Années 1970 - 1990Critiques

Séance de Rattrapage – Le Parrain (1972)

Voilà. Après des années à devoir honteusement avouer que je n’avais jamais vu Le Parrain, que je m’intéressais de plus en plus au cinéma et recevais des réactions de surprise face à cet affront, il est venu le temps de mettre un terme à l’hérésie en découvrant enfin l’une des trilogies les plus mythiques et les plus adulées de l’histoire du cinéma.

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Affiche du Parrain (1972)
Affiche du Parrain (1972)
  • Genre : Drame, Policier
  • Réalisateur : Francis Ford Coppola
  • Année de sortie : 1972
  • Casting : Marlon Brando, Al Pacino, Robert Duvall, James Caan, John Cazale, Diane Keaton, Talia Shire
  • Synopsis : Suite à une tentative d’assassinat sur la personne de Don Vito Corleone, 2 puissantes familles de la mafia new-yorkaise s’affrontent, en quête de vengeance. (senscritique.com)

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Marlon Brando dans Le Parrain (1972)
Marlon Brando dans Le Parrain (1972)

Le Parrain m’est resté longtemps inaccessible, par sa longueur, mais aussi par tout ce qu’il représente dans l’histoire du cinéma. Tout, ou presque, a déjà été dit sur ce classique absolu dont on dit souvent qu’il s’agit d’un des tous meilleurs films qui soit. Cela se comprend quand on voit à quel point Coppola a accordé un soin particulier à livrer ici une oeuvre résolument complète et puissante qui vient donner une vraie claque à son spectateur. Point de Mafia ni de Cosa Nostra ici, simplement la « famille », un terme fort qui englobe autant la famille dans le sens qu’on lui connaît, mais aussi toute une vaste organisation au pouvoir inimaginable. A sa tête, un charismatique « parrain » aussi énigmatique qu’impressionnant, qui se dévoile au terme d’un superbe plan-séquence qui donne d’emblée l’ascendant à ce mystérieux personnage.

Dès les premiers instants, le thème de la famille prend une place importante dans l’histoire, et c’est autour de lui que va se bâtir l’intrigue. Alors que le monde va très vite et dans tous les sens, les décisions se prennent dans un calme religieux, dans une atmosphère plombée par le poids des responsabilités et des enjeux. Fortement attachée aux traditions siciliennes, la famille Corleone doit composer avec nouveaux acteurs qui cherchent de nouvelles affaires pour faire fleurir leur business. En prenant le contre-pied de l’image classique du « mafieux », Le Parrain montre une famille soudée et intègre, cherchant certes le profit, mais jamais par la malhonnêteté. Cet attachement à des valeurs telles que l’amitié, le respect et la justice viennent s’incarner dans le personnage de Don Corleone, qui est l’emblème d’une famille puissante mais sage.

Al Pacino et Marlon Brando dans Le Parrain (1972)
Al Pacino et Marlon Brando dans Le Parrain (1972)

Mais cette « force tranquille », qui a grandi avec le XXème siècle, doit faire face à un nouveau monde plus impitoyable et malhonnête, où chaque déplacement, chaque discussion, chaque négociation peut se transformer en un horrible bain de sang, et une nouvelle fois, Coppola excelle pour installer une violence latente et permanente dans son film. Le Parrain baigne dans une palette de couleurs chaudes, à dominante jaune, aux multiples significations. Elle crée une atmosphère chaleureuse rappelant la Sicile, d’où provient Don Corleone, elle renvoie également à l’opulence de la famille, mais aussi et, surtout, symbolise la trahison et le mensonge, souvent associés à la couleur jaune, et qui sont omniprésents dans Le Parrain.

Encore une fois, je n’ai que peu de choses à rajouter à tout ce qui a pu être dit sur Le Parrain. Film magistral et complet, il s’intéresse aux valeurs de la famille, au respect mutuel, à la transmission du pouvoir, à la fin d’une époque et au début d’une autre, aux vocations, à la justice, à la loyauté, au fonctionnement d’une économie parallèle… Il s’agit d’un film-fleuve résolument complet qui mérite bien son statut de chef d’oeuvre. Le Parrain est une vaste symphonie parfaitement maîtrisée s’articulant sur des passages-clé de la vie, où le chef d’orchestre et son ombre n’ont de cesse de planer sur la partition, avant un final tonitruant qui restera dans les mémoires.

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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