Simone, le voyage du siècle (Olivier Dahan, 2022) – Critique & Analyse
Le cinéma est certainement un art sans pareil lorsqu’il s’agit d’évoquer des souvenirs et de raconter des épopées. Notamment celle de Simone Veil, illustre femme qui aura marqué ces dernières décennies, et même un siècle entier, en portant ses idées et ses convictions jusqu’au bout.
Fiche du film
- Genre : Biopic, Drame, Historique
- Réalisateur(s) : Olivier Dahan
- Distribution : Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez, Judith Chemla
- Année de sortie : 2022
- Synopsis : Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité. (SensCritique)
Critique et Analyse
Le devoir de mémoire est une chose essentielle que le cinéma ne manque jamais de rappeler. Que ce fût Steven Spielberg et La Liste de Schindler, Abel Gance dès la fin de la Première Guerre Mondiale avec J’Accuse, ou, pour citer une sortie récente, un film comme Tirailleurs qui ravive la mémoire des tirailleurs sénégalais, et bien d’autres encore, il y a eu de nombreuses occasions et manières d’évoquer les douloureux souvenirs de notre Histoire pour ne pas que de telles choses se reproduisent. Avec Simone Veil comme personnage principal, Simone, le voyage du siècle a de quoi nous confronter aux grands combats de notre siècle, lesquels demeurent d’ailleurs toujours d’actualité.
« Simone, le voyage du siècle offre un regard éclairant et important sur les idées et combats essentiels portés par Simone Veil, rendant hommage à la femme qu’elle fut et à son immense héritage, à défaut de parvenir à être une œuvre marquante d’un point de vue cinématographique. »
Le matériau brut est donc d’une richesse unique tant la vie de cette femme fut intense, dure, et pleine de combats. L’enjeu d’un tel film est donc d’être capable de retranscrire tout cela, sans devoir trop se reposer sur ce dit matériau pour justifier sa légitimité. Un défi qu’Olivier Dahan peine hélas à relever pleinement avec son film. Simone, le voyage du siècle offre un regard éclairant et important sur les idées et combats essentiels portés par Simone Veil, rendant hommage à la femme qu’elle fut et à son immense héritage, à défaut de parvenir à être une œuvre marquante d’un point de vue cinématographique.
En effet, avec des manies de réalisation déjà bien éculées (flashbacks répétitifs, emploi excessif de la musique, recherche constante de la formule marquante, voix off très présente…), Simone, le voyage du siècle coche toutes les cases des poncifs du genre. Certains parti pris qui paraîtraient plus audacieux provoquent également de vilains effets, comme cette étrange séquence au début du film où Simone Veil affronte les invectives de ses pairs députés dans l’assemblée, avec ces gros plans et effets de surimpression, ou ces mouvements de caméra souvent injustifiés lors de certaines scènes. Le meilleur choix appliqué au film restera le choix d’une narration non-linéaire, désordonnée d’un point de vue chronologique, créant un enchevêtrement de souvenirs qui pourrait surprendre le spectateur, mais qui se justifie dans l’idée d’une exploration de ses propres souvenirs pour les réorganiser.
C’est donc plus grâce à Simone Veil qu’à la réalisation que Simone, le voyage du siècle peut s’avérer intéressant. Le film en lui-même manque donc l’éventuel objectif d’être une œuvre significative d’un point de vue cinématographique. Pour le reste, il va sans dire que la vie et les épreuves vécues par Simone Veil forcent l’admiration, et que les combats qu’elle a menés doivent continuer à l’être malgré sa disparition. Et cela passe par ce genre de film qui, au moins, peuvent aider à contribuer à ne pas oublier.