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Broken Flowers (Jim Jarmusch, 2005) ★★★½ – Critique & Analyse

Il aurait été regrettable de faire ce petit détour vers la filmographie de Jim Jarmusch sans s’intéresser à Broken Flowers, certainement l’un des films les plus connus du cinéaste, qui lui valut le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes en 2005. Une nouvelle parenthèse douce et mélancolique que nous offre le cinéaste américain.


Fiche du film

Affiche de Broken Flowers (2005)
Affiche de Broken Flowers (2005)
  • Genre : Comédie dramatique
  • Réalisateur : Jim Jarmusch
  • Année de sortie : 2005
  • Distribution : Bill Murray, Jeffrey Wright, Sharon Stone, Jessica Lange, Chloë Sevigny, Julie Delpy, Tilda Swinton
  • Synopsis : Célibataire endurci, Don Johnston (Bill Murray) vient d’être quitté par sa dernière conquête, Sherry (Julie Delpy). Il se résigne une fois de plus à vivre seul. Mais l’arrivée d’une mystérieuse lettre anonyme le contraint à revenir sur son passé. Une de ses anciennes amantes l’informe qu’il a un fils de dix-neuf ans, et que celui-ci est peut-être parti à sa recherche. Le meilleur ami de Don, Winston (Jeffrey Wright), père de famille et détective amateur, le pousse à enquêter sur ce ‘mystère’. Malgré son peu de goût pour les voyages, Don s’embarque dans un périple à la recherche d’indices, retrouvant quatre de ses anciennes amours (Sharon Stone, Frances Conroy, Jessica Lange et Tilda Swinton). (SensCritique)

Critique et Analyse

Jeffrey Wright et Bill Murray dans Broken Flowers (2005)
Jeffrey Wright et Bill Murray dans Broken Flowers (2005)

C’est la seconde collaboration entre Jim Jarmusch et Bill Murray, après Coffee and Cigarettes, en 2003, avant The Limits of Control en 2009 et The Dead Don’t Die, qui ouvrira le Festival de Cannes cette année. Ici, nous retrouvons un Bill Murray un brin hagard, détaché, immobile, dans son canapé, au point de laisser sa dernière compagne le quitter sans lutter. Pas de doutes, nous sommes bien chez Jarmusch, avec la rencontre de ce personnage solitaire, détaché, et, quelque part, en marge. C’est un nouveau film très calme et posé, si je puis m’exprimer ainsi en parlant d’un film, qui montre cette attirance de Jarmusch envers le simple et le banal, et cette perpétuelle intention de restituer la réalité sans chercher à l’embellir inutilement.

« Broken Flowers propose une véritable exploration du passé, à travers les souvenirs ravivés par les anciennes compagnes de Don, tout en croisant les destins, qu’ils soient accomplis ou potentiels. »

Poussé par son ami Winston à lever le mystère à propos d’une lettre anonyme qu’il a reçue, lui apprenant qu’il a un fils de 19 ans, Don prend donc la route pour retrouver la trace des femmes de sa vie, celles qu’il a côtoyé, et dont l’une d’entre elles pourrait, et devrait, être la mère de cet enfant inconnu. Don doit alors rompre avec son quotidien, quitter le confort de sa maison, et prendre le risque de se plonger, à nouveau, dans son passé. Broken Flowers propose une véritable exploration du passé, à travers les souvenirs ravivés par les anciennes compagnes de Don, tout en croisant les destins, qu’ils soient accomplis ou potentiels. En effet, les événements du passé constituent le ciment du présent, et permettent à Don de se rappeler d’où il vient. Mais les retrouvailles avec ses anciennes compagnes lui font également découvrir ce qu’elles sont devenues, et ce qu’il aurait lui aussi pu devenir.

Bill Murray et Jessica Lange dans Broken Flowers (2005)
Bill Murray et Jessica Lange dans Broken Flowers (2005)

C’est là que se situe toute la pertinence de Broken Flowers. C’est la redécouverte des vies que l’on a vécu, et la découverte de celles que l’on aurait pu vivre. Il y a celle qui a trouvé une bonne situation mais qui est malheureuse en amour, avec un mari étouffant et prétentieux. Celle, plus passionnée, qui n’a jamais su trouver l’homme qu’elle voulait, et qui vit seule avec sa vie. Il y a aussi celle qui a trouvé le mode de vie qui lui correspondait, une passion qui l’épanouit et qui lui suffit. Enfin, il y a celle qui vit avec un rustre violent et qui s’est refermée sur elle-même. Chacune de ces femmes et chacun de leur parcours semble représenter une sorte de réalité alternative à celle dans laquelle a vécu Don, qui a croisé le chemin de chacune d’entre elles, mais qui a suivi, finalement, sa propre route.

Mais, dans tout cet entrelacs composé de toutes ces vies vécues et non-vécues, la clé, c’est la paternité. Une paternité que cherche à découvrir Don en voulant lever le mystère autour de cette lettre, en voulant retrouver ce fils inconnu, mais qu’il a pourtant, jusqu’ici, toujours évité, en étant incapable de s’installer durablement avec une femme. C’est le portrait d’un homme qui a toujours été tiraillé entre les délices de l’amour et la peur de s’installer, de s’engager, de peur de ne plus ressentir la passion initiale, d’être responsable d’un enfant, ou de ne plus s’accomplir lui-même. Ainsi, Broken Flowers se présente comme une balade toute en sobriété et en nuances explorant les différents chemins que peut emprunter notre vie, s’intéressant principalement à la paternité, tantôt voulue, tantôt fuie et, au fond, espérée, mais tout n’est pas toujours si simple.


Note et avis

3.5/5

Broken Flowers est en plein dans ce qui constitue le cinéma de Jarmusch, une balade toute en sobriété et en nuances, capturant la réalité avec une grande intelligence.


Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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