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Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson, 2022) – Critique & Analyse

Débuter une nouvelle année cinéma avec, d’entrée, la sortie d’un nouveau film de Paul Thomas Anderson : voilà qui n’est pas anodin tant le cinéaste a pu nous impressionner à diverses reprises par le passé. Retour dans les seventies avec Licorice Pizza, promesse d’une parenthèse enjouée et insouciante.


Fiche du film

Affiche de Licorice Pizza (2022)
Affiche de Licorice Pizza (2022)
  • Genre : Comédie dramatique
  • Réalisateur(s) : Paul Thomas Anderson
  • Distribution : Alana Haim, Cooper Hoffman, Sean Penn
  • Année de sortie : 2022
  • Synopsis : 1973, dans la région de Los Angeles. Alana Kane et Gary Valentine font connaissance le jour de la photo de classe au lycée du garçon. Alana n’est plus lycéenne, mais tente de trouver sa voie tout en travaillant comme assistante du photographe. Gary, lui, a déjà une expérience d’acteur, ce qu’il s’empresse de dire à la jeune fille pour l’impressionner. Amusée et intriguée par son assurance hors normes, elle accepte de l’accompagner à New York pour une émission de télévision. Mais rien ne se passe comme prévu… (SensCritique)

Critique et Analyse

Alana Haim et Cooper Hoffman dans Licorice Pizza (2022)
Alana Haim et Cooper Hoffman dans Licorice Pizza (2022)

Le réalisateur américain nous avait laissés sur une note d’amertume avec Phantom Thread, non pas pour désigner un film qui manquerait de qualités car c’est bien tout l’inverse, mais ce dernier film montrait l’amour dans ce qu’il a de plus brutal et cruel, illustrant l’ambition insatiable d’amants se dévorant mutuellement, trouvant dans leurs instants de faiblesse des moments de grâce sincère. A cette froideur manifeste succède donc la chaleur d’un été californien, à une époque marquée par de grands bouleversements sociaux et économiques, où la jeunesse américaine rompt avec les traditions pendant que le choc pétrolier alerte déjà sur les abus d’un monde en passe d’être devenu dépendant de cet or noir, si ce n’est pas déjà le cas.

« Licorice Pizza, où deux caractères, deux visions du monde, s’affrontent et se retrouvent dans le cadre d’un cycle perpétuel, comme une chanson avec ses couplets et ses refrains, ramenant toujours les deux protagonistes à ce qui les lie : l’amour. »

Licorice Pizza s’intéresse principalement à cette rencontre fortuite entre cet ado enjoué et débrouillard et cette jeune femme un brin farouche mais surtout mue par une volonté de se trouver et de se libérer des carcans familiaux. A cet instant, elle lui présente un miroir pour qu’il puisse se recoiffer en vue de faire sa photo pour le fameux yearbook de son lycée, pour qu’il puisse admirer son reflet. Mais se regarde-t-il lui ou la regarde-t-elle ? De cette question découle tout le cheminement de Licorice Pizza, où deux caractères, deux visions du monde, s’affrontent et se retrouvent dans le cadre d’un cycle perpétuel, comme une chanson avec ses couplets et ses refrains, ramenant toujours les deux protagonistes à ce qui les lie : l’amour.

Cooper Hoffman et Alana Haim dans Licorice Pizza (2022)
Cooper Hoffman et Alana Haim dans Licorice Pizza (2022)

D’abord contrariés par les années qui les séparent, Alana et Gary doivent composer avec leurs propres aspirations pour ne pas éteindre cette flamme qui vacille à diverses reprises. Très sûr de lui, séducteur et entreprenant pour son âge, Gary se montre très précoce dans la gestion d’affaires et cherche le succès, entre la participation à une série télé connue, la vente de matelas à eau ou la gestion d’une salle de flippers. Alana, elle, tient justement plus de l’adolescente en quête d’émancipation, et si elle aide d’abord Gary dans ses affaires, elle veut aussi changer le monde à sa manière, comme le montre sa participation à l’élection du nouveau maire de la ville. Pour illustrer cet amour en fuite, Paul Thomas Anderson articule son film comme une succession de chapitres jamais explicitement mentionnés, mais bien identifiables, à l’image de la rencontre entre Alana et Jack Holden (Sean Penn), vieille gloire d’Hollywood, ou celle avec Jon Peters (Bradley Cooper), hippie mégalo et richissime. Toutes ces rencontres et ces épisodes offrent à chacun des deux protagonistes l’occasion de découvrir autre chose, de toucher un idéal, jusqu’à retourner irrémédiablement à l’essentiel : retrouver l’autre.

Licorice Pizza présente très peu de temps morts, enchaînant avec fluidité ces sous-intrigues pour constituer un ensemble riche, entraînant et solaire. Cette atmosphère nostalgique, affectueuse et touchante qui émane du film n’est pas sans rappeler ce que Quentin Tarantino racontait déjà dans son Once Upon A Time… In Hollywood, rejoignant ce dernier dans l’importance de l’atmosphère dans l’appréciation du film et dans notre immersion, mais s’éloignant en choisissant une vision moins fantasmée, la démarche de « PTA » n’étant pas non plus la même. La naïveté, l’incertitude, la douceur et la chaleur que l’on discerne et que l’on ressent devant Licorice Pizza sont essentiels pour raconter l’amour, thème très cher au réalisateur, qui prouve ici encore une fois sa capacité à cerner l’indiscernable et à mettre des images sur cet étrange sentiment.

Note et avis
En résumé
Entraînant, touchant, drôle, Licorice Pizza est une nouvelle réussite de la part de Paul Thomas Anderson. Enchaînant les sous-intrigues et les situations, il nous emporte sans jamais nous lâcher en route. De quoi entamer cette nouvelle année sous les meilleurs auspices !
4
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

1 réflexion sur “Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson, 2022) – Critique & Analyse

  • Très belle chronique Quentin.
    « Se retrouver », je crois que tout est là en effet, tu as raison. Et ces amours en fuite ont sans doute quelque chose de Truffaut qui sait ? PTA aime citer parmi les plus « courses » du cinéma celle de Doinel à la fin des « 400 coups », alors quoi de plus naturel que de faire galoper son petit monde dans le L.A. des années 70.

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