Intolérance, D. W. Griffith, 1916 : Cruelle société
« Une année, un film » : Intolerance, réalisé par D.W. Griffith, et sorti le 5 septembre 1916.
Le titre de ce film parle de lui-même. Il explore quatre évènements qui ont été au cœur de faits d’intolérance : la chute de Babylone provoquée par la trahison des adeptes de Baal, la trahison des pharisiens qui mène à la dénonciation et à la crucifixion de Jésus Christ, le massacre de la Saint-Barthélémy et des Huguenots commandité par Catherine de Médicis, et l’intolérance face à l’immoralité et à la grève au début du XXe siècle. Le thème est donc très classique, et n’a rien de révolutionnaire. J’ai écrit cet article il y a quelques mois et me suis promis de visionner le film une seconde fois afin de mieux pousser mon analyse de ce monument du septième art.
Personnellement, j’ai du m’accrocher pour bien suivre et tenter d’entrer dans le film, ce que je n’ai jamais réellement réussi à faire, malheureusement. Ce n’est pas qu’il est mauvais, très loin de là, les moyens mis en œuvre sont colossaux, c’est l’une des premières grosses superproductions de l’histoire (1 750 000 dollars et 60 000 figurants, techniciens, ouvriers et acteurs quand même, ce n’est pas rien, c’est même gigantesque), et on le voit. Les décors sont magnifiques, la réalisation est moderne, et la bande son de la version que j’ai pu visionner est magnifique, avec une mention spéciale pour le thème principal qui est très puissant.
Ce qui m’a freiné, c’est la longue mise en place des histoires, certes nécessaire pour se repérer et comprendre, mais je me suis perdu dans la succession des époques et tous les personnages mis en cause. J’ai fini par recoller les morceaux peu à peu (puis je suis un petit fou j’ai regardé avec les textes en VO, ça ne m’a pas aidé non plus), mais j’avais sans cesse ce petit goût amer qui restait. D’un autre côté, c’est l’un des premiers films à utiliser le montage alterné à une si grande ampleur.
Néanmoins, comme je l’espérais, on débouche sur un final puissant mené tambour battant, avec le petit message philosophique classique et attendu, mais qui tombe bien quand l’Europe est alors plongée en pleine Première Guerre Mondiale. Il faut dire que toutes ces impressions sont dues au style de Griffith, très descriptif, détaillé et au rythme relativement lent, que l’on peut également retrouver dans A Travers l’Orage, sorti quatre ans plus tard. Un nouveau visionnage du film me paraît nécessaire pour vraiment l’apprécier à sa juste valeur.
Note : 8/10.
Le film en intégralité sur Youtube
Je me permets de te corriger mais Griffith n’utilise pas le montage alterné mais le montage parallèle ! La différence est que le montage alterné parle d’un même univers diègétique où les personnages convergent en un seul moment. Or, c’est impossible que Jésus rencontre un ouvrier gréviste à Babylone. ;)
En effet ! Ce sont bien deux choses différentes. Merci pour ce commentaire éclairé. ;)