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Vice (Adam McKay, 2019) ★★★½ – Critique & Analyse

En ce terrible jour du 11 septembre 2001, resté dans toutes les mémoires, alors que le chaos et la terreur s’empare du monde, dans les coulisses du pouvoir, l’heure est aux décisions. C’est dans l’ombre que celui qui était le numéro 2, celui qui n’était « que » le vice-président, va montrer qu’il est bien le commandant à bord.


Fiche du film

Affiche de Vice (2019)
Affiche de Vice (2019)
  • Genre : Biopic, Comédie, Drame
  • Réalisateur : Adam McKay
  • Année de sortie : 2019
  • Casting : Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell, Sam Rockwell
  • Synopsis : Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l’homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd’hui… (SensCritique)

Critique et Analyse

Christian Bale dans Vice (2019)
Christian Bale dans Vice (2019)

Dick Cheney n’était pas un homme invisible, il était même très présent. Mais, fatalement, nous retenons souvent davantage ceux qui sont en tête. On se rappelle des présidents, mais qui se rappelle des vice-présidents ? Il conviendra donc ici de dire que si on caractérise Dick Cheney comme un « homme de l’ombre », ce n’est pas parce que nous ne le voyions pas, mais parce que nous percevions probablement mal son influence sur la politique des États-Unis au début des années 2000. C’est ainsi qu’Adam McKay oriente Vice, afin de retracer le parcours de cet homme hors normes. Et autant qu’il était hors normes, Adam McKay choisit de livrer un biopic hors normes, dans la veine de son très bon The Big Short, sorti il y a trois ans.

« On ne peut que constater qu’Adam McKay s’amuse dans Vice, un film décomplexé et glaçant, un tragi-comique grinçant qui ausculte les arcanes du pouvoir où l’opportunisme est la clé. »

Vice n’a pas été conçu pour être un biopic classique. On sait que l’exercice du biopic est souvent limité par la réalité des faits, mais cela ne l’empêche pas de faire preuve d’originalité et de choisir des angles d’attaque plus osés. D’ailleurs, l’équipe du film aborde directement le spectateur avec franchise, avec un titre indiquant qu’ils ont fait au mieux pour raconter la vérité telle qu’elle est, que chacun est libre de l’accepter telle qu’elle est ou non, « mais putain, on a bossé ». On ne peut que constater qu’Adam McKay s’amuse dans Vice, un film décomplexé et glaçant, un tragi-comique grinçant qui ausculte les arcanes du pouvoir où l’opportunisme est la clé. Car si Vice a tendance à aborder les choses avec un ton un brin moqueur et comique, on a envie de rire jaune plus d’une fois.

Sam Rockwell dans Vice (2019)
Sam Rockwell dans Vice (2019)

Vice vient déconstruire le mythe du « self-made-man », en racontant l’histoire de cet homme qui dut toucher le fond pour repartir à zéro, et s’embarquer dans une carrière politique décidée sur un coup de tête, qui finira par mener Dick Cheney dans les plus hautes sphères du pouvoir. Ce parcours a pour intérêt de montrer les coulisses de la vie des dirigeants pour montrer les machinations et les nombreux arrangements dont ils peuvent faire preuve, mais l’intelligence de Vice est aussi de mettre les diriges face à leur propre situation. Car nous nous plaisons à critiquer ces hommes pour leur manque d’honnêteté et leur absence de valeurs, mais nous ne sommes parfois pas les meilleurs juges. L’idée est d’établir un parallèle entre le microcosme composé par les hommes et femmes politiques, et la société elle-même, en utilisant Dick Cheney, ancien ouvrier démuni, devenu patron d’une grande firme et homme politique hautement influent, comme passerelle entre les deux.

En mélangeant les flashbacks, en n’hésitant parfois pas à être frénétique et nerveux, Vice se veut énergique et pinçant, n’hésitant pas à s’aventurer dans le grotesque, simplement pour montrer que ce grotesque n’a rien à envier la réalité. Il convient de souligner la qualité de la prestation de Christian Bale, qui bénéficie certes de son impressionnante transformation et du maquillage, mais qui est troublant de vérité, se confondant parfaitement dans son personnage. Vice ne manque pas de faire preuve d’audace, qui ravira certains, et qui passera pour de l’esbroufe pour d’autres. C’est surtout un biopic intelligent, qui réussit à nous faire rire et qui, en même temps, nous met une tape derrière la tête pour nous rappeler à l’ordre. Il n’hésite pas à remettre tout le monde à sa place, et on en ressort autant scandalisé qu’avec une certaine envie de se remettre en question.


Note et avis

3.5/5

Vice est un biopic tragicomique nerveux et grinçant, qui vient esquinter l’image des grands dirigeants américains, et sonder les arcanes du pouvoir, tout en se moquant du système dans sa globalité. Christian Bale excelle dans son rôle.


Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

2 réflexions sur “Vice (Adam McKay, 2019) ★★★½ – Critique & Analyse

  • Très d’accord avec ta phrase de conclusion : « On en ressort autant scandalisé qu’avec une certaine envie de se remettre en question. »
    Et la scène du film m’ayant le plus marqué est la toute dernière (enfin, avant le générique), qui participe précisément à créer autant le scandale que la remise en question : le monologue face caméra de Cheney. Où Christian Bale met le paquet – c’est d’ailleurs le moment choisi pour le représenter durant la cérémonie des Oscars – et nous regarde droit dans les yeux en disant des monstruosités abominables mais tapissées de vérités, pour nous rappeler que certes, Vice est un film, mais c’est aussi ce qui c’est passé.
    J’en ai encore froid dans le dos.

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    • Exactement ! Le débat entre les gens devant la caméra fait réfléchir aussi, car il sous entend qu’on a les dirigeants que l’on mérite, à cause de notre incapacité à débattre de manière saine, à se taper dessus avec des arguments souvent très légers, et à penser de manière égoïste. Le monologue de Cheney le complète.
      On rigole beaucoup, mais on serre pas mal les dents quand même !

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