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Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978) – Critique & Analyse

Alors que les arbres perdent leurs feuilles, que les journées raccourcissent, que les températures sont de plus en plus fraîches, des clameurs s’élèvent dans les rues. « Tricks or treats ! » s’exclament des enfants qui ont sorti leurs plus beaux déguisements pour l’occasion. On se prend à se faire peur et à faire peur, bravant nos frayeurs et stimulant celles des autres. Mais, derrière les buissons se cache une étrange silhouette. Le poids d’un regard, l’ouïe d’un souffle rauque… La peur incarnée semble bien s’être invitée pour un Halloween pas comme les autres.


Fiche du film

Affiche d'Halloween, la nuit des masques (1978)
Affiche d’Halloween, la nuit des masques (1978)
  • Genre : Epouvante, Horreur
  • Réalisateur : John Carpenter
  • Année de sortie : 1978
  • Casting : Donald Pleasence, Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes, Charles Cyphers
  • Synopsis : L’histoire se déroule dans la ville d’Haddonfield, dans l’Illinois. Le soir d’Halloween, Michael Myers, âgé de six ans, assassine sa sœur à coups de couteau de cuisine. Il est interné jusqu’à sa majorité pour ensuite être jugé. Cependant, à l’âge de vingt-et-un ans, alors qu’il est transféré pour son procès, il réussit à s’échapper, et prend la route de sa ville natale. Se produisent alors une succession de meurtres. Son psychiatre, le docteur Loomis, se lance à sa poursuite… (senscritique.com)

Critique et Analyse

Halloween, la nuit des masques (1978)
Halloween, la nuit des masques (1978)

Ne serait-il pas un brin opportuniste de sortir un article sur Halloween en ce 31 octobre, jour de la fameuse fête ? Peut-être, mais on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir voulu coller aux circonstances. L’une des œuvres majeures de John Carpenter, l’un de ses plus grands succès, qui l’a conduit à la célébrité, demeure aujourd’hui l’un des piliers du slasher, sous-genre du cinéma d’horreur, dont on connaît la profusion de films qui s’y associent, mais dont le nombre de films qui ont réellement fait date est bien moindre. Comme je le dis dans à peu près chacun de mes articles sur les films de John Carpenter, me contenter de saluer l’efficacité du film en tant que slasher ne serait qu’effleurer la surface du film. On s’en rend bien compte, le réel intérêt d’Halloween n’est pas de voir des adolescents se faire massacrer à la chaîne. Il est bien plus pervers et terrifiant.

« Michael Myers, personnage opaque, mutique, est comme un fantôme, un ange du Mal qui n’a aucune émotion, aucun autre objectif que de tuer et de répandre la peur et la mort sur son passage. »

Avec Halloween, John Carpenter donne vie à l’un des antagonistes les plus célèbres de l’histoire du cinéma : Michael Myers. Dire « donner vie » est un brin erroné, puisque Myers en semble totalement dénué, comme le répète souvent le Dr Loomis, qui le considère comme une incarnation du Mal. Et c’est bien ce qu’il est. C’est d’ailleurs une composante présente dans quasiment tous les films de Carpenter : des bandits invisibles dans Assaut, une créature monstrueuse dans The Thing, un mage des temps anciens dans Jack Burton, des extra-terrestres dans Invasion Los Angeles, des enfants mystérieux dans Le Village des Damnés, et ainsi de suite. Il est toujours présent, via une incarnation directe, ou non. Ici, Carpenter ne laisse pas de place au doute. Michael Myers, personnage opaque, mutique, est comme un fantôme, ancien enfant innocent d’apparence, devenu un ange du Mal qui n’a aucune émotion, aucun autre objectif que de tuer et de répandre la peur et la mort sur son passage. Et le choix de la soirée d’Halloween n’a pas été fait que pour le clin d’œil ou par facilité, mais bien pour donner de l’écho au scénario, dans et à travers l’écran.

Halloween, la nuit des masques (1978)
Halloween, la nuit des masques (1978)

En effet, lors de la soirée d’Halloween, on s’amuse à faire peur et à se faire peur. Les enfants se déguisent, ils profitent de l’absence de leurs parents pour regarder des films d’horreur en toute impunité, ils bravent les interdits, et les adolescents ne sont pas en reste. Il y a, dans le franchissement des limites, une forme d’exaltation et de défiance qui stimule, et qui est totalement humaine. C’est le fruit de la curiosité et d’une volonté éternelle de l’Homme d’aller voir plus loin que ce qui est possible et permis. Cependant, ces limites existent pour une raison. Car celui ou celle qui a le malheur de s’aventurer trop loin au-delà risquera de s’y perdre définitivement. Ici, Michael Myers est cette menace qui rôde autour des audacieux et des téméraires, il est l’esprit frappeur qui punit celui qui a trop pris à la légère les rouages d’un monde qu’il pensait dominer et affronter sans risque. Et, derrière notre écran, nous nous prenons nous-même à suivre cette intrigue, jouant à nous faire peur, frémissant à chaque mouvement de caméra, frissonnant à l’ouïe de la musique désormais célèbre de John Carpenter. Finalement, nous sommes nous même pris dans le piège d’Halloween.

Avec Halloween, John Carpenter s’est érigé parmi les maîtres de l’épouvante et de l’horreur. Avec une réalisation épurée, il parvient à jouer avec les nerfs de son spectateur, induisant sans cesse la menace, en jouant avec le cadre et des mouvements de caméra qui n’ont de cesse de suggérer la présence éventuelle de Michael Myers. Comme souvent dans ses films, il suggère et sonde l’indicible, il va au-delà de ce que dévoile notre regard. C’est l’effet d’une magie malicieuse, qui s’est répandue dans de nombreux films par la suite, pas toujours avec la même efficacité, mais qui a définitivement érigé Halloween au rang de film culte, et en a fait un rendez-vous immanquable et périodique des amateurs de films d’horreur. Mais gare à vous, ne vous aventurez pas trop loin, car, quelque part, il vous a peut-être déjà repéré…


Note et avis

3.5/5

Halloween est devenu un modèle du slasher et du cinéma d’horreur, érigeant John Carpenter parmi les maîtres du genre. L’exploration de nos peurs à travers la silhouette inquiétante de Michael Myers, devenu lui aussi l’un des antagonistes les plus célèbres du cinéma.


Bande-annonce de Halloween

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

2 réflexions sur “Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978) – Critique & Analyse

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