Festival de Cannes 2019Quotidien & Bonus

CANNES 2019 – Jour 11 – L’idole

Aujourd’hui, c’est le dernier véritable jour de compétition à Cannes, puisque, demain, aura lieu la traditionnelle reprise, suivie de la cérémonie de clôture. Déjà, c’est passé si vite. Au programme, ce matin : Le Traître, de Marco Bellocchio, à 8h30, et, surtout, l’espoir de voir Sylvester Stallone cet après-midi !

Pierfrancesco Favino dans Le Traître (2019)
Pierfrancesco Favino dans Le Traître (2019)

Le réveil, comme d’habitude, est réglé sur 5h45. Le temps d’ouvrir Twitter et de voir le réseau social de l’oiseau bleu s’enflammer sur Mektoub, My Love : Intermezzo, grosse attente du Festival qui s’est muée en un phénomène alliant indignation et fascination, certains criant au génie, beaucoup d’autres parlant de scandale et de honte. Pas de doute, Kechiche a encore frappé. C’est donc reparti pour la Salle du Soixantième, quelques échanges avec mon voisin de file d’attente, dont on est les tous premiers, et une nouvelle séance, la vingtième, également passée avec Jules qui souhaitait voir ce film malgré une courte nuit de trois heures, notamment à cause de Mektoub. Résultat : un bon film, intéressant, pas au point de viser la Palme d’or, mais avec de beaux atouts, notamment son acteur principal qui peut, lui, viser un prix.

Il est bientôt 11 heures, ce qui est parfait pour déjà partir faire la queue pour la Masterclass de Stallone, prévue (et avancée) à 14h en salle Debussy. Et je sais qu’il va y avoir du monde. J’arrive parmi les tous premiers, ce qui est parfait, et, en plus, le contact se fait bien avec les personnes à côté de moi. Par chance, Jules m’indique que Chris a réussi à avoir une invitation, et me propose donc de la récupérer. Je suis aux anges car ça me permettrait d’entrer parmi les premiers et d’avoir parmi les meilleures places. Je quitte donc la file, et, alors que Jules part au stand Cinéphiles en chercher une pour lui aussi, je demande quand même aux personnes qui gèrent les files si l’invitation permet bien de rentrer en premier. Comme d’habitude, j’ai droit à une réponse du style « j’en sais rien, je crois que oui. » Et j’ai beau demander à plusieurs personnes, ça ne change rien. Alors j’attends du côté des invitations quand même. Une heure passe, on a maintenant tous les deux une invitation, on est impatients. La queue où j’étais au début s’allonge grandement, j’espère que ça ira quand même. Evidemment, c’est là qu’ils commencent à installer des pancartes indiquant les files pour les invitations et, ô surprise (ou pas) la mienne n’est pas prioritaire ! Il faut faire la queue ailleurs !

Je le sentais venir : ceux qui sont quand même restés dans la file prioritaire avec les mêmes invitations que nous, y allant au culot, sont rentrés les premiers, quand tous les badgés sans invitation sont quand même rentrés avant nous. En somme, j’aurais mieux fait de rester où j’étais là, j’aurais bien gagné 200 places. Une nouvelles fois, le Festival témoigne d’une organisation assez chaotique et désastreuse, ce qui est malheureux quand on voit toute l’image de prestige qu’il se donne. J’avoue, j’ai un peu les nerfs. En plus, mon invitation « orchestre » me vaudra de monter sur le balcon, faute de place. Plus le temps, il faut foncer à la meilleure place possible. Il faut maintenant se dire que le plus important, c’est d’être dans la salle et de le voir, même de loin.

Après une brève attente, Thierry Frémaux monte sur scène et introduit Sylvester Stallone, qui entre sous les applaudissements et une puissante ovation ! Ce n’est ni plus ni moins qu’une de mes idoles qui est devant mes yeux, et je suis évidemment aux anges. Sylvester nous racontera maintes histoires autour de Rocky et Rambo, ses personnages fétiches, mais aussi de Copland, et d’autres de ses expériences, positives ou négatives, faisant toujours preuve d’une grande lucidité et d’une grande sincérité. Humble et touchant, Stallone se montre comme on l’imagine : modeste, sympathique, avec un grand cœur, quelqu’un de très inspirant qui sait trouver les mots pour nous toucher. La masterclass ne durera qu’une heure, mais c’est déjà énorme. Malgré le couac au niveau de l’organisation, qui m’énerve toujours un peu, j’ai réussi à aller à cette séance que je convoitais déjà depuis longtemps avant le Festival. Je peux le dire, ma Quinzaine est désormais réussie. C’était l’occasion d’une vie, celle de voir un de mes modèles en chair et en os, de vivre cet instant et de le garder avec moi pour toujours.

Légende. (Désolé pour la qualité honteuse des photos)
Légende. (Désolé pour la qualité honteuse des photos)

Normalement, ma journée devait être terminée, avec un petit tour au bar avec les amis le soir. Et puis je reçois un message de Manon qui me dit qu’elle a une invitation pour la séance spéciale de Rambo à 22h30. J’hésite, j’ai des doutes sur le fait que ma tenue passe ou non, mais, en vrai ça va. Alors je n’hésite plus, je dis oui, et en dix minutes à peine je me change à toute vitesse pour enfiler ma tenue de soirée et courir prendre mon train. Je les retrouve là bas, on rejoint la file d’attente, puis on progresse vers l’entrée, laquelle se situait au bout du tapis rouge pour nous, puisque nous étions en Balcon, et non en Orchestre. Nouvelle montée de marches donc, plus solennelle, car tout le monde est sur son 31, séance de gala oblige. L’occasion de redécouvrir la salle du Grand Théâtre Lumière, encore plus immense et vertigineuse vue du balcon. On voit alors l’écran qui affiche le tapis rouge, puis l’arrivée du patron, Sylvester Stallone, acclamé par la foule en délire. Après tout, pourquoi ne voir Sylvester qu’une fois quand on peut le voir deux fois ? S’ensuit un rapide échange entre lui et Thierry Frémaux, un très beau montage sur sa carrière, puis un premier teaser de Rambo V : Last Blood, très encourageant, avec un retour aux sources, plus crépusculaire, violent, sombre, et qui permet d’avoir de bons espoirs sur cet opus. Enfin, c’est l’heure de la séance, et l’occasion de redécouvrir Rambo, premier du nom, dans une copie restaurée qui donne l’impression de voir un film tout récent.

Ma première séance de gala, enfin !
Ma première séance de gala, enfin !

Après une très longue attente pour sortir du Palais, je retrouve les copains pour prendre un petit verre au bar avant de prendre le dernier bus pour Juan-les-Pins. Pas de doutes, ma quinzaine est réussie, et il ne reste plus qu’à s’offrir un dernier round demain, avec un nouveau visionnage d’Une Vie Cachée, dans de meilleures conditions, avec moins de fatigue, avant de profiter d’être encore (presque) tous ensemble pour prendre un dernier verre avant la fin.

J’en profite, d’ailleurs, pour vous proposer, à la veille de la cérémonie de clôture, mon palmarès personnel et mes prédictions concernant les résultats finaux :

Palmarès personnel :

PALME D’OR : PARASITE (Bong Joon-ho)

Grand Prix : Douleur et gloire (Pedro Almodóvar)

Prix du Jury : Matthias & Maxime (Xavier Dolan)

Prix de la mise en scène : Une Vie Cachée (Terrence Malick)

Prix du scénario : Bacurau (Juliano Dornelles & Kleber Mendonça Filho)

Prix d’interprétation féminine : Adèle Haenel et Noémie Merlant pour Portrait de la jeune fille en feu

Prix d’interprétation masculine : Pierfrancesco Favino pour Le Traître

Caméra d’or : Ladj Ly pour Les Misérables

Prédictions : 

PALME D’OR : DOULEUR ET GLOIRE (PEDRO ALMODOVAR)

Grand Prix : Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino)

Prix du Jury : Matthias & Maxime (Xavier Dolan)

Prix de la mise en scène : Une Vie Cachée (Terrence Malick)

Prix du scénario : Parasite (Bong Joon-ho)

Prix d’interprétation féminine : Adèle Haenel et Noémie Merlant pour Portrait de la jeune fille en feu

Prix d’interprétation masculine : Pierfrancesco Favino pour Le Traître

Caméra d’or : Ladj Ly pour Les Misérables

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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