A la rencontre de… Le Trou (1960)
Le milieu carcéral a été source d’inspiration pour de nombreux réalisateurs, et a été la base de nombreux grands films comme Les Évadés (1994), La Grande Évasion (1963), Je Suis un Évadé (1932), ou le film d’aujourd’hui, Le Trou. Classique du cinéma français réalisé par Jacques Becker (qui, hélas, disparaîtra subitement peu de temps après le tournage), le film a une approche du milieu différente des films précédemment cités, et on ne peut que constater qu’il s’agit d’une réussite à bien des égards.
Le film dépeint le milieu carcéral avec une délicatesse et un souci du détail impressionnants. Pas de scène d’évasion sous les projecteurs et sous les coups de feu, non, Jacques Becker met ici en scène l’échafaudage d’un plan d’évasion minutieux, véritable travail de fourmi dont la réussite ne tient qu’à la détermination et à l’expertise de ses participants.
Le Trou nous immerge d’entrée dans l’ambiance, en nous faisant suivre le transfert du jeune Gaspard, dans une nouvelle cellule de la prison de la Santé, où il rencontre ses quatre nouveaux compagnons, qui lui annoncent qu’ils ont décidé de s’évader. Quatre compères aux tempéraments variés, mais soudés, et menés par Roland, incarné par Jean Keraudy, qui a lui-même été réellement incarcéré dans cette même prison et qui a fait une tentative d’évasion avec ses quatre co-détenus en 1947. Un élément non négligeable qui montre toute la volonté de Jacques Becker de réaliser un film au plus près de la réalité des faits.
En effet, le montage et le rythme du film poussent davantage à la contemplation qu’à la quête d’action. Dépourvu d’accompagnement musical, réduisant au maximum les ellipses, Le Trou est un film réalisé avec soin mais surtout une extrême sobriété qui le fait presque devenir un documentaire romancé. Le plan d’évasion et son exécution sont ici en effet relatés dans le détail, ne se permettant d’éluder aucun élément et de répondre à toutes les questions que le spectateur serait à même de se poser quant à la faisabilité de ce plan.
L’accent est ici mis sur le huis clos, les scènes se déroulant toutes dans des espaces fermés. Le spectateur, accompagnant de surcroît Gaspard dans son transfert de cellule dès le début du film, a la sensation d’être lui-même prisonnier et de faire partie intégrante de ce vaste plan d’évasion.
Le Trou est le film sur l’univers carcéral par excellence, prenant le temps de raconter son histoire avec soin et détail, le tout avec un réalisme impressionnant, porté par des acteurs impeccables. Tout y est décortiqué et exposé avec précision, au fil d’une intrigue au rythme volontairement lent, mais définitivement prenante et passionnante.
Note : 9/10.