposant les couches, en faisant un film dans le film puis un film dans le film dans le film, Ne coupez pas ! exprime ce qui permet à un film d’exister, tout ce qui peut l’empêcher d’arriver à son terme. L’approche du film est également très intéressante dans sa manière de transformer un mensonge en vérité. Supposé être la matérialisation d’un script, d’un scénario et de dialogues écrits à l’avance, bourré de trucages, un film est une pure création, or ceux qui participent à sa réalisation finissent par y croire. Tout comme nous doutions du fait que ce que nous voyions au début était vrai, l’équipe du film finit par croire à ce qui arrive, à ce petit miracle qui opère, rappelant que l’art est un art spontané avant tout. Devenue une étrange chimère, l’œuvre qui tente de s’extirper des mains de son réalisateur parvient à être canalisée par ce dernier qui réussit à se transcender, prenant ses responsabilités et laissant libre cours à son talent.

Très confidentiel, réalisé avec de tous petits moyens (le film affiche un budget de 25 000 $), Ne coupez pas ! est parvenu à obtenir un succès retentissant à son échelle au Japon (pas moins de 25 000 000 $ de recettes). Beaucoup plus discret en France, quelque peu ramené à la connaissance du public lors de la sortie du remake de Michel Hazanavicius, qui reprend exactement les mêmes éléments, Ne coupez pas ! est un film d’une grande modestie qui cache une grande richesse. Drôle, très bien mené et construit, judicieux, malin, c’est un film qui rend parfaitement hommage au cinéma à sa manière, une belle petite pépite.

Note et avis
En résumé
Drôle, malin, ludique, Ne coupez pas ! transforme chaque échec en succès, chaque mensonge en vérité. Une vraie ode à la spontanéité, rappelant que le cinéma a beau être un art cadré, c'est souvent en en sortant que la magie opère. Une très bonne surprise !
4
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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