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Mommy, Xavier Dolan, 2014 : Entre joies et désillusions

ATTENTION ! La critique qui suit contient un SPOILER (indiqué) à la fin. C’est après tout le vacarme médiatique provoqué par cette nouvelle réalisation signée par le nouveau petit prodige du cinéma Xavier Dolan, que j’ai cédé à la pression. J’avoue, au début j’avais un peu envie de boycotter ce film, le battage médiatique a quelque peu tendance à me rendre allergique… Mais d’un autre côté j’avais un besoin permanent de voir Mommy pour le découvrir, lui et son réalisateur.

Dolan décide donc d’explorer la thématique de la relation mère/fils à travers un duo bien singulier, incarné par Diane, mère veuve et fauchée, et Steve, l’adolescent turbulent, fantaisiste et aux violents accès de colère. Difficile d’essayer de résumer ce film qui nous fait partir dans un sens, puis dans l’autre, avancer, reculer… On suit avec un certain entrain, mais également un certain désespoir, le quotidien des deux protagonistes, souvent menés à s’affronter à cause des problèmes qu’ils rencontrent perpétuellement. Ils se lient d’amitié avec Kyla, la voisine d’en face, qui elle-même va retrouver une certaine joie de vivre à la rencontre de ce couple atypique, mais également constater les tensions auxquelles ils sont mutuellement confrontés. Je dois dire que j’ai été rapidement séduit par cette histoire qui jongle avec une facilité déconcertante avec nos émotions, en sachant nous faire rire, puis nous ramenant à la dure réalité à la scène suivante.

Le rendu est authentique, on se croit vraiment témoins de la vie quotidienne de Diane et de Steve, notamment grâce au format de la caméra choisi, donnant à ce film des faux airs de film amateur. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’amateurisme n’a ici pas sa place.

— ! ATTENTION SPOILER ! —

Même si on voit la progression du fils tout au long du film, avec cet espoir qu’il finisse par redresser la barre et réaliser ses rêves, le rêve même de la mère, dans la voiture au départ pour l’hôpital psychiatrique, nous fait littéralement passer du happy ending, à la sortie du rêve qui nous fait admettre la triste fatalité. La scène de fin où le fils court vers la vitre représente ce qu’est le film-même : la quête de la liberté, et la perspective d’une répétition perpétuelle des échecs du fils dans cette quête. On en déduit que la chute qui s’ensuit est probablement mortelle, signifiant que le fils préfère mourir libre que de moisir en camisole de force, et surtout qu’à travers cet ultime instant de liberté, ses chances d’un jour réussir à contrôler son comportement violent et à éponger ses dettes étaient désespérées.

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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