Nobody (Ilya Naishuller, 2021) – Critique & Analyse
Son nom est personne. Un peu comme tout le monde qu’il croise, pour qui il n’est personne, et qui ne sont personne à ses yeux non plus. D’illustres inconnus dont on ne connait pas la vie, le passé, la vraie personnalité. Ce Nobody que l’on va découvrir a, lui, plus d’un secret à cacher.
Fiche du film
- Genre : Action, Thriller
- Réalisateur(s) : Ilya Naishuller
- Distribution : Bob Odenkirk, Aleksey Serebryakov, Connie Nielsen, Christopher Lloyd
- Année de sortie : 2021
- Synopsis : Hutch Mansell, un père de famille sans histoire, accumule un tas de frustrations. Alors que des cambrioleurs rentrent chez lui, Hutch va se défendre et faire preuve d’une grande violence. Un incident qui va faire resurgir les secrets de son passé… (SensCritique)
Critique et Analyse
Le spectateur qui découvre Nobody sait déjà à peu près dans quoi il s’embarque : l’histoire d’un homme ordinaire, sans histoire, qui va, un jour, s’embarquer dans un déchaînement de violence. Une nouvelle figure du vigilante qui va s’inscrire dans la lignée des Inspecteur Harry, Death Wish, ou, plus récemment, John Wick. C’est d’ailleurs avec ce dernier que Nobody va souvent être comparé, comme étant une sorte de simili John Wick, mais il est certain que la comparaison s’arrête à la simple vision de la libération de la colère d’un homme qui en avait pourtant fini avec la violence.
« Nobody nous embarque alors dans une spirale de violence avec ce personnage très proche de la réalité dans la banalité qu’il dégage, tout en n’hésitant pas à jouer la carte de l’exagération au fil de notre avancée dans l’histoire. »
Nobody cherche tout de suite à planter le décor en faisant de son personnage principal un père de famille embarqué dans une routine ennuyeuse, les jours défilant toujours plus vite à force de se ressembler. Un père parvenant de moins en moins à assumer son rôle, notamment auprès de sa femme et de ses enfants. Même au moment où il doit être présent pour les siens, il choisit de ne pas agir. Pourtant, le spectateur comprend qu’à ce moment là, c’était la meilleure décision qu’il pouvait prendre. Cependant, un point de non-retour était atteint. Nobody nous embarque alors dans une spirale de violence avec ce personnage très proche de la réalité dans la banalité qu’il dégage, tout en n’hésitant pas à jouer la carte de l’exagération au fil de notre avancée dans l’histoire.
Là où un John Wick se veut très esthétique, léché, chorégraphié, cool, Nobody est bien plus rugueux, décomplexé et terre-à-terre. Si le film part sur la base d’un quotidien auquel le spectateur peut s’identifier pour qu’il établisse des repères bien établis, il peut derrière se permettre des écarts qui provoquent quelque chose de jubilatoire et libérateur. Le changement radical d’attitude du personnage a aussi tendance à désarçonner, ne rendant pas toujours claires ses motivations et laissant le spectateur dans l’incrédulité pendant quelques instants. Mais les pièces du puzzle finissent par s’assembler naturellement. Et si le film ne cherche pas systématiquement à être poseur, il cherche quand même quelques passages photogéniques et n’hésite pas à mettre en valeur son héros.
Nobody ne réalise pas d’incroyables prouesses, mais il offre la garantie d’un bon moment pour tous les amateurs du genre. Conscient de ce qu’il est, il ne se moque jamais du spectateur, que ce soit dans sa volonté d’être réaliste, que dans ses envolées plus décomplexées, ou encore dans les clichés dans lesquels il s’engouffre volontairement. C’est également très plaisant de voir Bob Odenkirk, l’emblématique Saul de l’excellente série Better Call Saul (et Breaking Bad, bien sûr), dans ce rôle qui lui convient parfaitement. Y aura-t-il une suite ? Peut-être, et on a envie de dire pourquoi pas.