Swing Kids (Kang Hyung-chul, 2018) ★★★½ : Danse avec l’histoire
Enfilez vos claquettes, cette fois-ci nous allons danser ! Avec la programmation de Swing Kids au Festival du Film Coréen à Paris, voici une occasion de découvrir autre chose, de changer une nouvelle fois de registre. Nous avions déjà pu voir la guerre représentée dans le cinéma coréen de plusieurs manières, mais cette approche, plus musicale, constitue une première.
Fiche du film
- Genre : Drame, Historique, Musical
- Réalisateur : Kang Hyung-chul
- Année de sortie : 2018
- Distribution : D.O., Park Hye-Soo, Oh Jung-se
- Synopsis : Pendant la Guerre de Corée, l’île de Geoje accueille l’un des plus grands camps de prisonniers du pays. Le sergent Jackson est l’un des gardes américains du camp, danseur de claquettes au civil, qui se voit missionner par le commandant de monter un spectacle pour Noël. Jackson organise des auditions et fait la connaissance de Ki-soo, jeune Nord-coréen naturellement doué, très populaire parmi les prisonniers, au caractère trempé franchement anti-américain… (FFCP)
Critique et Analyse
Les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale furent chaotiques pour la Corée. Car, même si libérée du joug japonais, elle devint un terrain d’affrontements idéologiques entre communistes et occidentaux, et fut séparée en deux. La séparation tient hélas toujours, et, à l’époque, elle fut le théâtre d’une véritable guerre, notamment menée par les américains, les russes et les chinois. Ici, nous nous trouvons sur l’île de Geoje, au sud du pays, où sont détenus de nombreux prisonniers sud-coréens et nord-coréens, le camp étant divisé en deux pour séparer les sud-coréens des nord-coréens.
« Avec la danse et la musique, Swing Kids crée un exutoire pour ces différents personnages ayant un manque à combler, qui ont besoin d’un moyen d’expression, autre que la violence qui règne en ces temps de guerre. »
Alors que le pays est au plus mal, qu’un climat de violence règne en permanence, nous allons être invités à assister à la formation d’une petite troupe de danse, menée par Jackson, sergent américain particulièrement doué aux claquettes. La troupe sera composée de membres issus d’horizons divers, avec un jeune chinois un peu bedonnant, un sud-coréen qui cherche désespérément à retrouver sa femme, une jeune sud-coréenne en quête d’argent et d’un travail, et un jeune nord-coréen rebelle adulé par son camp et sa défiance envers les américains. Avec la danse et la musique, Swing Kids crée un exutoire pour ces différents personnages ayant un manque à combler, qui ont besoin d’un moyen d’expression, autre que la violence qui règne en ces temps de guerre.
Swing Kids n’est pas une comédie musicale à proprement parler. Les personnages ne se mettent pas à chanter et à lancer de longues chorégraphies millimétrées. C’est un film dont le rythme se base sur des passages dansés et accompagnés par de la musique, fugaces moments de liberté au milieu de la morosité ambiante, superbement filmés et mis en scène. Beaucoup d’énergie se dégage de ce film, une énergie qui peut être aussi positive que négative, à l’image des variations que Swing Kids opère dans le ton utilisé, pouvant passer rapidement de la blague potache à la tragédie sur fond de guerre.
Swing Kids est un film profus, traitant de nombreux sujets comme le racisme, les relations entre Corée du Nord et Corée du Sud, la douloureuse histoire de la Corée, l’influence des grandes puissances sur cette dernière… C’est un film qui dit beaucoup de choses, quitte à être confus par moments, mais qui choisit un traitement original de l’histoire, à travers la musique et la danse, symboles d’une libération espérée et fantasmée, d’une paix et d’une harmonie retrouvées. Un film capable de faire monter au septième ciel, comme de faire tomber très haut, et qui ne peut laisser insensible.
Note et avis
3.5/5
Swing Kids invoque la musique et la danse comme symboles d’espoir et de liberté en temps de guerre, en étant capable d’être à la fois burlesque et tragique.