« Je n’ai rien compris au film, c’était nul. » : Doit-on tout comprendre au cinéma ?
Régulièrement, lorsque l’on demande leur avis à plusieurs personnes au sujet d’un film, on a l’occasion de se rendre compte des critères que chacune a tendance à plus mettre en avant que les autres lorsqu’elles considèrent la qualité d’un film. Parfois, c’est la réalisation, dans d’autres cas les acteurs, ou l’esthétique, le scénario, l’histoire… Les avis peuvent diverger sur l’approche mais converger sur la conclusion. Cependant, la phrase « je n’ai rien compris à ce film, je me suis ennuyé, c’était nul » a tendance à revenir assez souvent, et amène à s’interroger. Il est clair que, dit comme ça, un film sans vraie cohérence, à l’histoire décousue, peut facilement faire fuir. Pourtant, ce type de remarque est assez symptomatique d’une approche très instinctive et actuelle chez le spectateur, qui a souvent tendance à le faire regarder là où n’est pas forcément le réel intérêt d’un film, en se focalisant sur des éléments très logiques et rationnels. Avant de continuer, j’aimerais préciser que le but de cette chronique n’est pas de faire des généralités ni de dénigrer qui que ce soit. Elle est le simple fruit de constats, de réflexions, et aussi de remarques personnelles que j’ai pu me faire.
Ça veut dire quoi, « comprendre » un film ?
Tout d’abord, qu’est-ce que comprendre un film ? Que signifie cette question ? Que sous-entend ce verbe ? Dans le sens commun, on a tendance à dire que l’on a « compris » un film lorsque les pièces du puzzle se sont bien agencées, lorsque la trame du film est limpide, que l’histoire est claire à nos yeux et que le dénouement fait sens. On a compris ce que le film racontait. En soi, ce n’est pas erroné de penser de la sorte, cela paraît même tout à fait logique. Voire trop logique. On peut aussi voir, dans un film, d’autres choses à comprendre, qui ne figurent pas toujours dans les dialogues et dans les grandes lignes du film, mais bien ailleurs. Mais quelles choses me direz-vous ? Eh bien, il s’agit principalement d’éléments dépendant de l’intention du réalisateur, issus de son expérience ou du processus créatif du film, qui sont, eux aussi, des éléments de compréhension du film, car ils se rapportent directement au but pour lequel le film a été réalisé. Dès lors, la compréhension du film prend une autre forme, et cette manière de voir les choses permet de mettre en lumière la façon dont le spectateur d’aujourd’hui est conditionné lorsqu’il va voir un film.
Dans un monde où l’on a réponse à tout, ce que l’on veut, ce sont des réponses et de la logique
De nos jours, avec l’évolution de la science, l’importance de la logique et des mathématiques dans l’éducation, et la possibilité de trouver instantanément les réponses à nos questions dans le creux de nos mains, nous sommes habitués à ce que tout soit explicable et expliqué. On peut aimer un film complexe, piégeur, avec des retournements de situation, mais on l’aimera encore plus lorsque l’on aura été en mesure de deviner le dénouement en avance, ou de distinguer les ficelles tirées par le réalisateur du film (lequel n’hésite parfois pas à vendre la mèche lui-même). On appréciera un film moins complexe, parce que l’histoire nous a parlé et nous a fait voyager le temps d’une séance. On a envie de voir un film, parce que l’histoire a l’air intéressante. Mais, quand l’histoire est beaucoup plus succincte, ou décousue, alors notre cerveau rationnel va émettre des réticences qui vont soit nous faire fuir le film, soit nous pousser à nous obstiner à trouver des éléments de compréhension rationnels nous permettant de recoller les morceaux. Le spectateur vit alors une expérience douloureuse et décevante, il y perd beaucoup car il se retrouve distrait par des éléments qui semblent évidents et importants, mais qui n’étaient pas forcément ceux auxquels il fallait prêter attention.
Voyons, avec trois cas précis, issus de mes propres expériences et conversations passées, trois façons d’aborder différemment un film, en soulignant trois points : Le sens d’un film, le rôle du réalisateur, et la confusion habituelle entre histoire et scénario.
« Ce film n’a aucun sens, pas d’histoire, c’est vide et sans intérêt » – Un Chien Andalou (Luis Buñuel, 1929)
Commençons par le plus radical, mais celui qui illustre le mieux ce que j’essaie de mettre en lumière. Quoi de mieux qu’un film surréaliste pour en parler ? Quand Luis Buñuel a co-écrit et réalisé ce film avec Salvador Dali, l’intention n’était pas de raconter d’histoire particulière, mais bien de créer un objet artistique particulier et de transposer le surréalisme au cinéma. Un Chien Andalou n’a en effet aucune cohérence, ni même aucun sens, si l’on entend par « sens » un fil conducteur qui guide le film, car le film a bien du sens en soi. Il est construit sur la forme d’un cadavre exquis. Le but du cadavre exquis, pour les personnes qui ne se sont encore jamais prêtées à l’exercice, c’est que plusieurs personnes collaborent à la création d’une oeuvre (un dessin, un poème, etc.), en ajoutant chacun un élément sans pouvoir tenir compte de ce que les autres ont apporté.
Ici, dans Un Chien Andalou, ce sont donc des scènes, ou des séquences, qui s’enchaînent sans réellement avoir de connexion entre elles. Pourtant, en soi, un film a pour vocation d’assembler des scènes et des éléments entre eux, qui ont un sens en tant qu’objet unique, mais prennent un autre sens via le montage en constituant un objet cinématographique artificiel et particulier. Ainsi, Buñuel et Dali touchent bien à l’essence du cinéma, mais prennent totalement le contre-pied du spectateur en supprimant le sens du film. Dès lors, le spectateur peut légitimement être pris par des sentiments d’ennui et autres sentiments négatifs, car il va chercher du sens où il n’y en aura pas forcément. Que l’on soit réfractaire à ce film ou qu’on l’approuve, il représente l’exemple typique du film qui s’affranchit de sens logique et d’histoire pour se focaliser sur l’expérience et le ressenti, des composantes du cinéma que chercheront notamment à mettre en lumière des cinéastes comme Alexandre Dovjenko, Kenji Mizoguchi, Akira Kurosawa, Michelangelo Antonioni, Robert Bresson ou encore Andreï Tarkovski.
« C’était long, ça n’avance pas, c’était ennuyeux, et on ne voit pas où veut en venir le film » – Stalker (Andreï Tarkovski, 1979)
J’exagère peut-être un peu sur cet intitulé, tant le film de Tarkovski fait l’unanimité, mais un spectateur peu habitué peut être en droit de faire ce type de réflexion en voyant le film du grand cinéaste russe. Résumer Stalker pourrait prendre à peine dix lignes, si l’on se cantonne simplement à l’histoire en elle-même. En effet, le film est très minimaliste, avec très peu de personnages, une histoire simple, et de longs plans, donnant au film un côté très statique et étiré. Le film est ponctué de dialogues très profonds, questionnant l’humanité dans son ensemble, et c’est une des grandes forces de ce film. Ce n’est pas la quête de dénouement qui est intéressante ici, ce n’est pas de savoir où et comment est cette fameuse « Chambre », ni de voir ce qu’elle fait. L’objectif de Tarkovski est de mettre sur pellicule un périple initiatique, de questionner les Hommes, et de les confronter à une nature omniprésente, presque boulimique, qui a dévoré les restes d’une humanité à l’agonie. L’histoire est simple, mais c’est à travers sa narration, ses dialogues, sa façon de filmer, qu’Andreï Tarkovski crée du sens et semble donner quelques clés permettant de comprendre son intention en réalisant ce film.
Quitte à parler de Tarkovski, nous pouvons nous autoriser à nous attarder sur quelques passages de son Temps Scellé, qui permettent d’étoffer cette idée : « Les liaisons poétiques apportent davantage d’émotion et rendent le spectateur plus actif. Il peut alors participer à une authentique découverte de la vie, car il ne s’en remet plus à des conclusions toutes faites imposées par l’auteur. » « L’art nous fait appréhender le réel à travers une expérience subjective. » « L’art s’adresse directement à tous, avec l’espoir de faire impression, de provoquer un choc émotionnel et de se faire accepter, non par un raisonnement irréfutable, mais par l’énergie spirituelle que l’artiste a mise dans son oeuvre. » Autant de mots qui illustrent la volonté de Tarkovski de transmettre plus que de donner. Le réalisateur envoie un message, il traduit des émotions et des expériences en objets artistiques, plus qu’il ne cherche seulement à raconter des choses.
« L’histoire de ce film tient sur un post-it ! Vide et sans intérêt ! » – Mad Max : Fury Road (George Miller, 2015)
Je rajoute, enfin, un film plus récent, qui a aussi provoqué beaucoup de réactions positives mais suscite également beaucoup de réticences. En effet, un des principaux arguments des détracteurs du film de George Miller réside dans la critique de l’histoire très simple du film, qui permet ensuite de légitimer la dénonciation de la vacuité (supposée) de ce dernier. Généralement, une confusion est réalisée entre les termes « histoire » et « scénario ». On a tendance à les assimiler et à les mélanger. Pourtant, ils sont bien différents. L’histoire, c’est ce que raconte le film dans les faits, dans les actions des personnages. Le scénario, c’est l’histoire, et tout ce qui l’entoure, toutes ces lignes de description invisibles, que l’on peut lire dans des livres ou dans les didascalies d’une pièce de théâtre. Mad Max : Fury Road est devenu un cas d’école à ce sujet, illustrant parfaitement ce qu’est un film à l’histoire simple mais au scénario sophistiqué et puissant.
En effet, dans son film, George Miller emprunte beaucoup aux codes du cinéma muet, où, faute de dialogues audibles, les images demeuraient le principal moyen de communication avec le spectateur. C’était avec leur force propre et avec le montage que se développait l’expérience, que le film nous « parlait ». C’est de la même manière que George Miller communique dans son film, en insufflant de la puissance dans les images, en la transmettant au spectateur, pour qu’il vive le film plus qu’il ne le regarde. On fait plus que regarder un film, on vit une expérience. Et c’est en étant capable de passer outre la simplicité apparente de l’histoire du film que l’expérience peut être réellement vécue. Le film sort donc d’un cadre purement rationnel pour s’aventurer dans le domaine de l’indicible.
Le cinéma demeure irrationnel
Finalement, ce que l’on remarque, c’est que tout, au cinéma, tant dans la démarche du réalisateur que dans l’approche du spectateur, s’articule autour d’un ressenti particulier. Le ressenti est créé par un tout, qu’il s’agisse d’éléments rationnels comme l’histoire du film en l’occurrence, ou d’éléments plus irrationnels faisant partie du domaine de l’expérience, et stimulés par la façon de travailler du réalisateur, et des éléments qui ne sont pas forcément visibles de facto. Le cinéma n’est pas appelé le septième art pour rien. Il n’appartient à personne, il est libre de tout discours politique et de conventions, et il convient à chacun et chacune de se l’approprier de la façon qui lui conviendra. On pourra autant prendre du bon temps devant un Avengers : Infinity War très classique, lisible et convenu mais divertissant, ou se perdre devant un Lost Highway retors et décousu, mais qui nous laissera une impression mémorable.
De par sa diversité et ce qu’il représente, le cinéma aura toujours une part de mystère. On ne pourra jamais tout voir, tout savoir. Parfois nous resterons de marbre face à un film nous laisse insensible, et parfois nous serons touchés dans notre âme et verrons, en quelque sorte, l’essence du cinéma, et nous prendrons à nous émerveiller. Ce qu’il convient de remarquer, c’est la part de mystère, de magie artistique qu’un film sera en mesure de garder aujourd’hui, à une époque où les grosses productions suivent un cahier des charges de plus en plus garni et chargé, aboutissant fatalement à un lissage généralisé des œuvres cinématographiques.
Andreï Tarkovski, une nouvelle fois, s’avérait très critique à ce sujet, non sans faire preuve d’une quelconque pertinence : « Celui qui ne veut pas la vérité ne voit pas non plus la beauté. Celui qui juge l’art au lieu de s’en imprégner manque profondément de spiritualité. Il ne veut pas comprendre le sens ou le but de son existence, qu’il remplace par de simples « Je n’aime pas ! », « C’est ennuyeux ! ». Des arguments sans doute incontestables, mais qui pourraient tout autant être ceux d’un aveugle-né, à qui on décrirait un arc-en-ciel ! Avec de tels critères, l’homme contemporain est incapable de s’interroger sur la vérité, et demeure totalement sourd à la souffrance qu’endure l’artiste pour exprimer la vérité qu’il a trouvée. Mais qu’est-ce au juste que la vérité ? Je pense qu’un des aspects les plus tristes de notre société est le temps de la destruction dans la mentalité des hommes de tout ce qui avait un lien conscient avec le beau. La culture de masse, destinée à des « consommateurs », dans notre civilisation toute en prothèses, rend nos esprits infirmes. »
Cette citation soulève un autre débat, sur l’éternelle distinction entre cinéma « commercial » et cinéma « artistique », qu’il conviendra de laisser à une éventuelle future chronique, mais elle met surtout en lumière cette nécessité de garder un regard innocent, de laisser de côté notre côté trop rationnel et logique pour davantage lâcher prise et se laisser imprégner par un film. C’est sûrement en empruntant ce chemin que vous découvrirez son essence et sa force.
Une réflexion intéressante! J’aime cette idée de ressenti car je ne pense pas que la question soit de savoir si on a compris le film comme s’il y avait UNE chose à comprendre, mais plutôt qu’est-ce qu’on a compris du film : quelle est notre ressenti? L’explication n’a pas forcément besoin d’être rationnelle du moment qu’elle est articulée. D’après moi, le principal problème réside précisément dans l’absence de questionnement. J’ai trop souvent l’impression que nous allons au cinéma pour consommer un spectacle en débranchant notre cerveau. On « swipe right » ou « swipe left » sur la surface. On tinderise le cinéma en s’arrêtant à la forme. Et on passe forcément à côté du (ou des) sens de l’oeuvre. On peut sûrement essayer de donner sens au Chien Andalou comme on peut essayer de donner du sens à Lost Highway. Après tout, on peut même trouver un peu sens dans les Bronzés 3. Ça vaut la peine de prendre 1min pour se poser la question. À moins bien sûr qu’on se satisfasse de dire « j’ai adoré » ou « j’ai détesté » sans être capable d’expliquer pourquoi…
Absolument ! Il y a, en effet, cette idée de « tinderisation » du cinéma qui est de plus en plus proéminente, que ce soit dans les avis à chaud en sortant du cinéma, que dans les avis écrits ou en vidéo qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux. C’est toujours bien de s’arrêter un instant et se demander quel est le sens d’un film. Parfois, on se rend vite compte qu’un film a été produit et réalisé avant tout à des fins commerciales, et, forcément, le sens du film est vite trouvé. Mais, en soi, il y a un certain sens. C’est ce qui permet de contextualiser et d’avoir le jugement le plus lucide et éclairé possible sur un film. Aujourd’hui, on aime tout comprendre, c’est le soucis principal. On veut savoir, mais sans s’interroger.
Merci pour ce commentaire en tout cas ;)
Vaste débat et épineux sujet ! qui vaut bien qu’on en appelle à la sagesse du grand Andreï pour y trouver des éléments de réponse. Je crois qu’il pose la vraie question dans le dernier extrait que tu cites, celle de la manière de consommer le cinéma et de l’habitude que la société a prise pour ce faire. Il serait intéressant d’ailleurs de comparer notre monde de consommation occidental à celui d’autres cultures cinéphages, en Afrique ou en Inde par exemple (j’exclue la Chine qui s’Hollywoodise à grands pas).
Un autre théoricien du cinéma avait une approche également intéressante dans son discours aux masses : « lorsqu’on veut obtenir du spectateur le maximum d’élan émotionnel, lorsqu’on veut le faire « sortir de soi-même », il faut que l’œuvre lui propose un « canevas » qu’il n’aura quà suivre pour parvenir à l’état souhaité » écrit Eisenstein dans « réflexions d’un cinéaste – comment on fait un film. » Ce « canevas » et les ficelles qui le composent, la plupart des films dits « à grand public » l’ont parfaitement intégré.
Mais il peut s’avérer parfois trompeur. Je pense par exemple à la mésaventure de Paul Verhoeven à la sortie de « Starship Troopers » (starship trompeur ?), film reçu par beaucoup comme étant une apologie du troisième Reich sans se préoccuper de la tonalité ironique et mordante de la réalisation. Voilà l’exemple d’un film « pas difficile à comprendre » dans son déroulement et pourtant totalement incompris par certains.
Tu évoques aussi le public satisfait lorsqu’il est » en mesure de deviner le dénouement en avance, ou de distinguer les ficelles tirées par le réalisateur du film. » Voilà pourtant un élément très souvent générateur de reproches dans les avis que j’entends sur les films, du genre « c’était prévisible, j’avais deviné dès le départ que c’était lui. » Le spectateur exige donc son content d’hermétisme, au moins dans l’appréhension de l’intrigue, faute de quoi il s’en tiendra au lapidaire et définitif « c’était nul ».
En tous cas merci pour ce bel article, ça fait plaisir de réfléchir de temps en temps. :-)
Il n’y a en effet pas de vérité absolue. Il est tout à fait vrai de dire que le fait de deviner à l’avance le dénouement d’un film est source (légitime) de reproches. En effet, je pense que cette satisfaction peut davantage s’exprimer si le spectateur assemble des pièces au fur et à mesure et qu’à la fin le puzzle s’assemble définitivement, non sans une once de surprise. Dans ce cas, peut-être, alors le spectateur aura la satisfaction d’avoir vaincu un puzzle un brin complexe.
La sagesse d’Andreï Tarkovski est d’ailleurs une des sources d’inspiration de cet article, comme je suis en train de lire son Temps Scellé. Je me base notamment sur sa vision du cinéma pour développer ce que j’exprime ici, tout en ayant conscience que sa vision, bien que portée par une culture très large et une connaissance assez érudite du cinéma, reste la sienne. C’est d’ailleurs intéressant de te voir citer Eisenstein, car il avait aussi sa vision, pleine de bons points, alors que Tarkovski déclarait ouvertement ne pas adhérer aux théories d’Eisenstein. Néanmoins, les deux cinéastes ont apporté de nombreux éléments de réflexion qui me paraissent justes en dépit de leurs divergences. La preuve, encore, que le cinéma est vaste et qu’il n’y a pas qu’une vision du cinéma qui puisse prévaloir.
L’intérêt de s’intéresser aux modes de consommation des autres continents est, surtout, à mon avis, de réaliser une sorte de voyage dans le temps et de comprendre le contexte culturel et économique d’un pays. Le cinéma africain, bien que prolifique, demeure relativement jeune et, surtout, dépourvu de gros moyens. Il y a ce côté « curiosité » qui n’existe plus chez nous, où le cinéma est entré dans les mœurs. Après je dis peut-être des bêtises, seulement je le vois ainsi. Globalement, chaque continent, voire chaque pays, a sa propre approche du cinéma, poussée par des « maîtres-penseurs » comme Tarkovski et Eisenstein en Russie, Kurosawa, Ozu et Mizoguchi au Japon, Truffaut, Godard, Renoir, Tavernier et j’en passe en France, Naderi et Kiarostami en Iran, et bien encore ailleurs. Ce sont des témoins, généralement, d’un contexte et d’un patrimoine culturel propre à leur pays. Et ainsi va le mode de consommation des spectateurs locaux.
Ce sont des thématiques très vastes, sur lesquelles nous pourrions écrire des milliers de pages pour dire que, finalement, il y a des choses à dénicher partout, qu’il n’y a pas de réponse universelle.
Merci beaucoup pour ton commentaire très enrichissant en tout cas :)
notre « mode » de consommation pas « monde » – « j’exclus » et pas « j’exclue » – j’aurais dû me relire avant d’appuyer sur le bouton…
Sur la question de la prévisibilité, j’avoue ne pas trop savoir ce qui est bien ou pas. Si la prévision des évènements dans un film devait le ruiner pour de bon, je me dis qu’on reverrait jamais deux fois un film, ou bien en le trouvant finalement très mauvais la deuxième fois.
Cela ouvre d’ailleurs un autre débat sur nos variations personnelles d’appréciation sur un même film. On sait bien que les films sont reçus de manière différentes selon les âges de la vie. Mais il y a aussi des critères de jugement qui varient et qui font qu’on va finir par aimer un film qui ne nous avait pas plu, ou au contraire renier un film apprécié la première fois. Claude Chabrol s’était amusé à les classer en deux catégories : les films pairs et les films impairs. « l’ennui avec les films pairs, c’est que les films qui vous laissent froids la première fois, il n’y a aucune raison pour retourner les voir une seconde fois. » Ainsi conseillait-il de tourner plutôt des films impairs. ;-)
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