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Hitcher (Robert Harmon, 1986) ★★★½ : Poursuite infernale

La route et ses mystères. Chemin construit par l’Homme et qui mène vers l’horizon, sentier des voyageurs qui dévorent les kilomètres pour atteindre leur prochaine destination, elle sera celle qui changera à jamais le destin du héros de Hitcher.


Fiche du film

Affiche de Hitcher (1986)
Affiche de Hitcher (1986)
  • Genre : Action, Thriller
  • Réalisateur : Robert Harmon
  • Distribution : Rutger Hauer, C. Thomas Howell, Jennifer Jason Leigh
  • Année de sortie : 1986
  • Synopsis : En route pour la Californie, un américain prend un auto-stoppeur s’avérant être un psychopathe. C’est le début d’un long voyage vers l’horreur. (SensCritique)

Critique et Analyse

The Hitcher (1986)
Hitcher (1986)

Jim est en route depuis des heures et pour des heures encore, au point de s’endormir au volant. Quand il finit par prendre en auto-stop un drôle de personnage, il ne sait pas encore ce qui l’attend. La mine inquiétante de Rutger Hauer pourrait lui mettre la puce à l’oreille, mais l’opportunité d’avoir de la compagnie l’emporte, alors qu’il a failli, à plusieurs reprises, être victime d’un grave accident à cause de la fatigue. En plein cœur des années 80, les « road movies » avaient déjà de beaux représentants, grâce aux libertaires Easy Rider et Point Limite Zéro, à l’angoissant Duel, au mélancolique Paris, Texas, ou aux furieux Mad Max. Des films aussi variés que réussis, ayant pour point commun et central la route. Car la route représente bien des choses, et elle peut créer de nombreuses symboliques, comme le montre Hitcher.

« Malgré ses allures de Série B, il est intéressant de voir comment Hitcher est capable de surpasser la simple lecture frontale et de générer d’intéressantes pistes de lecture grâce à son ambiance et à son intrigue bien ficelée. »

Malgré ses allures de Série B (ce que le film est également dans les faits), il est intéressant de voir comment Hitcher est capable de surpasser la simple lecture frontale et de générer d’intéressantes pistes de lecture grâce à son ambiance et à son intrigue bien ficelée. En effet, le film se présente comme un thriller où le héros est harcelé par un inconnu qui détruit son existence et dont il ne peut se débarrasser, sans qu’il en connaisse véritablement les motifs, hormis le fait qu’il s’agit d’un psychopathe. On se trouve alors dans la lignée du Duel de Steven Spielberg. Ici, cependant, l’ennemi a un visage. Identifiable, cet antagoniste a, cependant, dans sa résilience et son omniprésence, quelque chose de surhumain. Qu’il soit présent à l’écran ou non, son existence a des effets significatifs sur Jim, qui, d’un jeune homme sans histoires, se transforme en un hors-la-loi (malgré lui) endurci.

Hitcher (1986)
Hitcher (1986)

Avec une telle dynamique, et face à cette étrange alchimie qui relie Jim au tueur, on est tenté de voir, en ce dernier, une sorte d’alter ego de Jim. Une voix qui le pousse à la faute, illustrant les aspects négatifs de sa nature et, de manière plus large, les aspects négatifs de la nature humaine, sans cesse poussée vers l’illégalité. On pourrait presque imaginer que la rencontre entre Jim et le tueur a lieu après la mort de Jim, qui n’aurait pas su éviter un dernier accident, et qui se retrouverait projeté dans une sorte d’Enfer matérialisé par ces immenses contrées désertiques où l’on ne rencontre que la cruauté, l’injustice et la mort. Car, ici, l’amour et l’innocence sont les premières victimes de la folie des Hommes. Et Hitcher parvient à bien l’illustrer, en suivant un rythme relativement rapide, et en parvenant à créer une tension qui va crescendo, au gré de l’intrigue.

En se présentant sous la forme d’un road movie piochant principalement dans les codes du western, Hitcher réussit à être aussi divertissant que perturbant, stressant et prenant. Une Série B réussie qui bénéficie d’un bon scénario et, entre autres, d’un Rutger Hauer dont l’aura ne cesse de planer sur le film. Une virée infernale qui n’épargne personne, et dont la destination se situe droit en Enfer.


Note et avis

3.5/5

Hitcher est un thriller efficace, où la route est truffée de pièges et qui ramène sans cesse à ce personnage obscur joué par un Rutger Hauer toujours aussi charismatique, incarnant une sorte d’alter ego maléfique du héros le poussant sans cesse vers l’illégalité.

Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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