Années 1890 - 1920CritiquesPatrimoine / AutresUne année, un film

Cabiria, Giovanni Pastrone, 1914 : Blockbuster avant l’heure

Affiche de Cabiria (1914)
Affiche de Cabiria (1914)

« Une année, un film » : Cabiria, réalisé par Giovanni Pastrone, et sorti le 18 avril 1914.

M’étant déjà intéressé à l’histoire du cinéma, j’ai par le passé eu l’occasion de visionner les tout premiers films jamais réalisés, notamment les films expérimentaux des frères Lumière à la fin du XIXe siècle, et les premiers court-métrages de Méliès au début des années 1900. Cependant, ma culture du cinéma muet restait très limitée, n’ayant vu que quelques films des années 1920, époque où le cinéma avait déjà bien évolué. Les années 1910 semblaient alors au premier abord n’être pour moi qu’une époque de transition qui a mené des petits court-métrages aux réalisations plus poussées des années 1920. Pour commencer mon petit voyage dans l’histoire du cinéma, j’ai choisi Cabiria, film épique réalisé par Giovanni Pastrone, sorti en 1914.

Cabiria (1914)
Cabiria (1914)

J’avais lu de bons avis sur ce film, considéré comme précurseur, et fondateur sur de nombreux points. J’ai donc voulu me pencher un peu plus sur ce cas. Je sors de deux heures de visionnage, et je dois dire que je ne les ai pas vues passer. Ce n’est pas toujours facile de se poser et se lancer dans le visionnage d’un film muet quand on n’en a pas l’habitude, on a peur de s’ennuyer ou de ne pas entrer correctement dans le film. Pourtant, dans le cas de Cabiria, c’est passé tout seul. L’intrigue se déroule lors de la seconde guerre punique, lorsque Hannibal mène sa campagne à l’assaut de Rome, et que les romains décident d’attaquer Carthage. Cabiria est la fille du roi d’une ville de Sicile, qui mène une vie paisible dans une ville fastueuse. Tout va changer lorsqu’une éruption de l’Etna sème le chaos dans la ville et la détruit. Le roi et la reine survivent, mais la petite Cabiria a été séparée d’eux, emportée par la gouvernante qui l’a emmenée avec elle pour la sauver de la destruction. Croessa, la gouvernante, et Cabiria, débarquent à Carthage, où le Haut Prêtre va la choisir pour la sacrifier, en offrande au dieu Moloch. Croessa va faire la rencontre d’un espion romain, Fulvius Axilla, ainsi que de son serviteur Maciste, qui vont l’aider à secourir Cabiria.

Cabiria (1914)
Cabiria (1914)

Ce film est l’un des premier péplums de l’histoire, ancêtre d’une lignée de films qui va faire les grandes heures d’Hollywood. Et pourtant nous sommes ici en Italie, berceau des films épiques, comme Quo Vadis? de 1912 ou Les derniers jours de Pompéi de 1913. Si ce film est autant reconnu, c’est pour son influence et ce qu’il a apporté comme héritage. En effet, quand on le voit, on peine à se dire que ce film est sorti en 1914. C’est l’un des premiers films à gros budget de l’histoire et ça se voit. Les décors sont magnifiques et variés, le rythme est parfaitement maîtrisé, avec des scènes qui s’enchaînent bien (alternance des scènes sur Fulvius/Maciste et Sophonisba par exemple), donnant un résultat vraiment moderne sur ce point. On se prend également rapidement de sympathie pour le duo Fulvius/Maciste dont on apprécie de suivre les péripéties héroïques. Un détail qui change également la donne, c’est l’utilisation du travelling, procédé tout nouveau qui surprend quand on le voit utilisé dans un film aussi ancien.

Cabiria (1914)
Cabiria (1914)

Il y a beaucoup de choses à dire sur ce film. J’avoue que j’avais un peu peur de me lancer dans le visionnage de films muets (bien que j’aie adoré Metropolis), mais je ne me suis pas ennuyé une seconde devant ce film. Ce qui fait sa force, c’est son côté très moderne, lui permettant de ne pas être trop dépassé à travers le temps, et lui assurant une pérennité à travers les époques. C’est un film accessible à tous, et que je conseille vivement à ceux qui veulent s’initier au cinéma muet.

Note : 9/10.

Le film en intégralité sur Youtube

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.