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Snowpiercer (Bong Joon-ho, 2013) ★★★½ : Quand l’humanité déraille

L’actualité de Bong Joon-ho a été des plus riches cette année, avec une Palme d’Or obtenue et bien méritée grâce à son dernier long-métrage, Parasite. Pour le cinéaste sud-coréen, ce nouveau film signait, quelque part, un retour aux sources, autant dans ses thématiques que dans son pays natal. En effet, il venait, deux ans auparavant, de réaliser Okja avec Netflix, et, encore avant, Snowpiercer, adaptation de la bande-dessinée qui représentait la première participation du cinéaste dans une production internationale.


Fiche du film

Affiche de Snowpiercer (2013)
Affiche de Snowpiercer (2013)
  • Genre : Action, Science-fiction
  • Réalisateur : Bong Joon-ho
  • Année de sortie : 2013
  • Distribution : Chris Evans, Song Kang-ho, Tilda Swinton
  • Synopsis : 2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les derniers survivants ont pris place à bord d’un train condamné à tourner autour de la Terre sans s’arrêter. (SensCritique)

Critique et Analyse

Snowpiercer (2013)
Snowpiercer (2013)

La science-fiction n’est pas une nouveauté pour Bong Joon-ho lorsqu’il réalise Snowpiercer, puisqu’il avait déjà exploré le genre dans The Host, où la population était en proie aux attaques d’une créature mystérieuse née du rejet de déchets toxiques et radioactifs. Ici, le cadre est différent, nous plongeant dans un monde post-apocalyptique, où la Terre est devenue invivable à cause de la projection de gaz dans l’atmosphère, supposés lutter contre le réchauffement climatique et provoquant une nouvelle ère glaciaire, au point de détruire toute forme de vie. Les derniers survivants vivent à bord d’un train qui roule continuellement. Ce train, très long, est divisé en de nombreux wagons qui séparent les différentes strates de la société, des plus pauvres aux plus aisés.

« Snowpiercer est un curieux mélange entre les cinémas américain et sud-coréen, avec le côté blockbuster et le casting quatre étoiles du premier, et des thématiques et une esthétique souvent associées au second. »

Dès l’intention du film, la critique et la satire sociale se dessinent. Sujet souvent présent dans le cinéma coréen contemporain, la lutte des classes est même au cœur même de Snowpiercer. Le train et sa division en wagons propose une vision symbolique de cette séparation et de cette lutte, avec les plus pauvres à l’arrière du train, et les plus aisés à l’avant. Une vision pas si décorrélée d’une réalité passée et présente, avec les différentes classes proposées à la vente dans les différents moyens de transport existants, dont le train. Ici, elle atteint des sommets de tension et de violence, avec cette lutte pour la survie dans un monde où la vie semble condamnée. Snowpiercer est un curieux mélange entre les cinémas américain et sud-coréen, avec le côté blockbuster et le casting quatre étoiles du premier, et des thématiques et une esthétique souvent associées au second.

Snowpiercer (2013)
Snowpiercer (2013)

Si Snowpiercer a sans aucun doute contribué à développer la renommée internationale de Bong Joon-ho, il n’est pas non plus, à mes yeux, son plus grand coup d’éclat. Le cadre dans lequel se déroule le film offre un défi car il confine tous les éléments du film entre les différentes parois du train. Il faut, alors, réussir à partir de cette base pour étendre la vision proposée, projeter les différentes réflexions sur les thématiques du film hors du train lui-même, tout en exploitant la sensation de confinement qui catalyse le climat de tension ici créé. Et c’est notamment sur ce point que le film s’illustre, grâce à un rythme basé sur des scènes d’action très fortes, où le talent de mise en scène du cinéaste s’exprime pleinement pour ajouter aux discours les gestes et mieux frapper le spectateur.

Avec Snowpiercer, Bong Joon-ho exploite bien le matériau de base, qui lui permet de développer des thématiques récurrentes dans son cinéma, tout en s’exportant et en s’essayant à un cinéma plus grand public et spectaculaire. Il n’a peut-être pas la puissance et la finesse de Memories of Murder et du futur Parasite, mais il se permet quelques coups d’éclat, et d’offrir une vision crue et sans concessions d’une humanité à l’agonie, n’hésitant pas à mélanger de l’horrible avec du grotesque, autre marque de fabrique des cinéastes sud-coréens.


Note et avis

3.5/5

Snowpiercer est un hybride intéressant entre cinéma à l’américaine et à la sud-coréenne, brillant principalement par ses scènes d’action qui le rythme.

Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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