Avengers : Endgame (Anthony & Joe Russo, 2019) ★★★½ – Critique & Analyse
Article sans spoilers – Il y a onze ans, j’entrais dans une salle de cinéma de Quimper avec d’autres élèves de seconde de mon lycée, pour une exceptionnelle sortie cinéma. On avait le choix entre plusieurs films, et on avait choisi Iron Man. En même temps, il avait l’air cool ce guerrier métallique ! Mais on ne savait pas, à ce moment, que l’on allait embarquer pour onze ans d’aventures.
Fiche du film
- Genre : Action, Aventure, Fantastique, Science-Fiction
- Réalisateurs : Anthony & Joe Russo
- Distribution : Robert Downey Jr, Chris Evans, Scarlett Johansson, Mark Ruffalo, Josh Brolin, Paul Rudd, Chris Hemsworth…
- Année de sortie : 2019
- Synopsis : Thanos ayant anéanti la moitié de l’univers, les Avengers restants resserrent les rangs dans ce vingt-deuxième film des Studios Marvel, grande conclusion d’un des chapitres de l’Univers Cinématographique Marvel. (SensCritique)
Critique et Analyse
En 2019, la phase finale, l’ « Endgame » s’est amorcé. Onze années, vingt-deux films, pour en arriver à cet ultime dénouement, initié par le dantesque Infinity War, qui offrait déjà une première conclusion spectaculaire et intéressante. Pendant tout ce temps, Marvel a fait des super-héros les maîtres incontestés du box-office, les titans des salles obscures, ajoutant, à chaque film, une pierre a un édifice d’une ampleur inédite. Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Doctor Strange, Ant-Man, les Gardiens de la Galaxie, tous ces personnages nous ont été présentés, et nous les avons rencontrés, côtoyés, dans le but ultime de les voir sauver l’univers, de créer une alliance sans pareille. Car Marvel, c’est un intérêt supérieur avant tout.
Un intérêt supérieur qui a pu en agacer plus d’un, face à cette profusion de super-héros trustant les salles de cinéma, ne laissant aucune part du gâteau, faisant quasiment plier le marché du cinéma en uniformisant ses standards. Marvel est devenu ce producteur de films suivant une sorte de bingo, racontant à chaque fois une nouvelle histoire, mais suivant toujours la même trame. Les réalisateurs se sont succédé, sans que le style ne change réellement de films en films, à l’exception, par exemple, de James Gunn, qui a su insuffler sa « patte » aux Gardiens de la Galaxie. Beaucoup de cinéphiles ont pointé du doigt cette démarche, et je l’ai moi-même pointée du doigt, abandonnant le navire, las de cette profusion. Mais je l’ai tout de même repris en cours de route. Suis-je un consommateur naïf tombé dans le piège de Disney ? Peut-être. Ou peut-être, simplement, ai-je fait preuve de nostalgie et gardé cette part de moi qui gardait l’heureux souvenir de cette première séance d’Iron Man.
Car Avengers : Endgame devait faire face à des enjeux démesurés, au poids de tout le travail accompli ces onze dernières années. Infinity War avait mis la barre haute, et avant de penser au futur, il fallait régler des comptes avec le passé, le laisser définitivement derrière nous. C’est en plein dans cette démarche qu’Endgame se situe, tentant de survivre sur les cendres d’un monde réduit en miettes, mettant en avant les héros originaux, et renouant avec le passé pour reconstruire le présent. Impossible, pour le fan de Marvel, ou même pour le simple amateur, de ne pas faire preuve d’une certaine nostalgie, ici amenée d’une manière relativement judicieuse.
Endgame est un film qui tient sa force de sa structure et de sa volonté d’offrir une bonne conclusion à ce premier cycle de films Marvel. Son but est, avant tout, d’offrir à la fois un spectacle dantesque et dramatique, un dernier baroud d’honneur grandiose réunissant tous ces compagnons d’armes face à l’ennemi ultime, Thanos, ici plus méchant que jamais.
Fatalement, Avengers : Endgame demeure un film Marvel, qui suit ce fameux cahier des charges, et qui ne peut, en conséquence, esquiver les écueils habituels des films de la franchise. On se permet des facilités, on fait trop appel à des ressorts humoristiques, on se contente de quelques envolées sans jamais atteindre le firmament cinématographique… Endgame ne sera pas le chef d’œuvre du MCU. Les défauts sont nombreux, notamment dans la gestion de l’humour, très présent, parfois trop, parasitant des scènes dramatiques pour les désamorcer, allant même jusqu’à provoquer le rire dans des scènes qui ne devraient pas faire rire. C’est l’apanage des films Marvel, et même si on pouvait légitimement espérer une certaine rupture avec l’avant, on se dit, après coup, que ce n’est pas non plus si surprenant que cela. Mais alors, Endgame est-il un échec ? Non, car il saura vous réserver des surprises, et combler les attentes de celles et ceux qui ont suivi ces héros depuis toutes ces années.
Endgame est un film qui tient sa force de sa structure et de sa volonté d’offrir une bonne conclusion à ce premier cycle de films Marvel. Son but est, avant tout, de proposer un spectacle à la fois dantesque et dramatique, un dernier baroud d’honneur grandiose réunissant tous ces compagnons d’armes face à l’ennemi ultime, Thanos, ici plus méchant que jamais. Peut-être trop ? C’est un cas sensible, car le titan, bien qu’antagoniste, montrait une certaine souffrance dans sa quête, n’était pas foncièrement méchant. Or, le Thanos d’Endgame semble beaucoup plus belliqueux, en quête de revanche et de destruction, comme dans une volonté, cette fois, d’offrir un méchant plus classique pour que l’on souhaite davantage sa défaite.
Dans tous les cas, le spectateur vient pour obtenir des réponses à ses questions, pour savoir ce qu’il va advenir de tous ces personnages où, pour la première fois peut-être, on a peur pour eux. On peut donc légitimement reprocher à Endgame tous les défauts intrinsèques du cahier des charges Marvel, mais, en termes d’intentions et d’idées, en termes de conclusion, il s’avère tout à fait à la hauteur, et, malgré une durée d’une longueur inédite pour un Marvel, tout défile très rapidement, presque trop. On a beau savourer, l’histoire se déroule inéluctablement, jusqu’à un grand final, puis clap de fin, générique.
Voilà, après trois heures, c’est terminé. Alors oui, cinématographiquement, ce n’était pas exceptionnel, il faut le reconnaître. Les défauts de Marvel perdurent et persistent, c’est vrai. Je ne vous dirai pas, comme certains journalistes américains un peu trop partiaux, que j’ai vécu une séance absolument exceptionnelle, et qu’Endgame est un chef d’oeuvre. Mais le réel intérêt, les émotions étaient ailleurs. Car je peux vous dire que j’ai découvert et apprécié une conclusion à la hauteur, qui a su m’embarquer et me faire frissonner. Car c’est bien une page de onze ans qui se tourne ici. J’ai vingt-cinq ans aujourd’hui, et j’en avais encore treize à la sortie d’Iron Man. J’ai moi-même parcouru beaucoup de chemin depuis, et c’est probablement cela qui me rend nostalgique, qui me touche autant. C’est de voir cette histoire s’achever, comme si tout ce qui avait été vécu parallèlement à côté perdait un nouveau lien avec le présent.
Qu’on le veuille ou non, les Avengers resteront au cœur de l’un des plus grands phénomènes cinématographiques de ma génération, une part de jeunesse dont le souvenir continuera à s’entretenir. Il paraît que ce n’est pas vraiment fini, mais ce sera forcément différent, d’une certaine manière. Marvel continuera à déchaîner les passions, à être considéré comme l’ennemi du cinéma par certains, à être un rendez-vous immanquable pour d’autres et, enfin, pour les autres, une sorte de fabrique à rêves qui nous a accompagné à certains moments de notre vie. Ce qui est sûr, c’est que chacun continuera d’entretenir son propre rapport avec ces films. C’était une fin, une belle fin, et un bel au revoir.
Note et avis
3.5/5
Ainsi s’achèvent onze années d’un long cycle d’une ampleur inédite. Endgame souffre de tous les défauts classiques des films Marvel, notamment au niveau de l’humour trop présent, mais propose à tous les fans une très belle conclusion et un final de choix. Le souvenir d’un bon divertissement et une page de onze années qui se tourne.
Une très belle critique qui me semble juste sur la portée du phénomène Avengers qui est aux années 2010 ce que stars wars était aux années fin 70-80. J’irais le voir c’est sûr. Bon weekend Quentin et merci ! :)
Merci ! :) Je pense en effet que c’est le phénomène de cette génération, avec une ampleur inédite (j’entends inédit notamment au niveau du nombre de films produits). Et oui, c’est pour ça qu’on a un petit côté nostalgique avec cette « fin », même si ça continue. Et, plus tard, je pourrai dire « voilà ce qui cartonnait quand papa était plus jeune », ahah. ^^
Bon week-end à toi aussi, et bon visionnage ! :)
Très chouette article. Ça me fait tout drôle de lire que c’est une saga générationnelle.
J’étais adolescent lecteur des magazines Marvel édités chez LUG, j’ai grandi avec toute cette mythologie, avec les récits de Stan Lee et de ses équipiers. Jusqu’à la fin des annees 90, aucune adaptation ciné ne se montrait à la hauteur du foisonnement imaginatif et de la dimension épique contenus dans ces publications.
Et puis vinrent les X-men de Bryan Singer, puis le succès des Spider-Man de Sam Raimi, qui proposaient enfin des transpositions enthousiasmantes de cet univers au ciné. Manquait l’union et la cohérence de cette mythologie qui voyaient dans les pages de Strange, Titan ou Spidey, se croiser Daredevil et Iron Man, Hulk et Serval, Spider-Man et les FF. Ce champ du possible devint réalité avec l’Iron Man de Jon Favreau, impeccablement incarné par Robert Downey Jr, puis suivirent les autres, les futurs Avengers, à travers des épisodes de qualités variables mais tous étaient animés par la volonté de former un tout cohérent. Endgame est animé par cette même idée, et peu importe ses maladresses d’écriture, ses mauvais choix de montage, ses fausses routes narratives, il est porté par un premier volet solide, dont le reflet est encore perceptible, entre deux blagues inutiles etautres réflexions de mauvais goût, dans la dramaturgie de cet épisode conclusif. Nul ne sait si l’ère qui s’ouvre à présent trouvera le même écho.
Merci pour ton témoignage ! Je pense que tu as très bien résumé la chose et que nous sommes parfaitement d’accord. C’est un cycle inédit dans son ampleur et son intention, plein de défauts dus à son aspect « commercial », très porté sur la production plus que sur l’artistique on va dire, mais qui a su créer un ensemble qui se tient, dans lequel on situe et auquel on s’attache. Je me demande en effet comment cette nouvelle ère va se construire et comment ils vont faire pour tenter d’entretenir la flamme.