Les Vacances de Monsieur Hulot (Jacques Tati, 1953) ★★★★ : L’esprit de l’été
En ce début de mois de septembre, le temps semble plus être à la nostalgie qu’à la fête. Hormis quelques retardataires ou quelques stratèges, les vacances d’été tant attendues sont déjà passées. Trop vite, comme d’habitude. Mais ne nous résignons pas à laisser mourir l’esprit de l’été, et profitons encore d’une parenthèse ensoleillée grâce à Jacques Tati et aux Vacances de Monsieur Hulot.
Fiche du film
- Genre : Comédie
- Réalisateur : Jacques Tati
- Année de sortie : 1953
- Distribution : Jacques Tati, Louis Perrault, André Dubois
- Synopsis : Monsieur Hulot arrive en vacances dans un paisible hôtel familial au bord de la mer mais commence à enchainer les gaffes. (SensCritique)
Critique et Analyse
Dans ces années 50 où les stations balnéaires commencent à devenir les destinations privilégiées des vacanciers aisés, les plages de sable fin s’apprêtent à observer un étrange ballet de voitures et de touristes en quête de fraîcheur et de bon temps. Le soleil brille, les tenues sont légères, et les hôtels se remplissent quand, au loin, on entend un vacarme ponctué de bruits d’explosions. C’est la vieille voiture de l’original Monsieur Hulot, qui vient également profiter de ses vacances en bord de mer. Voilà qui tombe bien, car c’est avec lui que nous allons passer nos vacances, des vacances placées sous le signe de l’allégresse, de la maladresse et de la malice.
« Ne s’exprimant presque jamais, subissant les situations tout en parvenant à en être maître, étant au cœur de l’attention tout en étant en périphérie, Monsieur Hulot est comme une sorte de paradoxe dans ce microcosme. »
Monsieur Hulot, c’est ce grand bonhomme à la silhouette élancée et au visage enfantin, qui parle peu mais qui s’exprime beaucoup par la gestuelle. Jacques Tati, qui incarne justement Monsieur Hulot, joue les comiques burlesques, enchaînant les pitreries et les mésaventures comme le firent, quelques décennies auparavant, les génies Linder, Chaplin, Keaton et Lloyd, pour ne citer qu’eux. Ne s’exprimant presque jamais, subissant les situations tout en parvenant à en être maître, étant au cœur de l’attention tout en étant en périphérie, Monsieur Hulot est comme une sorte de paradoxe dans ce microcosme. Le choix de l’humour burlesque accompagné du mutisme du personnage permet d’exprimer les choses à travers les situations, de faire de Monsieur Hulot un observateur plus qu’un acteur, pour offrir un jugement objectif et décalé sur le petit monde des vacances.
Jacques Tati ne fait jamais preuve de malveillance dans son film. Il se moque, certes, mais toujours avec une sorte de bienveillance ou de douce malice. Il rit de ces vacances réglées au millimètre, de cette bourgeoisie qui se complaît dans son matérialisme et qui ne semble se fier qu’aux apparences. Il s’amuse de voir ce petit monde très sophistiqué et superficiel s’activer autour de lui, le grand gaillard qui ne se soucie de rien, qui n’a que faire de son image auprès des autres, qui fait les choses à sa manière, à l’image de sa vieille voiture dont il ne se détache pas. Monsieur Hulot incarne, quelque part, l’esprit des vacances. Il est spontané, insouciant, amusé et amusant, il représente ce petit grain de folie qui fait le charme des vacances, qui forge nos souvenirs. Car, en une heure et demie à peine, Les Vacances de Monsieur Hulot nous replonge dans cette ambiance, où brille le soleil, où l’on entend les enfants jouer au loin et où l’on entend le ressac, pour, grâce à sa simplicité et à sa beauté, nous ramener, à notre tour, en vacances.
Les Vacances de Monsieur Hulot offre un véritable moment de poésie aux accents burlesques qui sent bon l’air marin et l’été. Les rires sont nombreux, grâce des gags bien dosés et pensés, accentuant le sentiment d’allégresse chez le spectateur, qui profite déjà de cette atmosphère estivale. Une douceur innocente se dégage de ce film qui ne manque pas de faire preuve de malice à l’égard de tous ces vacanciers aux mœurs souvent superficielles.
Note et avis
4/5
Les Vacances de Monsieur Hulot offre un très beau moment de poésie burlesque et estival, malicieux mais jamais malveillant.