Le Crime de l’Orient-Express (Kenneth Branagh, 2017) – Critique & Analyse
Agatha Christie est probablement l’un des écrivains les plus adaptés au cinéma, ou à la télévision. Avec son emblématique personnage d’Hercule Poirot, entre autres, il y a matière à faire, et ce que nous avons pu constater à travers le temps. Il y a notamment eu Peter Ustinov dans les années 70 et 80 sur le grand écran, et l’inimitable David Suchet des années 80 à 2010, sur le petit écran. C’est le cinéaste expérimenté Kenneth Branagh qui prend leur succession, en héritant du rôle principal en même temps, en commençant avec Le Crime de l’Orient-Express.
Fiche du film
- Genre : Drame, Policier
- Réalisateur(s) : Kenneth Branagh
- Distribution : Kenneth Branagh, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench, Olivia Colman
- Année de sortie : 2017
- Synopsis : Le luxe et le calme d’un voyage en Orient-Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les 13 passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin avant qu’il ne frappe à nouveau. (SensCritique)
Critique et Analyse
Il est difficile d’imaginer réinventer une histoire et un personnage aussi connus, pour lesquels nous avons déjà eu de nombreuses références notables dans le passé. Pour ce Crime de l’Orient-Express, l’objectif est d’effectuer un retour aux sources, de nous faire redécouvrir Poirot, puisque nous sommes face à un nouvel acteur, une nouvelle incarnation du célèbre détective belge. Une séquence introductive nous met face à l’exigence du détective, intransigeant quant à la manière dont ses œufs sont préparés pour son petit déjeuner, puis face à son flegme lorsqu’il marche malencontreusement dans une bouse de cheval et, enfin, face à son génie lorsqu’il résout en public un mystère. C’est le hasard qui va le conduire vers une nouvelle enquête qui va de nouveau le mettre au défi.
« Le Crime de l’Orient-Express ne sera pas spécialement marqué par la prise de risque, choisissant le classicisme pour chercher l’efficacité. »
Whodunnit oblige, le film nous fait rencontrer une galerie de personnages variés, incarnés par un riche casting d’acteurs et d’actrices que nous connaissons bien. Evidemment, comme souvent dans ces films, se pose la question de leur présence simultanée dans ce même train, qui va être perturbée par un meurtre dont on ne connaît pas encore la victime, ainsi que par la présence du détective, qui tombe à point nommé. Un microcosme où Poirot est spectateur, comme nous, comme s’il paraissait à l’écart de ce monde. Le Crime de l’Orient-Express ne sera pas spécialement marqué par la prise de risque, choisissant le classicisme pour chercher l’efficacité.
En effet, sur la forme, le film est à l’image du train où se déroule la majeure partie de l’intrigue : beau, élégant, opulent, brillant. C’est donc dans une esthétique très léchée et polie que se présente cette nouvelle mouture du Crime de l’Orient-Express. Pour le reste, le film n’évitera pas tous les écueils du whodunnit, qui font parfois leur charme, mais aussi leur faiblesse. Des rebondissements inattendus et opportuns, des déductions subites, des révélations soudaines… Le rythme et l’articulation du film font que l’on se prend pleinement au jeu, que l’on s’amuse à recoller les morceaux et à recomposer l’histoire. Tout cela menant à un dénouement évidemment inattendu, qui pose également question.
Kenneth Branagh parvient à nous toucher par moment dans cette enquête qui pourrait se dérouler de manière totalement mécanique, en mode pilotage automatique, et c’est probablement la plus belle qualité d’un film pour lequel s’extirper des codes du genre représentait l’un des principaux enjeux. La profusion d’acteurs connus ne laisse que peu de champ à chacun pour s’exprimer pleinement, transformant presque la présence de certains d’entre eux en caméos devant attirer le spectateur. Le Crime de l’Orient-Express est un film globalement efficace, qui motive le spectateur à se prendre au jeu, et c’est déjà un grand facteur de réussite pour un tel film. Quant au reste, diverses imperfections feront que ce film ne fera pas forcément date, malgré un plutôt bon moment, sur l’instant.
Un film luxueux c’est vrai, mais sur des rails et pas franchement exaltant selon moi. Il reste néanmoins nettement au-dessus de l’épisode suivant qui s’échoue sur les bords du Nil.