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Black Swan (Darren Aronofsky, 2010) ★★ : Mauvais cygne

La réputation de Black Swan avait fait de lui, à mes yeux, un de ces films à découvrir un jour, avec la promesse de me prendre une petite claque cinématographique. Son côté sombre, dramatique et torturé en a bouleversé plus d’un, et c’est donc à mon tour de me rendre compte. Mais il y a des fois où l’attente, aussi retenue soit-elle, ne s’avère pas satisfaite, et ce Black Swan en est un très bon exemple.


Fiche du film

Affiche de Black Swan (2010)
Affiche de Black Swan (2010)
  • Genre : Drame
  • Réalisateur : Darren Aronofsky
  • Distribution : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel
  • Année de sortie : 2010
  • Synopsis : Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, innocent et pur, au New York City ballet. Mais elle doit confronter son côté obscur, rusée et sensuelle. (SensCritique)

Critique et Analyse

Black Swan (2010)
Black Swan (2010)

Dans le monde très exigeant et concurrentiel de la danse classique, Nina cherche à se faire une place, et une formidable opportunité se présente à elle lorsque Thomas, maître de ballet, cherche une danseuse unique pour jouer la « reine des cygnes », à la fois cygne blanc et cygne noir. Thomas l’a rapidement dans son viseur, mais le chemin vers l’obtention du rôle va contraindre Nina à consentir de nombreux efforts et de nombreux sacrifices. Figure angélique, presque virginale, elle est l’image de cette beauté pure, reflet du « cygne blanc ». Elle est comme un rayon de lumière dans un monde envahi par l’ombre, mais pour s’accomplir, elle doit embrasser cette dernière.

« Si le film a toutes les cartes en main pour mettre en scène un profond mal-être et créer une vraie ambiance, les artifices écrasent de leur lourdeur l’authenticité de l’expérience. »

Nul besoin d’être expert en ballets ou en musique classique pour comprendre que Darren Aronofsky, sous couvert de la mise en scène fictive du célèbre ballet, livre ici une adaptation de l’histoire de ce dernier à travers la vie de Nina. Tout l’enjeu du cinéaste est d’imprimer les stigmates des maux de ce monde sur Nina, pour, peu à peu, la faire basculer vers l’ombre. Dans sa quête, elle doit s’exposer aux tentations, aux jalousies, aux passions, aux pulsions, autant d’éléments aussi naturels qu’ils sont susceptibles de pervertir la jeune femme de nature très naïve et sérieuse. L’idée a tout pour séduire, dans la mesure où elle est bien exécutée. Et c’est ici que Black Swan pêche cruellement. Car si le film a toutes les cartes en main pour mettre en scène un profond mal-être et créer une vraie ambiance, les artifices écrasent de leur lourdeur l’authenticité de l’expérience.

Black Swan (2010)
Black Swan (2010)

Dès les premières images de ballets, la caméra d’Aronofsky tourne, tourne, tourne encore… Comme pour nous immerger dedans, pour nous rapprocher de la danseuse, le cinéaste cherche le mouvement, le facteur stimulant. Et ce sera le cas tout au long d’un film qui a besoin de montrer, de dire, d’exposer, pour faire réagir le spectateur. Les blessures de la danseuse, les scènes érotiques, la violence… Tout est amené avec force, mais sans puissance. Le cinéaste veut choquer, mais il ne fait que choquer pour choquer, sans véritablement atteindre notre propre conscience, provoquant quelque chose tenant plus de l’ordre du réflexe que de la réflexion. Artificiels, ces effets s’accompagnent d’une écriture très balourde, qui avance avec de gros sabots, sans subtilité, avec un cinéaste qui se regarde filmer, plutôt que de convier le spectateur à cette sinistre danse et à réellement lui faire comprendre les tourments vécus par Nina.

L’intention d’Aronofsky en réalisant Black Swan est claire, mais elle est tellement claire qu’elle en devient aveuglante. Certes, les interprètes, Natalie Portman et Vincent Cassel en tête, offrent des prestations intéressantes, mais la réalisation et l’écriture du film restent ses principaux défauts. À peine de nouveau accroché à l’intrigue que je décrochais à nouveau de celle-ci. Manquant d’honnêteté, de spontanéité et de subtilité, Black Swan est de ces films qui peuvent se regarder, mais que l’on n’arrive pas à vivre pleinement. Dans le genre, je préfère vous encourager vivement à découvrir le Perfect Blue de Satoshi Kon.


Note et avis

2/5

Darren Aronofsky débarque avec ses gros sabots et se regarde filmer avec Black Swan, dont on regrette largement la lourdeur de l’écriture et des effets, qui le rendent trop artificiel et peu convaincant.

Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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