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Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville, 1970) – Critique & Analyse

Le nom de Jean-Pierre Melville ne peut être étranger à celui ou à celle qui s’est intéressé au cinéma français, tant le nom du cinéaste est aujourd’hui associé à de grands classiques. On peut citer L’Armée des ombres, bien sûr, ou Le Samouraï, que j’ai découvert récemment avec grand plaisir. Aujourd’hui, nous resterons dans l’esprit des polars, en nous intéressant au Cercle rouge, l’un de ses films les plus reconnus, sans aucun doute.


Fiche du film

Affiche du Cercle rouge (1970)
Affiche du Cercle rouge (1970)
  • Genre : Policier, Thriller
  • Réalisateur : Jean-Pierre Melville
  • Année de sortie : 1970
  • Distribution : Alain Delon, Bourvil, Gian Maria Volontè
  • Synopsis : Le commissaire Mattei, de la brigade criminelle, voyage en train avec un dangereux détenu, Vogel. Ce dernier parvient à s’échapper après avoir brisé la vitre et s’évanouit dans la campagne, malgré la mise en place d’un important dispositif policier chargé de le traquer. Pendant ce temps, à Marseille, Corey sort de prison après cinq années de détention. Un gardien lui indique une «affaire» dont un prisonnier mourant lui aurait confié le secret. Sans un mot, Corey l’écoute. A peine est-il libre qu’il «emprunte», sous la menace, une forte somme et une arme à Rico, son ami d’hier et son ennemi de demain. Les destins de Vogel et de Corey se rejoignent sur la route… (SensCritique)

Critique et Analyse

Bourvil dans Le Cercle rouge (1970)
Bourvil dans Le Cercle rouge (1970)

On revoit cette affiche, avec les visages de Bourvil, de Delon et de Montand, trois grands parmi les grands, qui incarnent ici les trois personnages principaux du film de Melville. Chacun d’entre eux nous est ici présenté à tour de rôle. Delon incarne Corey, un criminel qui vient de finir de purger sa peine de prison. Bourvil incarne le commissaire, et Montand, pour revenir légèrement sur l’une des précédentes phrases, s’avère légèrement en retrait, tenant un rôle moins important en termes de temps à l’écran, mais que l’on pourra qualifier de chaînon manquant. N’oublions pas non plus l’élément perturbateur, qui sera ici incarné par le non moins grand Gian Maria Volontè. Sur la base des portraits de ses personnages, se dresse alors un tableau grisâtre où règne une sorte de mélancolie lancinante et éreintante.

« Cette grisaille symbolise le désespoir, la fatalité, elle représente un monde qui s’est dépourvu de chaleur humaine, comme un immense purgatoire où les âmes errent avant d’être, finalement, dévorées. »

Cette mélancolie, cette grisaille est presque omniprésente dans le cinéma de Melville. C’est celle qui entoure Gu, le criminel qui cherche à se ranger dans Le Deuxième Souffle. Elle entoure aussi Jef Costello dans Le Samouraï, et le réseau de résistants de L’Armée des ombres. Cette grisaille symbolise le désespoir, la fatalité, elle représente un monde qui s’est dépourvu de chaleur humaine, comme un immense purgatoire où les âmes errent avant d’être, finalement, dévorées. Le Cercle rouge reprend tous ces éléments pour permettre à Melville de créer un nouveau diamant noir. Il y a tant de noirceur dans ce Cercle rouge, où tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins, où l’honnêteté est vite rattrapée par les tentations et la réalité.

Gian Maria Volontè et Alain Delon dans Le Cercle rouge (1970)
Gian Maria Volontè et Alain Delon dans Le Cercle rouge (1970)

Et à ce gris ambiant, à ces couleurs froides, s’associe la mécanique infaillible de Melville, l’image d’un cinéma chirurgical, méticuleux, qui ne laisse pas la moindre place au hasard, à l’image de la séquence du casse, vers le milieu du film. On ne peut pas ne pas penser, en la voyant, au cinéma de Michael Mann, l’un des héritiers de Melville et, parmi de nombreux exemples, aux casses du Solitaire, son premier long-métrage. Ainsi, quitte à inonder ses films de désespoir, Melville semble transformer ses personnages en machines, faisant toujours preuve de précisions, ayant un rôle bien défini dans l’engrenage lancé par le cinéaste. Mais s’arrêter à cette simple vision serait réducteur et pourrait faire penser que tous ses personnages sont manichéens. Or, leur ambivalence, les concours de circonstances auxquels ils sont soumis, les font sans cesse dévier, les mettent face à leurs propres émotions et viennent les faire communiquer avec le spectateur. Le tout, avec un juste dosage, avec parcimonie, pour nous toucher avec efficacité.

Le Cercle rouge ne vole certainement pas son statut d’incontournable du cinéma français. Polar noir, désespéré, méticuleux et savamment maîtrisé, il doit en effet beaucoup au talent du cinéaste mais, aussi, bien sûr, et comme souvent, à la qualité de ses interprètes, avec une pensée particulière pour Bourvil, tenant ici un rôle à contre-courant, qui sera, par ailleurs, son dernier. Un classique indémodable et indiscutable, un grand moment.


Note et avis

4/5

Méticuleux, sombre, froid, Le Cercle rouge a tout d’un grand film, un grand drame porté par des acteurs de prestige. Un classique indémodable et indiscutable.

Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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