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A la rencontre de… Terminator : Genisys (2015)

Affiche de Terminator : Genisys (2015)
Affiche de Terminator : Genisys (2015)

« I’ll be back. » Pour la cinquième fois, Terminator vient envahir les salles obscures. Après les deux premiers et excellents opus de Cameron, un troisième acte moins convaincant, et un quatrième film généralement encore plus boudé, voici que la saga continue avec Terminator : Genisys, cinquième du nom. C’est non sans pression que le dernier-né de la saga, loué à outrance par Cameron, se dévoilait au grand public, prêt à être pris d’assaut par des critiques aux dents acérées. Que donne donc ce Terminator : Genisys ?

Arnold Schwarznegger dans Terminator : Genisys (2015)
Arnold Schwarznegger dans Terminator : Genisys (2015)

Déjà, s’agit-il d’une suite, d’un reboot ou d’un remake ? C’est la question que l’on est à même de se poser avant de voir le film, qui va vous trotter en tête tout au cours de la projection, et qui continuera de vous hanter. Il est difficile de clairement catégoriser Terminator : Genisys sur ce point, car il joue un peu sur tous les fronts. Mais étant donnée la manière dont est abordée la dimension temporelle dans la saga, on peut simplement le considérer comme une suite, ou comme une réalité alternative. En effet, celui-ci débute presque exactement de la même manière que Terminator, premier du nom : en 2029, John Connor, leader de la révolution contre Skynet, est sur le point de triompher, quand il décide d’envoyer Kyle Reese, son bras droit, dans le passé, en 1984, afin de protéger sa mère Sarah Connor, afin que John puisse naître et battre les machines dans le futur. La même chose que dans le premier opus me direz-vous, sauf que cette fois, lorsque Kyle rencontre Sarah, celle-ci est déjà en compagnie d’un T-800 qui assure sa protection, et elle connaît déjà son destin.

En débutant ainsi l’intrigue, Terminator : Genisys se permet de satisfaire les nostalgiques en jouant la carte du fan service, grâce à la reprise de scènes de Terminator, comme la rencontre du « méchant » T-800 avec trois loubards auxquels il veut prendre les vêtements pour s’habiller. Mais que les détracteurs de ce procédé se rassurent, notamment ceux qui n’ont pas manqué de conspuer Jurassic World pour ses multiples références à Jurassic Park. Terminator : Genisys a bien sa propre histoire, et sa propre identité.

Emilia Clarke et J.K. Simmons dans Terminator : Genisys (2015)
Emilia Clarke et J.K. Simmons dans Terminator : Genisys (2015)

Dans cette dimension temporelle alternative, exit Terminator : Le soulèvement des machines et Terminator : Renaissance. Un bon choix ? Oui et non. La succession de films Terminator a permis de développer plusieurs histoires parallèles, susceptibles de s’entrecroiser, afin d’exploiter au maximum la thématique du voyage dans le temps, omniprésente dans la saga. C’est une idée intéressante, car Terminator 2 se concluait sur cette idée que nous étions maîtres de notre destin à travers nos actes, et à même de changer le futur par nos initiatives. Mais l’inconvénient dans ce Terminator : Genisys, c’est que toutes ces dimensions semblent beaucoup trop s’entremêler.

On a la sensation que le réalisateur a voulu créer une histoire nouvelle, tout en gardant des références et actions présentes dans les précédents films, ce qui n’est en soi pas illogique, car une histoire alternative n’induit pas forcément une histoire totalement nouvelle. Cependant, cela force le spectateur à s’adonner à une véritable gymnastique afin de pouvoir bien saisir les différents éléments du scénario et d’établir une cohérence entre eux, laquelle n’est malheureusement pas toujours évidente. En effet, la saga Terminator est déjà assez complexe en elle-même, et l’ajout d’éléments trop nombreux au fil rouge de l’histoire devient plus préjudiciable que véritablement bénéfique.

Arnold Schwarzenegger dans Terminator : Genisys (2015)
Arnold Schwarzenegger dans Terminator : Genisys (2015)

Paradoxalement, si l’intrigue semble relativement complexe, sur la forme, il s’affiche davantage comme un divertissement grand public qui se regarde l’esprit détendu. Pour les puritains, Terminator et Terminator 2 restent les seuls « vrais » représentants de la saga, un point sur lequel j’aurais tendance à être d’accord, car ce sont les originaux, et qu’ils ont été réalisés par Cameron. Ceux-ci proposaient une atmosphère relativement sombre et pesante, où le danger est omniprésent, et la thématique de l’intelligence artificielle bien développée. Terminator : Genisys, quant à lui, venait davantage se présenter comme un pur blockbuster, remettant la saga au goût du jour en tentant de toucher un public aussi large que possible.

La démarche est somme toute logique et louable, car on ne peut cracher sur l’idée de revoir Schwarzy en Terminator en 2015. Néanmoins, il en résulte surtout un blockbuster très classique dans sa construction, et on a davantage la sensation de voir ce qui s’apparente à une superproduction Marvel, qu’à un véritable successeur aux deux premiers Terminator. Tout a été actualisé à l’époque actuelle, en commençant par les personnages, qui adoptent une attitude beaucoup plus détachée que dans les deux premiers Terminator, notamment Kyle Reese, interprété par Jai Courtney. Ce n’est en soi pas trop préjudiciable pour les néophytes, mais cela risquera de faire grincer des dents les fans de la première heure. On ne peut pas vraiment leur en vouloir, car on ne peut s’empêcher d’établir une comparaison, laquelle est forcément dommageable dans le cas de Terminator : Genisys. En effet, s’il peut s’agir d’un parti pris, ou simplement de la conséquence de l’évolution du cinéma, la résultante est que ce cinquième opus perd une partie de son âme, et de sa substance.

Arnold Schwarzenegger dans Terminator : Genisys (2015)
Arnold Schwarzenegger dans Terminator : Genisys (2015)

En conclusion, que penser de Terminator : Genisys ? Comme vous avez pu le constater, c’est assez mitigé. D’un côté, on remarque que le réalisateur a voulu combiner trop d’éléments de la saga en un seul film, à cause d’un scénario assez brouillon, et qu’on ne retrouve pas non plus l’âme des premiers Terminator, laquelle s’est soustraite aux codes très aseptisés des blockbusters actuels. De l’autre côté, voir un Terminator à l’affiche en 2015, retrouver des phrases et scènes cultes de la saga, et se remettre dans l’ambiance, ça fait quand même bien plaisir.

Il est donc difficile de juger Terminator : Genisys sans être un brin subjectif dans sa démarche. J’ai été voir le film sans grande attente, déjà car je n’ai découvert les opus précédents que très récemment, et que je sais que c’est un point important pour éviter les déceptions. Dans le cas de Terminator : Genisys, je pense que c’est un bon conseil pour ne pas gâcher son expérience et passer un agréable moment, car c’est ce que le film propose, en étant un bon divertissement, avec de bonnes scènes d’actions et du spectacle. Mais d’aucuns diront « oui, mais on ne voulait pas juste un divertissement, on voulait un Terminator ». Dans cet exercice, je pense tout de même que Terminator : Genisys ne s’est pas planté, et que, même si je laisse les deux premiers devant dans mon classement, et qu’il le fait sans vraiment briller, celui-ci redore le blason de la saga et est bien loin de lui faire honte.

Note : 7/10.

Bande-annonce de Terminator : Genisys

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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