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Frankenstein s’est échappé (Terence Fisher, 1957) – Critique & Analyse

Si les spectateurs se rappellent surtout des traits de Boris Karloff pour représenter la créature de Frankenstein au cinéma dans le film de 1931, la Hammer vint également adapter l’histoire de ce célèbre personnage en 1957 avec Frankenstein s’est échappé.


Fiche du film

Affiche de Frankenstein s'est échappé (1957)
Affiche de Frankenstein s’est échappé (1957)
  • Genre : Epouvante, Horreur
  • Réalisateur(s) : Terence Fisher
  • Distribution : Peter Cushing, Christopher Lee, Robert Urquhart
  • Année de sortie : 1957
  • Synopsis : En partant du corps d’un voleur, des mains d’un sculpteur et du cerveau d’un savant, le docteur Frankenstein veut créer un être humain personnifiant l’homme idéal. Mais il va donner vie à une créature monstrueuse doué d’une force surhumaine qui va semer la terreur autour de lui. (SensCritique)

Critique et Analyse

Robert Urquhart et Peter Cushing dans Frankenstein s'est échappé (1957)
Robert Urquhart et Peter Cushing dans Frankenstein s’est échappé (1957)

Alors que la Hammer bénéficiait d’un gain soudain d’intérêt de la part du public grâce au succès, notamment, de The Quatermass Xperiment (1955), son adaptation de l’histoire de la créature de Frankenstein allait constituer une nouvelle étape importante dans cette période faste. Ce sont ici les grands débuts de Christopher Lee, bénéficiant de sa haute stature pour incarner la créature, quand Peter Cushing, autre acteur-phare de la Hammer, hérite du rôle de Viktor Frankenstein. Les deux hommes, constituant sans doute le duo le plus emblématique de cette période de la Hammer, se retrouvent pour la première fois côte à côte dans une de leurs productions, marquant le début d’une collaboration mémorable à l’écran, constituant le ciment d’autres productions majeures de la Hammer, telles que Le Cauchemar de Dracula (1958).

« Frankenstein s’est échappé s’intéresse avant tout à la psychologie du docteur Frankenstein, racontant sa soif insatiable de découverte, nourrie par son esprit génial, mais l’empoisonnant aussi, le condamnant à ne jamais pouvoir maîtriser ses créations. »

Si le titre français du film est trompeur, puisque Frankenstein doit désigner le créateur et non la créature, il met bien en avant le nom du docteur, qui est bien le personnage principal du film. Celui-ci apparaît complètement dépossédé de ses biens et débraillé au début du film, pourrissant au fond d’un cachot, avant de nous entraîner dans un flashback qui couvrira la quasi-totalité du film, nous narrant son ascension et sa déchéance. On comprend que quelque chose de grave s’est passé, et ce retour dans le passé va nous permettre de connaître en profondeur ce personnage. Frankenstein s’est échappé s’intéresse avant tout à la psychologie du docteur Frankenstein, racontant sa soif insatiable de découverte, nourrie par son esprit génial, mais l’empoisonnant aussi, le condamnant à ne jamais pouvoir maîtriser ses créations.

Christopher Lee dans Frankenstein s'est échappé (1957)
Christopher Lee dans Frankenstein s’est échappé (1957)

La thématique est certes inhérente au roman original de Mary Shelley, mais elle s’inscrit dans une certaine continuité avec d’autres films de la Hammer. On retrouve justement cette fascination teintée de peur envers l’inconnu, et cette crainte de voir l’Homme dépassé par ses propres inventions, dans The Quatermass Xperiment, deux ans plus tôt. Ici, le créateur est toujours dépassé par sa créature. On pense, bien entendu, au docteur Frankenstein et à sa créature, qui échappe à son contrôle et qui ne s’avère pas aussi parfaite qu’il le pensait dans ses intentions, mais on pense aussi à Paul Krempe, le tuteur du jeune Viktor Frankenstein, qui lui inculqua tout son savoir, jusqu’à être dépassé par son propre disciple, qui échappe également à son contrôle. Ainsi, la créature en est une car elle a été créée de toutes pièces et n’est pas véritablement humaine, mais, quelque part, Frankenstein est lui-même à la fois créateur et créature, façonné par un esprit génial, perdant son humanité à cause de ses obsessions, et créant à son tour quelque chose qu’il veut parfait.

Le rapport que le spectateur développe envers les personnages de Frankenstein s’est échappé s’avère assez complexe, tiraillé entre compassion, peur et haine. La créature effraie et paraît violente de nature, mais elle n’est que la victime de sa propre condition. Le docteur rebute à cause de son machiavélisme, mais la folie qui l’a dépassé suscite une forme de pitié. Krempe, quant à lui, a le soutien du spectateur pour sa capacité à être plus raisonnable, mais il se montre comme un opposant dans la frénésie créatrice du docteur Frankenstein, qui éveille chez le spectateur une forme de curiosité malsaine. Avec Frankenstein s’est échappé, la Hammer propose une très bonne revisite de l’histoire de la créature de Frankenstein, faisant toujours preuve de modestie dans les moyens, mais les employant toujours à très bon escient. Avec de très bons acteurs, des décors qui parviennent toujours à créer une ambiance particulière, et la réalisation soignée de l’inénarrable Terence Fisher, Frankenstein s’est échappé se montre comme étant un incontournable en la matière.

Note et avis

En résumé

Revisite de l’histoire de la créature de Frankenstein par la Hammer, Frankenstein s’est échappé se focalise surtout sur la psychologie du docteur, racontant une histoire où les créateurs sont toujours dépassés par leurs créatures. Encore une franche réussite !

Note globale
7.5/10
7.5/10

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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