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Cannes Express #4 – Burning (2018)

Retour sur les films que j’ai pu visionner à l’occasion du Festival de Cannes 2018. C’est au tour de Burning, film sud-coréen réalisé par Lee Chang-dong.


Fiche du film

Affiche de Burning (2018)
Affiche de Burning (2018)
  • Genre : Drame, Thriller
  • Réalisateur : Lee Chang-dong
  • Année de sortie : 2018
  • Casting : Yoo Ah-In, Steven Yeun, Jeon Jong-Seo
  • Synopsis : Lors d’une livraison, Jongsu, un jeune coursier, tombe par hasard sur Haemi, une jeune fille qui habitait auparavant son quartier. Elle lui demande de s’occuper de son chat pendant un voyage en Afrique. À son retour, Haemi lui présente Ben, un garçon mystérieux qu’elle a rencontré là-bas. Un jour, Ben leur révèle un bien étrange passe-temps…  (senscritique.com)

Critique et Analyse

Yoo Ah-In dans Burning (2018)
Yoo Ah-In dans Burning (2018)

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans la programmation m’a forcément sauté aux yeux et il me fallait découvrir ce film. On connait la capacité singulière des cinéastes sud-coréens à gérer les mélanges de genre, à varier les tons, tout en conservant une bonne harmonie dans l’ensemble du film. Burning ne fait pas exception, même s’il s’avère moins tranché que d’autres films similaires. Ici, la part belle est faite aux sous-entendus et aux non-dits, à la suggestion, pour faire comprendre des choses au spectateur sans, cependant, que les agissements des personnages ne valident toujours les hypothèses qui émergent dans notre tête.

« Avec Burning, le spectateur est vite exposé à un questionnement à même de tout remettre en cause : faut-il regarder ce film au premier ou au second degré ? »

Le triangle amoureux, s’il reste très classique, est pimenté par ce côté malsain qui empoisonne l’histoire. Chaque personnage a une façade qui semble inoffensive, mais ils ont tous une face cachée qui semble vouloir s’exprimer, mais qui ne le fait jamais réellement. Avec Burning, le spectateur est vite exposé à un questionnement à même de tout remettre en cause : faut-il regarder ce film au premier ou au second degré ? Car, il faut le dire, divers éléments scénaristiques, comme la manie de Ben qui consiste à brûler des serres en plastique, ne semblent se justifier que par l’invocation d’allégories visant à faire de récit plus une fable qu’une simple histoire de triangle amoureux. Toutefois, là où plein de questions se posent et où nombre de pistes s’amorcent, Burning demeure silencieux et indécis.

Yoo Ah-In dans Burning (2018)
Yoo Ah-In dans Burning (2018)

Il est difficile de savoir sur quel pied danser avec le film de Lee Chang-dong, pas dans le mauvais sens du terme, car on est happé par l’histoire, pris dans un suspense de plus en plus haletant, avec la sensation croissante que tout va exploser et que quelque chose d’important va se déclencher. Mais, dans ces quêtes de réponses, le spectateur risque d’être déçu. Comme beaucoup de ses compères, le cinéaste sud-coréen s’amuse à brouiller les pistes, à orienter et à désorienter le spectateur pour jouer avec lui et l’égarer pour de bon.

S’agit-il d’une maladresse qui témoigne de l’aspect incomplet du film, ou d’un redoutable tour de passe-passe que nous propose ici le réalisateur ? Impossible d’en avoir vraiment le cœur net, surtout que, sur la forme, le film est de haute volée, avec une très belle photographie et une très bonne mise en scène générale. La thèse du ratage semble donc s’éloigner mais, dans tous les cas, ce film me laisse sur un redoutable point d’interrogation, mais plus vis-à-vis de l’histoire que du film qui, sans aucun doute, ravira les amateurs de thrillers stressants dont je fais partie.


Note et avis

3.5/5

Dans la lignée des nombreux thrillers de haute facture que propose le cinéma sud-coréen, Burning s’amuse avec le spectateur, l’oriente et le désoriente, quitte à l’égarer pour de bon, mais c’est un parti pris qui fonctionne bien de manière générale.


Bande-annonce de Burning

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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