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The Pale Blue Eye (Scott Cooper, 2023) – Critique & Analyse

Scott Cooper et Christian Bale, voilà un duo qui ne peut qu’augurer de bonnes choses après le très bon Hostiles, sorti en 2018. Alors, quand on imagine une enquête dans l’hiver froid d’une Amérique naissante, avec le nom d’Edgar Allan Poe au générique, on se prend à placer de grands espoirs en The Pale Blue Eye.


Fiche du film

Affiche de The Pale Blue Eye (2023)
Affiche de The Pale Blue Eye (2023)
  • Genre : Policier, Epouvante-Horreur, Thriller
  • Réalisateur(s) : Scott Cooper
  • Distribution : Christian Bale, Harry Melling, Gillian Anderson, Lucy Boynton
  • Année de sortie : 2023
  • Synopsis : 1830. Un détective chevronné enquête sur les meurtres qui ont eu lieu au sein de l’Académie militaire américaine de West Point, aidé par une jeune recrue méticuleuse qui deviendra plus tard un auteur mondialement connu, Edgar Allan Poe. (SensCritique)

Critique et Analyse

Christian Bale dans The Pale Blue Eye (2023)
Christian Bale dans The Pale Blue Eye (2023)

Le froid et la neige accompagnent d’emblée ce film qui nous présente rapidement le personnage d’Augustus Landor, missionné par l’académie militaire de West Point pour résoudre une affaire macabre. Dans le froid, au milieu de la nature, le visage marqué par les années et les traits prononcés, l’ancien commissaire a la parfaite allure de l’âme errante et solitaire que l’on verrait bien dans un roman de Poe. Avec ces décors, cette froideur ambiante, cette histoire de cadavres mutilés, tout est fait pour nous immerger dans une atmosphère de roman gothique. Il n’en faut d’ailleurs pas beaucoup plus au spectateur pour être séduit par le dispositif et se prendre au jeu, allant à l’assaut de cette enquête qui s’annonce pleine de mystères.

« The Pale Blue Eye repose principalement sur son duo d’acteurs principaux et sur sa beauté formelle pour donner au film un cachet qui compense ses fébrilités en termes de narration, et sa difficulté à tenir sur la durée. »

C’est ainsi que The Pale Blue Eye nous offre une mise en bouche des plus réussies, le film faisant preuve d’une élégance et d’une rigueur formelle au rendez-vous. Et cette beauté est affaire d’extérieurs, mais aussi d’intérieurs, propices à de nombreux jeux de lumière qui viennent peaufiner ce travail sur l’image déjà bien prononcé. Mais qu’en est-il de la narration ? Car une histoire d’enquête répond toujours à certaines obligations et contraintes qui peuvent pousser à adopter certains tics de langage bien connus. Et ce film ne fait pas forcément exception, même s’il cherche quelques ruses pour s’en défaire, notamment avec l’association Landor/Poe qui crée un duo des plus intéressants. The Pale Blue Eye repose principalement sur son duo d’acteurs principaux et sur sa beauté formelle pour donner au film un cachet qui compense ses fébrilités en termes de narration, et sa difficulté à tenir sur la durée.

The Pale Blue Eye (2023)
The Pale Blue Eye (2023)

En effet, il est difficile, quand l’enquête répète les mêmes motifs, que la culture du mystère doit régner, de ne pas tomber dans le piège de l’étirement, ce que The Pale Blue Eye n’évite pas. Alors que l’intrigue tâtonne et que le charme des débuts s’évapore, le film va chercher dans le changement de ton et les révélations surprenantes les clés pour contrecarrer ce vilain sort. Ce qui ne marchera qu’à moitié, cela ne faisant que perdre au film une certaine harmonie qu’il était parvenu à maintenir jusqu’ici. Des sursauts qui ressembleraient presque à des aveux d’impuissance face à une production qui a dû être conditionnée par la propension que Netflix peut avoir à museler les cinéastes et à les pousser à suivre un cahier des charges bien défini. Chose bien regrettable quand on imagine le réel potentiel du film.

Toutefois, il ne s’agirait pas de dire que The Pale Blue Eye est un film manqué, loin de là. C’est un film qui réussit notamment à réunir et à jouir d’un casting assez fourni, avec Christian Bale donc, mais aussi des seconds rôles marquants avec le vétéran Robert Duvall, dont chaque apparition fait toujours plaisir, Gillian Anderson, Toby Jones et Timothy Spall, le rôle de Charlotte Gainsbourg s’avérant bien plus anecdotique. Mais c’est surtout la prestation d’Harry Melling qui marque, incarnant un Edgar Allan Poe perspicace et intelligent, et surtout sensible et fragile, au bord de la rupture, qui semble bien correspondre à l’image que l’on se ferait de lui. Bien que très frustrant, The Pale Blue Eye reste un film plaisant, qui ravira les amateurs d’enquêtes à rebondissement, et encore plus ceux qui aiment les inspirations gothiques avec cette ambiance hivernale et cette propension au fantastique. Malheur, cependant, à celles et ceux qui auraient une attente trop importante, et l’espoir de voir quelque chose de singulier.

Note et avis
En résumé
Scott Cooper, Christian Bale, décors hivernaux d'une Amérique naissante, enquête, Poe... Que de bons arguments pour se plonger dans The Pale Blue Eye, qui a ses atouts, déjà cités, se matérialisant bien, même si, à la fin, les conventions finissent par le museler et l'étirer.
3
Note

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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