À la poursuite d’Octobre rouge (John McTiernan, 1990) : Les machines de guerre
Si John McTiernan a disparu des radars depuis bien (trop) longtemps, il fut un cinéaste emblématique du cinéma d’action dans les années 80 et 90. De Die Hard à Predator, en passant par Last Action Hero, ses films sont entrés dans la postérité, autant en tant que bons voire très bon divertissements, que comme films de qualité. C’est aussi le cas d’À la poursuite d’Octobre rouge, qui nous ramène dans les heures sombres de la Guerre Froide, pour une plongée en eaux troubles.
Fiche du film
- Genre : Action, Drame, Thriller
- Réalisateur(s) : John McTiernan
- Distribution : Sean Connery, Alec Baldwin, Scott Glenn
- Année de sortie : 1990
- Synopsis : En 1984, l’URSS lance un sous-marin de conception révolutionnaire. Tous les services secrets américains sont sur les dents. (SensCritique)
Critique et Analyse
Le film s’ouvre dans la froideur de l’Océan Arctique, quelque part au large des côtes russes. Dans cette grisaille léthargique où souffle un vent glacial, se joue un véritable tournant de la guerre. En rentrant dans son sous-marin, le Capitaine Marko Ramius embarquait pour une mission pas comme les autres. A bord de l’Octobre rouge, nouveau fleuron de la flotte soviétique, se trouve un équipement dernier cri, capable de permettre au sous-marin de se mouvoir sans être repéré. Fidèle officier de la flotte soviétique, le Capitaine Ramius a le privilège de mener les essais de cette nouvelle machine de guerre. Mais certaines choses laissent planer le doute, et font penser que Ramius a ses propres plans en tête. Pour Jack Ryan, analyste à la CIA, il est plus qu’envisageable que Ramius souhaite passer à l’Ouest. Il faudra, cependant, convaincre les américains du bien-fondé de cette théorie. Démarre alors une partie d’échecs à hauts risques.
« À l’image de la Guerre Froide, tout se joue en secret et en silence dans À la poursuite d’Octobre rouge, sous la surface de la mer, dans des couloirs exigus, où la technologie grouille, comme dans une synthèse de ce que fut ce conflit. »
En 1990, la Guerre Froide est en passe de s’achever. Dans un an, le bloc soviétique va s’effondrer, l’URSS va se disloquer, mettant un terme, officiellement, à ce conflit latent et silencieux qui opposait soviétiques et américains depuis plus de quarante ans. C’est dans ce contexte qu’est sorti À la poursuite d’Octobre rouge, adaptation du roman Octobre rouge de Tom Clancy, sorti six ans auparavant. Si le traitement de la Guerre Froide par le médium cinématographique n’a alors rien de nouveau, celui ici proposé par John McTiernan présente de multiples intérêts. C’est, tout d’abord, l’illustration d’une fin. C’est la mise en place d’une atmosphère crépusculaire qui se manifeste dès les premiers instants, mettant en lumière la torpeur dans laquelle s’est enlisé ce conflit qui semble ne jamais trouver une issue, mais dont la fin semble proche. Mais, surtout, à l’image de la Guerre Froide, tout se joue en secret et en silence dans À la poursuite d’Octobre rouge, sous la surface de la mer, dans des couloirs exigus, où la technologie grouille, comme dans une synthèse de ce que fut ce conflit.
John McTiernan nous immerge (autant au sens propre que figuré) dans ces microcosmes sous-marins, comprimant la tension dans ces espaces réduits pour faire grimper la pression. Le film nous permet de nous approprier l’espace, de faire partie de l’équipage, et d’être, malgré nos certitudes d’observateurs omniscients, en proie au doute et aux questionnements. Quelles sont les réelles motivations du Capitaine ? A quelles fins mène-t-il cette manœuvre ? Qu’en est-il de son équipage ? C’est, quelque part, une forme de paranoïa qui s’installe, cette même paranoïa qui fut une composante majeure de cette longue guerre aux multiples aspects. Des aspects parmi lesquels l’aspect technologique fut essentiel pour développer la rivalité entre les deux blocs, et qui s’exprime ici particulièrement dans un espace où tout n’est justement que technologie, comme dans de grands vaisseaux spatiaux. Cette technologie, oeuvre de l’Homme, continue d’être développée à de mauvaises fins et, surtout, elle le dépasse. Les « oreilles d’or » écoutent, mais elles n’arrivent plus à percevoir correctement le signal d’un sous-marin. L’Homme a berné l’Homme. Et face à cette peur d’une recrudescence de la violence et d’un dépassement définitif, seules des réactions humaines peuvent mener au salut.
C’est l’image d’une fin, celle de la Guerre Froide, symbolisée par la dissidence de ce capitaine lituanien, signe d’un bloc soviétique qui commence à se morceler, et aussi, la crainte de la fin de l’humanité. Efficace et bien mené, À la poursuite d’Octobre rouge réussit là où on l’attend. Avec son casting riche en têtes familières, il nous fait évoluer dans un environnement inhabituel, dans un contexte où la tension est permanente et met les personnages sous pression. Le cinéaste poursuit ses expérimentations en enfermant le spectateur dans espaces toujours plus petits, passant de la forêt primitive de Predator, à la tour de Piège de Cristal et, enfin, aux sous-marins d’À la poursuite d’Octobre rouge. Prenez une grande inspiration, et plongez !
En résumé
Résumé
John McTiernan est toujours au rendez-vous avec À la poursuite d’Octobre rouge, l’un de ses films les plus célèbres, une immersion dans les rouages de la Guerre Froide en compagnie d’un casting de haut vol.
Bon film en effet, ça se regarde bien.