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Cinexpress #72 – Driver (1978)

Il n’y a pas de recette miracle pour faire un bon film. Ce qui est indubitable, c’est que la réussite d’un film est rarement proportionnelle aux moyens (notamment financiers) qui ont été consentis à sa réalisation et à sa production. Une ambiance particulière, une intrigue bien ficelée, de bons acteurs sont, eux, la garantie d’avoir un bon film, mais ce n’est pas toujours facile de conjuguer les trois. Pourtant Driver, malgré sa grande modestie, y arrive parfaitement.

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Affiche de Driver (1978)
Affiche de Driver (1978)
  • Genre : Action, Policier, Thriller
  • Réalisateur : Walter Hill
  • Année de sortie : 1978
  • Casting : Ryan O’Neal, Bruce Dern, Isabelle Adjani
  • Synopsis : À la sortie d’un casino, une jeune femme est témoin d’un braquage effectué par deux gangsters qui parviennent à échapper à la police grâce à l’habileté du chauffeur de la voiture. Elle refuse de donner leur signalement à la police et parvient à se lier avec le chauffeur. Ceci afin de tenter de lui dérober son butin….(senscritique.com)

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Bruce Dern et Isabelle Adjani dans Driver (1978)
Bruce Dern et Isabelle Adjani dans Driver (1978)

Le titre du film, Driver, vous a probablement interpellé et ramené au souvenir du film de Nicolas Winding Refn, Drive, sorti en 2011. Et vous avez tout à fait raison d’y penser, car il ne fait aucun doute que le réalisateur danois a puisé dans Driver une certaine dose d’inspiration, bien qu’on ne puisse certainement pas parler ici de remake. Pourtant, les similitudes sont relativement flagrantes, et ce dès la scène d’exposition, mettant en scène le braquage d’un casino et la spectaculaire évasion des bandits à l’aide d’un chauffeur impassible et extrêmement doué. Suivant un rythme très similaire à la scène d’ouverture de Drive, elle montre un héros également très semblable à celui interprété par Ryan Gosling dans le film de Refn. Blond aux yeux bleus, calme, imperturbable, n’ayant pour seul but que d’accomplir sa mission sans chercher à en savoir plus, le personnage campé par Ryan O’Neal (révélé notamment dans le chef d’oeuvre de Kubrick Barry Lyndon) présente cette même ambivalence et ce charisme silencieux que le personnage principal de Drive.

Si établir des parallèles entre les deux films est tout à fait juste par leur relation modèle/descendant, ils divergent sur leur intrigue et leur construction. Driver est un film plus policier et piège que ne l’est Drive. Il s’appuie notamment sur trois personnages centraux que sont la jeune femme mystérieuse et manipulatrice (Isabelle Adjani), le policier exubérant et déterminé (Bruce Dern), et le chauffeur calme mais intraitable (Ryan O’Neal). Ces personnages ne sont d’ailleurs affublés d’aucun nom, pour ne pas alourdir le récit, mais aussi lui donner l’aspect d’une fable universelle. Car, en soi, Driver raconte le quotidien de tout un microcosme vivant dans l’ombre.

Ryan O'Neal dans Driver (1978)
Ryan O’Neal dans Driver (1978)

Walter Hill prend d’ailleurs un certain soin pour filmer son histoire, avec une mise en scène très sobre mais toujours en maîtrise. L’atmosphère pesante dans laquelle évolue l’intrigue se nourrit des rapports de force liant les personnages, tous menacés par des enjeux importants et devant dévier de leur trajectoire et s’exposer pour parvenir à leurs fins. Une nouvelle fois, le personnage du chauffeur trouve écho chez le héros de Drive, incarnant un hors-la-loi malgré tout juste et ne commettant aucun impair impardonnable et gratuit. Les scènes de course-poursuite viennent ponctuer le film pour installer son rythme, et leur mise en scène soignée n’a pas grand chose à envier à des classiques du genre tels que Bullitt.

Driver est un film qui ne dispose pas d’une grande postérité de par sa modestie qui le caractérise mais qui fait également tout son charme. Parfait mélange entre les films noirs des années 30 à 50 et l’ambiance seventies plus proche des Bullitt et Point Limite Zéro, Driver est une belle réussite qui cache bien son jeu. Avec son casting très bien choisi, ses scènes de poursuite réussies, son intrigue bien ficelée mêlant action, suspense et rebondissements, le film fait vrombir les moteurs, s’expose, se cache, il violente, il nuance et surtout, il surprend. Jamais trop ambitieux, jamais trop prévisible, Driver est un film à découvrir, à voir et à revoir.

Note : 7,5/10.

Bance-annonce de Driver

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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