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Les Ailes (William A. Wellman, 1927) – Critique & Analyse

Le cinéma américain de la fin des années 20 ne manquait pas d’ambition. Au contraire, tout semblait permis à cette époque où les majors américains ont révolutionné la manière de faire des films, développant le star power et de nombreuses composantes du cinéma moderne. Mais, en 1927, c’est la Paramount qui marque les esprits avec Les Ailes, qui deviendra, en 1929, le premier récipiendaire de l’Oscar du meilleur film.


Fiche du film

Affiche de Les Ailes (1927)
Affiche de Les Ailes (1927)
  • Genre : Drame, Guerre
  • Réalisateur(s) : William A. Wellman
  • Distribution : Clara Bow, Charles ‘Buddy’ Rogers, Richard Arlen, Jobyna Ralston, Gary Cooper
  • Année de sortie : 1927
  • Synopsis : Deux jeunes pilotes amoureux de la même femme s’engagent dans l’armée de l’air durant la Première Guerre mondiale. (SensCritique)

Critique et Analyse

Clara Bow dans Les Ailes (1927)
Clara Bow dans Les Ailes (1927)

En 1927, Charles Lindbergh réalise la première traversée en solitaire de l’Atlantique. Une époque de pionniers, où l’on réalise les premiers exploits, et où beaucoup restent encore à réaliser. Dix ans auparavant, les avions avaient fait monter la guerre jusqu’au ciel, pour qu’émergent les premiers héros des airs. C’est d’ailleurs ce qui sert d’introduction au film, qui nous replonge ainsi en pleine Première Guerre Mondiale. Il y a d’abord la rencontre avec les protagonistes du film, que ce soit Jack l’extravagant, David, plus réservé et issu d’une famille aisée, Mary la pétillante qui n’a d’yeux que pour Jack, et Sylvia, qui est éprise de David. Comme beaucoup de films à succès de l’époque, l’intrigue va être axée autour d’un triangle, voire, ici, d’un « carré » amoureux, qui va devoir affronter les épreuves de la Grande Guerre, à laquelle sont appelés Jack et David.

« Impressionnant lors des scènes d’action dans les airs, Les Ailes brille particulièrement grâce à ses prouesses techniques, qui témoignent de l’ambition derrière le film, qui se présente comme une superproduction, montrant le chemin à bien d’autres films à succès sortis ultérieurement. »

On apprend à les connaître, on assiste à leur formation, avec cet entrain naturel et innocent, guidé par la quête de défi pour l’un, et par le sens de l’honneur et la fierté de la famille pour l’autre. Toujours présentée comme une menace grandissante et paraissant inévitable, la guerre met du temps à arriver à l’écran, mais lorsqu’elle arrive, le baptême du feu s’avère violent et non sans casse. Jusqu’ici dans une phase plutôt introductive, teintée d’innocence, où l’on découvre les personnages et leur environnement, le film prend une toute autre dimension lorsqu’il nous fait voltiger dans les airs. Impressionnant lors des scènes d’action dans les airs, Les Ailes brille particulièrement grâce à ses prouesses techniques, qui témoignent de l’ambition derrière le film, qui se présente comme une superproduction, montrant le chemin à bien d’autres films à succès sortis ultérieurement.

Les Ailes (1927)
Les Ailes (1927)

Il est en effet impressionnant de découvrir ces scènes qui nous font monter à bord d’avions de chasse grâce à des caméras embarquées à bord. Technique inédite dans un tel film, elle nous permet d’assister à des plans remarquables et à de véritables prouesses, à une époque où il fallait tourner ces scènes pour de vrai, loin d’un temps où le recours aux effets numériques peut s’avérer, parfois, d’une grande assistance. Il est certain que le passé de pilote de William A. Wellman, le réalisateur, a favorisé la mise en place de tels dispositifs pour retranscrire la réalité des combats aériens. Un travail immense sur la forme, qui ne doit pas faire oublier que, malgré l’aspect plus classique de son intrigue, Les Ailes reste un film cherchant à raconter les conséquences de la Première Guerre Mondiale, et les ravages de la guerre en général. Le film offre ainsi la vision d’un monde qui se détruit, de soldats qui se font la guerre et s’entretuent alors que leurs différences résident dans l’appartenance à une nation, et le sacrifice de toute une génération qui ne rêvait que de vivre. Et la séquence des Folies-Bergère, avec ce travelling mémorable, est certainement ce qui l’illustre le mieux, préfigurant presque la future Prohibition et les problèmes d’alcool dans la société après la guerre.

Les Ailes a tout du blockbuster, même si le terme est encore loin d’exister. Un film à l’histoire relativement classique, aux personnages aussi assez caractéristiques, mais la qualité de tous ces éléments en font un film qui a su faire date dans l’histoire du cinéma. Clara Bow, la It-Girl à la carrière tumultueuse, rayonne dans ce film, volant la vedette à ses deux co-têtes d’affiche masculines. Wellman, dont la carrière réserve encore un grand nombre de grands films, propose une réalisation de grande qualité et moderne, avec ces nombreux mouvements de caméra et travellings qui dynamisent le film et ne paraissent jamais superflu. Enfin, les scènes de combats au sol demeurent impressionnantes avec ces très nombreux figurants, et le film ne nous épargne pas en termes de violence visuelle. Un film qui a su faire date dans l’histoire du cinéma, à raison.

Note et avis
En résumé
Les Ailes impressionne par les prouesses techniques dont il fait preuve au niveau de la réalisation, notamment avec ces caméras embarquées en avion. Un film plus classique au niveau de son histoire et de ses personnages, mais cela ne l'empêche pas d'adresser des messages efficaces sur l'horreur de la guerre et ses conséquences.
4
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

3 réflexions sur “Les Ailes (William A. Wellman, 1927) – Critique & Analyse

  • Superbe article Quentin !
    Et quelle chance tu as d’avoir pu découvrir ce film qui me fait fantasmer depuis très longtemps. J’ai une grande admiration pour la carrière et l’œuvre de William Wellman, et ce film fondateur est évidemment essentiel. Je crois qu’on y croise même brièvement un tout jeune Gary Cooper, pas encore devenu une star.
    Coincidence du 11 novembre, j’ai choisi moi aussi de mettre en lumière un film sur l’aviation, mais un peu plus récent : le Crépuscule des Aigles. Autant dire que Guillermin est sûrement allé chercher l’inspiration chez Wellman pour tourner ses séquences aériennes virtuoses.

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    • Merci !! Je l’ai pris à la location sur UniversCiné. :) Le timing, lui, était un peu calculé, je dois l’avouer !
      En effet Gary Cooper y fait une courte apparition mais remarquée !
      Les Ailes est un film fondateur à bien des égards en tout cas, c’est une certitude !

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  • Un premier Oscar du Meilleur Film amplement mérité. Les Ailes est un peu le Dunkerque de son époque, d’une audace visuelle révolutionnaire et intensément prenant !

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