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1 jour, 3 films à découvrir #23

En ces temps troublés, le cinéma n’a jamais autant paru être un exutoire. Alors que, pour la plupart, nous sommes confinés chez nous, en télétravail, voire au chômage forcé, voir des films semble être un choix d’occupation privilégié. Pour tenter de penser un peu à autre chose qu’à l’actualité sinistre, j’ai eu l’idée de vous parler, tous les jours, de trois films, sortis de ma « filmothèque ». Trois films pas forcément connus, pour changer un peu de ce qu’on pourrait voir d’habitude, et sans véritable logique dans les choix, l’objectif de cette petite rubrique étant, surtout, de vous parler de cinéma, et de faire du septième art notre principal allié !

Affiche de L'Ultime Razzia (1956)
Affiche de L’Ultime Razzia (1956)

L’Ultime Razzia (Stanley Kubrick, 1956)

Synopsis : Johnny Clay, récemment sorti de prison, organise un casse pour s’emparer de la caisse d’un champ de course un jour de grande affluence.

Après un Baiser du Tueur plaisant, le réalisateur affine son style dans ce film noir redoutablement bien mené et rythmé. Ce film est tout ce qu’il y a de plus méthodique. Basé sur l’échafaudage d’un plan par un homme souhaitant dérober un gros magot dans un hippodrome, tout le récit se déroule de manière très carrée et construite. Les personnages sont présentés, le plan dévoilé, et enfin exécuté. Toute cette rigueur, si parfaite, n’aspire bien sûr qu’à une chose : être ébranlée par des facteurs externes (ou internes) qui viendront mettre à mal tout le travail du cerveau de l’opération. Sans temps mort, mêlant méticulosité, ambition et trahison, L’Ultime Razzia déroule son plan à merveille et mérite plus de visibilité que celle qui lui est aujourd’hui accordée.

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Affiche d'Une balle dans la tête (1990)
Affiche d’Une balle dans la tête (1990)

Une balle dans la tête (John Woo, 1990)

Synopsis : L’histoire d’un trio d’amis, Ben, Paul et Frank, qui de leur jeunesse insouciante a Hong Kong en 1967 a la fin de la guerre du Vietnam, deviendront les pires ennemis.

Une balle dans la tête se présente comme une véritable surprise, même lorsque l’on connaît un peu John Woo. Celui qui divertissait avec énergie semble s’être quelque peu refermé sur lui-même, s’être retrouvé dans le besoin d’extérioriser des souffrances et de les mettre sur pellicule. Car John Woo n’est pas un cinéaste à prendre à la légère, et qui est encore moins complaisant avec le spectateur. Il sait être impitoyable et imprévisible, comme il a pu l’être avec The Killer et encore plus avec Une balle dans la tête. Les tragédies sont éternelles, elles ont cette capacité à faire surgir des émotions particulières mais qui laissent une trace indélébile, comme le fait ce film. Il met une vraie claque au spectateur, le malmenant et le laissant sans solution. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’on a vraiment vu et vécu quelque chose de fort.

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Affiche de Duel dans le Pacifique (1968)
Affiche de Duel dans le Pacifique (1968)

Duel dans le Pacifique (John Boorman, 1968)

Synopsis : 1944. Un soldat japonais se retrouve seul sur une île du Pacifique, après le naufrage de son navire. La mer rejette peu après un autre homme, épuisé. C’est un Américain. Profitant de la faiblesse du rescapé, le Japonais le fait prisonnier. L’Américain se libère et neutralise à son tour le Japonais, qu’il relâche néanmoins peu de temps après. Dans ce lieu isolé où rien, sinon les souvenirs, ne les rattache au monde extérieur, les deux hommes se considèrent mutuellement comme des ennemis. Mais leur situation particulière et la nécessité d’en sortir amènent les deux soldats à joindre leurs efforts en dépassant leur rivalité. La trêve s’installe, mais les deux soldats ignorant chacun la langue de l’autre, la communication s’avère difficile..

Si Duel dans le Pacifique ne révolutionne peut-être pas le genre, son message n’en est pas moins clair et efficacement traité. Critique explicite, quasi-satire de la guerre, le film mise sur l’endoctrinement des soldats, nourris d’une haine mutuelle issue des hautes instances, les guidant aveuglément dans la volonté et la nécessité d’éliminer des ennemis définis qu’ils ne sont même pas capables de comprendre eux-même. Sorti à la fin des années 1960, Duel dans le Pacifique fait écho au mouvement hippie « Peace and Love », inscrit dans un contexte où le cinéma se met au service de la dénonciation des horreurs de la guerre, et promeut le respect et la tolérance d’autrui (des messages très présents dans d’excellents films tels qu’Easy Rider ou Vol au-dessus d’un nid de coucou). Loin d’être optimiste, le film fait réagir et réfléchir, mettant brillamment en lumière les absurdités de la guerre, pour mener à une fin que l’ont serait nous-même tentés de qualifier comme étant absurde, mais surtout choquante et marquante. Et le film vaut le coup d’œil rien que pour voir Lee Marvin face à Toshiro Mifune.

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Retrouvez la sélection d’hier ici !

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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