A travers l’orage, D. W. Griffith, 1920 : Tempête émotionnelle
« Une année, un film » : A travers l’orage, D.W. Griffith, 1920.
Après La naissance d’une nation en 1915 et Intolerance en 1916, D.W. Griffith s’attaque à un nouveau phénomène de société : l’inégalité homme/femmes et l’intervention de la religion dans l’encadrement des relations amoureuses et sexuelles.
A travers l’orage est un mélodrame de 2h30 (durée de la version que j’ai visionné, avec des scènes perdues mentionnées, et brièvement résumées à chaque fois) qui raconte la vie d’Anna. Anna est une jeune femme de famille modeste, qui vit seule avec sa mère. Celle-ci, en manque d’argent, va envoyer sa fille chez des cousins éloignés, à la situation plus aisée, afin de leur demander une aide financière. Mais ils ne sont guère enclins à l’aider, et Anna va rencontrer là-bas Lennox Sanderson, gentleman qui s’amuse à séduire les femmes qu’il rencontre et qui cumule les aventures amoureuses. Celui-ci va jeter son dévolu sur Anna, et ce n’est pas le début d’une idylle…
J’avoue, personnellement, avoir eu du mal à tenir le rythme du film, très lent, mais je ne jouerai pas les hypocrites et les médisants en le jugeant ainsi. C’est un film dur, succession de mésaventures et de désillusions. Griffith se range ici du côté des femmes, auxquelles le traitement réservé est bien différent que celui qui est réservé aux hommes. En effet les Etats-Unis est un pays où la religion est très influente, et c’était encore plus le cas à l’époque. La thèse de Griffith s’appuie sur le fait que l’homme est fait pour avoir différentes conquêtes dans sa vie, conséquence de son instinct de reproduction naturel, et que la femme n’est faite pour n’avoir qu’un seul homme dans sa vie. Une idée qu’il cherche ici à bouleverser en racontant cette histoire.
Griffith décide donc de nous délivrer une histoire d’amour mettant en scène une femme jeune et pleine d’espoir, qui va être bernée et bafouée, et va devoir poursuivre son existence avec ce fardeau, quand celui qui l’a bernée ne sera quant à lui, pas inquiété. Griffith a mis de côté les moyens colossaux alloués à certaines de ses réalisations passées, pour restituer une œuvre plus modeste, au message pourtant bien transmis et à l’efficacité indéniable. Le réalisateur a de nouveau fait appel à Lillian Gish, parfaite beauté triste, qui nous fait vivre tous ses tourments à travers l’histoire. Le reste du casting est également tout à fait à la hauteur, avec notamment des retrouvailles avec Richard Barthelmess, grimé en chinois dans Le Lys Brisé, déjà devant les caméras de Griffith et face à Lillian Gish, un an plus tôt.
Pour ma part, je dois avouer avoir quelque peu peiné lors du visionnage du film (il faut s’habituer au rythme des films d’époque au préalable), mais après coup, j’en tire un bon souvenir et je le conseille à ceux qui seraient intéressés. Par contre, évitez de regarder ça quand vous êtes déprimé !
Note : 7,5/10.
Le film en intégralité sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=gxUO31IPlkQ