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Tomboy (Céline Sciamma, 2011) ★★★½ – Critique & Analyse

Aujourd’hui, découverte d’une autre réalisatrice qui sera en compétition au 72ème Festival de Cannes : Céline Sciamma, avec Portrait de la jeune fille en feu. La réalisatrice, qui a surtout suivi une formation de scénariste, s’était déjà distinguée en 2007 avec Naissance des pieuvres, retenu dans la sélection Un Certain Regard à Cannes, puis confirme avec Tomboy, qui s’avérera être un bon succès public et critique.


Fiche du film

Affiche de Tomboy (2011)
Affiche de Tomboy (2011)
  • Genre : Drame
  • Réalisateur : Céline Sciamma
  • Année de sortie : 2011
  • Distribution : Zoé Héran, Malonn Levana, Jeanne Disson
  • Synopsis : Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon. (SensCritique)

Critique et Analyse

Tomboy (2011)
Tomboy (2011)

Nous sommes donc amenés à faire la rencontre d’une famille qui vient de s’installer dans une nouvelle résidence. C’est bientôt la fin de l’été, et les deux parents s’occupent de Jeanne et de sa grande sœur Laure, qui vont bientôt entamer une nouvelle année scolaire. Cependant, tout n’est pas simple pour Laure. En effet, la jeune fille ne se plaît ni ne se reconnait ainsi. Elle veut être un garçon et jouer avec des garçons, et c’est ainsi qu’elle va devenir, pour ses nouveaux amis, Mickaël. Toute la difficulté, pour Laure, sera de réussir à cacher sa vraie identité, et de se faire accepter par cette nouvelle bande de copains qu’elle intègre. Une situation qui sera encore plus compliquée, avec la présence de Lisa, une des rares filles de la bande, et qui va, peu à peu, s’intéresser de très près à Mickaël.

« Tomboy se développe ainsi, tirant profit de l’ambiguïté des situations et du poids du secret pour mieux les mettre en perspective. »

Tomboy c’est, dans un premier temps, la redécouverte de ces étés d’enfance, des jeux en extérieur, des grandes vacances et du calme et de l’insouciance avant la rentrée. Les premières images, montrant Laure debout dans la voiture de son père, en marche, et profitant de l’air extérieur à travers le toit panoramique, annoncent déjà l’intention du film et de la jeune fille : une aspiration à la liberté. Cependant, la suite du film développe un sentiment assez contraire, un sentiment d’emprisonnement, celui de Mickaël qui se retrouve prisonnier dans le corps de Laure, et de Laure prisonnière de la personne de Mickaël. Tomboy se développe ainsi, tirant profit de l’ambiguïté des situations et du poids du secret pour mieux les mettre en perspective.

Tomboy (2011)
Tomboy (2011)

Aux prémices de l’adolescence, l’heure est aux questions sur l’identité, aux premiers éveils amoureux et sexuels, la découverte d’un nouveau monde qui, pour Mickaël, n’est pas celui des autres. Les garçons acceptent difficilement les filles, et il est encore moins question d’imaginer deux filles qui s’embrassent. Car « c’est dégueulasse« , dira l’un des enfants. Ce sera aussi le cœur d’une remise en question pour Lisa qui, comme les autres enfants, est au carrefour de l’âge de l’innocence et de la maturité, mais est imprégnée des schémas sociaux que ses parents ont pu lui inculquer, à défaut d’avoir encore pu mener ses propres réflexions. Une méfiance et une défiance confrontées à l’innocence de Jeanne, qui ne se pose pas de questions, relativisant malgré le poids de la découverte.

Tomboy est une belle chronique d’été, jouant sur l’ambiguïté des situations pour attirer l’intérêt et les questions du spectateur, et mettre en perspective la difficulté rencontrée par un certain nombre de personnes à se faire accepter telles qu’elles veulent être, et non telles que l’on voudrait qu’elles soient. La direction des enfants est remarquable, et apporte beaucoup de naturel à cette histoire mêlant espoirs et désillusions, l’image d’un éveil possible mais difficile et, surtout, une invitation à être soi-même.


Note et avis

3.5/5

Tomboy est une belle chronique d’été qui interroge sur la quête d’identité, les a priori et les éveils amoureux et sexuels. La direction des enfants est remarquable.


Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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