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The Swimmer (Frank Perry, 1968) – Critique & Analyse

Un été aux couleurs déjà automnales, une musique à la mélodie mélancolique qui nous emporte instantanément, puis la grâce du nageur léger et puissant qui effectue des longueurs alors que l’eau ruisselle sur lui. Les prémisses d’un tableau déjà mythique, voire mythologique, que l’on va parcourir dans The Swimmer.


Fiche du film

Affiche de The Swimmer (1968)
Affiche de The Swimmer (1968)
  • Genre : Drame
  • Réalisateur(s) : Frank Perry
  • Distribution : Burt Lancaster, Janet Landgard, Janice Rule
  • Année de sortie : 1968
  • Synopsis : Dans un quartier huppé du Connecticut où il a passé ses vacances d’été, Ned Merrill se met en tête de rentrer chez lui à la nage, en empruntant chaque piscine se trouvant sur son chemin. Ce parcours se transforme alors pour lui en un véritable voyage initiatique fait de rencontres et d’expériences. (SensCritique)

Critique et Analyse

The Swimmer (1968)
The Swimmer (1968)

1968, c’est une année située dans une époque pleine de changements, des changements culturels, sociaux, marquant une rupture entre les vieilles traditions et élans libertaires, qui va se matérialiser dans le cinéma américain avec l’avènement du Nouvel Hollywood. En 1968, Burt Lancaster a 55 ans, et il se présente à nous dans une forme olympique, vêtu d’un simple maillot de bain avec lequel il vient rendre visite à des personnes semblant être des voisins plus ou moins proches et surtout de vieilles connaissances ravies de le revoir. Ici, tout le monde semble admirer Ned (Burt Lancaster), qui décide de rentrer chez lui en faisant une longueur dans chaque piscine qui le sépare de chez lui. Un étrange projet, dont on se demande quel est le vrai intérêt, mais qui va s’avérer riche en découvertes et en bouleversements.

« The Swimmer va confronter fantasme et réalité, transformant le rêve au cauchemar au fur et à mesure que Ned se retrouve dans un décalage toujours plus important avec le monde qui l’entoure, qui semble s’effriter à vue d’oeil. »

The Swimmer nous fait découvrir une société aisée, avec des familles vivant dans de vastes demeures, agrémentées de piscines, autour desquelles on aime se montrer en souriant en permanence. Toujours accueilli comme un roi, Ned semble loin d’être étranger à ce monde. Pourtant, plus il avance dans son périple, moins les choses semblent évidentes et joyeuses. Faisant la course avec un cheval, courant dans la nature au ralenti avec une jeune femme, rencontrant sans cesse des personnes ravies de le retrouver, Ned évolue dans un monde joyeux et opulent. Mais, progressivement, il va se retrouver confronté à la solitude, dans un monde de moins en moins fantasmé, et de plus en plus hostile envers lui. The Swimmer va confronter fantasme et réalité, transformant le rêve au cauchemar au fur et à mesure que Ned se retrouve dans un décalage toujours plus important avec le monde qui l’entoure, qui semble s’effriter à vue d’œil.

The Swimmer (1968)
The Swimmer (1968)

The Swimmer est un film surprenant, basant son intrigue sur un étrange projet, semblant quelque peu stagner alors que Ned discute longuement avec ses hôtes. Mais tout finit par prendre son sens dans un second temps, le film se mettant lui-même en perspective, donnant l’impression que ce que nous voyions au début n’était qu’un rêve, aboutissant vers un progressif « réveil » de Ned. Il rêve de cette société, de cette reconnaissance et de cette popularité qu’on témoigne à son égard, jusqu’à percevoir l’inéluctable réalité où il n’est en réalité plus qu’un fantôme, un paria que tout le monde rejette. Vêtu d’un simple maillot de bain, il parait aussi comme dépossédé au milieu de cette population toujours chic et à la mode, n’ayant plus rien à donner et devant compter sur la générosité des autres pour s’en sortir.

Etonnant, The Swimmer est surtout un film qui s’avère vertigineux, plus on y réfléchit et plus on y pense. Beaucoup moins frontal qu’il semblerait l’être, c’est un film qui multiplie les allégories, offrant au spectateur nombre de pistes de réflexion et d’interprétations possibles pour tenter de saisir l’essence du film. Vision d’une société décadente, de la chute du rêve américain, porte d’entrée vers le Nouvel Hollywood, vers un cinéma qui n’hésite pas à égratigner ses vieilles icônes (superbe Burt Lancaster ici bouleversant et à fleur de peau), The Swimmer est un grand film qui s’apprécie notamment sur la durée, donnant simplement envie de le relancer une fois terminé, pour l’explorer plus en profondeur et effectuer une nouvelle longueur dans cette piscine où flottent souvenirs, rêves, espoirs et mélancolie.

Note et avis

En résumé

Des origines du rêve américain, jusqu’à son apogée, puis sa chute. The Swimmer offre un remarquable parcours sur les traces d’une vie et d’une société faite de mensonges et d’idéaux pompeux. La bande originale est superbe, tout comme Burt Lancaster, magnifique et émouvant.

Note globale
8.5/10
8.5/10

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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