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Le Cauchemar de Dracula (Terence Fisher, 1958) – Critique & Analyse

Dracula, le plus grand des vampires. Au fil des années, le célèbre comte a connu diverses représentations, notamment au cinéma, et dont certaines d’entre elles sont devenues très célèbres, faisant aujourd’hui partie intégrante de la culture populaire. Si le Nosferatu de Murnau avait déjà offert une incarnation mémorable du compte alors appelé Orlok, Béla Lugosi avait, sous l’impulsion des studios Universal, popularisé l’image élégante, envoûtante et sensuelle que le vampire a aujourd’hui. Une image qu’allait également emprunter la Hammer, qui allait redonner vie à de nombreux monstres dans les années 50 et 60.


Fiche du film

Affiche de Le Cauchemar de Dracula (1958)
Affiche de Le Cauchemar de Dracula (1958)
  • Genre : Epouvante, Horreur
  • Réalisateur(s) : Terence Fisher
  • Distribution : Peter Cushing, Christopher Lee, Michael Gough
  • Année de sortie : 1958
  • Synopsis : Jonathan Harker se rend dans les Carpates chez le comte Dracula qui l’a engagé comme bibliothécaire. Mordu par une femme-vampire, il devient vampire à son tour… (SensCritique)

Critique et Analyse

Christopher Lee dans Le Cauchemar de Dracula (1958)
Christopher Lee dans Le Cauchemar de Dracula (1958)

Si les studios de la Hammer Films Productions sont relativement discrets aujourd’hui, notamment après une très longue traversée du désert, ils connurent un véritable essor dans les années 50 et 60. Les films de monstres existent plus ou moins depuis toujours, mais ils connurent un premier âge d’or, dès les années 20 avec Lon Chaney notamment, puis juste après l’arrivée du cinéma parlant, avec les films dits des « Universal Monsters », tels que Frankenstein (1931), Dracula (1931), L’Homme invisible (1933), ou La Momie (1932), pour ne citer qu’eux. Des films qui ont marqué l’histoire du cinéma d’horreur avant que, de l’autre côté de l’Atlantique, les studios britanniques de la Hammer ne produisent à leur tour toute une série de films reprenant notamment la plupart des figures mythiques déjà mises en scène par la Universal vingt ans plus tôt.

« Le Cauchemar de Dracula présente forcément des similitudes avec le film de 1931, mais il s’avère plus baroque, spectaculaire, avec un rythme plus soutenu, se rapprochant davantage des films d’horreur modernes. »

Les films de la Hammer vont redéfinir les codes du genre et le faire rentrer dans une nouvelle ère, en couleurs, plus évocatrice, plus organique. Le Cauchemar de Dracula est certainement l’un des films les plus emblématiques de la Hammer, puisqu’il met en valeur l’un des « monstres » les plus célèbres de la culture populaire, mais aussi parce qu’il associe à l’écran deux des acteurs-phares des studios : Peter Cushing et Christopher Lee. C’est notamment le second qui est resté dans les mémoires, pour son incarnation du comte tout en élégance mais aussi en brutalité, dans la digne lignée de Béla Lugosi. Le Cauchemar de Dracula présente forcément des similitudes avec le film de 1931, mais il s’avère plus baroque, spectaculaire, avec un rythme plus soutenu, se rapprochant davantage des films d’horreur modernes.

Peter Cushing dans Le Cauchemar de Dracula (1958)
Peter Cushing dans Le Cauchemar de Dracula (1958)

Le Cauchemar de Dracula est plus évocateur, avec une violence plus visuelle, où la suggestion laisse place à l’action. Cela n’empêche cependant pas une bonne gestion du mystère dans le film, Dracula étant certes très présent au début du film, avant de disparaître pendant une importante partie de ce dernier, sa présence d’abord physique devenant fantomatique, dans une évocation de son emprise sur les autres, le véritable fléau dont le vampire est l’origine. Cela laisse alors plus de place au personnage de Van Helsing, ici chasseur de vampires émérite, seul espoir de lutter contre le pouvoir incontrôlable de Dracula. Sous les traits de Peter Cushing, le personnage s’avère très intéressant à suivre, parvenant à être charismatique et convaincant, créant chez le spectateur une véritable attente dans la perspective d’une confrontation entre Van Helsing et le vampire.

Le Cauchemar de Dracula est une très belle illustration de ce nouveau cinéma dit « de genre », de ces productions bis, ou dites de Série B, aux moyens souvent modestes, mais qui donnent à ces œuvres un véritable cachet. Car c’est un film surtout bien écrit et ficelé, qui sait tenir le spectateur en haleine, et avec un duo d’acteurs principaux marquant, offrant une très belle opposition à l’écran. 

Note et avis

En résumé

Figurant parmi les adaptations les plus célèbres de l’histoire du vampire, Le Cauchemar de Dracula entretient le mystère mais cherche davantage l’action que le film de 1931. Une approche différente, plus baroque, avec, notamment, un Peter Cushing qui fait un très bon Van Helsing, et, bien sûr, Christopher Lee inoubliable en Dracula.

Note globale
7/10
7/10

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

1 réflexion sur “Le Cauchemar de Dracula (Terence Fisher, 1958) – Critique & Analyse

  • Très belle chronique sur ce Dracula haut en couleur dont j’ai louer les mérites récemment. Tu évoques à juste titre les acteurs emblématiques et la réalisation enlevée de Fisher. On pourra aussi y voir une dimension sensuelle, voire sexuelle, plus largement visible, et un trouble jeu sur le partage du Bien et du Mal assez savoureux et inédit jusqu’alors.

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