La Famille Asada (Ryôta Nakano, 2023) – Critique & Analyse
Tout droit venu du Japon, un petit soleil vient illuminer et réchauffer nos froides journées d’hiver. La Famille Asada, présenté comme un film familial enjoué et léger, qui vient en effet tenir ces promesses, mais aussi nous réserver quelques autres surprises bienvenues.
Fiche du film
- Genre : Comédie dramatique
- Réalisateur(s) : Ryôta Nakano
- Distribution : Kazunari Ninomiya, Haru Kuroki, Satoshi Tsumabuki, Jun Fubuki
- Année de sortie : 2023
- Synopsis : Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main. (SensCritique)
Critique et Analyse
Là où on s’attend justement à quelque chose de relativement positif et drôle, le film s’ouvre sur un drame. Premier étonnement, qui va offrir l’ouverture parfaite sur un long flashback, initié par la présentation d’une photo pas comme les autres. Comme son nom l’indique, La Famille Asada va nous raconter l’histoire d’une famille japonaise ordinaire, la mère étant infirmière pendant que le père s’occupe de la maison et de leurs deux fils. Une famille banale qui, pourtant, recèle en elle quelque chose d’extraordinaire. C’est pour cela que le film va se focaliser sur la vie du jeune Masashi, le fils cadet, qui hérite de l’appareil photo de son père et qui va ainsi pouvoir cultiver sa passion de la photo. Une passion qui va le pousser à mener une vie toute sauf linéaire et rangée, guidée par les imprévus, une vie riche d’enseignements et de révélations.
« Dans La Famille Asada, la photo se présente comme le lien entre les générations, une impression de nos souvenirs, heureux et tristes, célébration de la vie, même lorsque celle-ci s’achève. »
Masashi incarne, tout d’abord, la transgression et la rébellion vis-à-vis d’une société très guidée par les traditions. A l’opposé de son frère, il mène sa vie comme il l’entend, au risque de cumuler les désillusions et de passer pour un raté. Mais Masashi a décidé de vivre sa vie pleinement, et il veut transmettre cela à sa famille. C’est ainsi que la première partie de La Famille Asada se montre très rythmée, enjouée et drôle, recréant les photos de famille réalisées par le vrai Masashi. Souvent décrié, c’est l’électron libre qui sert de liant au sein de cette famille qu’il immortalise à travers ces clichés. Puis le film va progressivement changer de ton, mêlant la petite histoire de Masashi à la grande pour lui faire découvrir d’autres vocations. Dans La Famille Asada, la photo se présente comme le lien entre les générations, une impression de nos souvenirs, heureux et tristes, célébration de la vie, même lorsque celle-ci s’achève.
En se montrant plus lent dans son développement dans sa seconde partie, le film de Ryôta Nakano cherche à offrir un point de vue différent sur son sujet. D’abord traité avec humour et légèreté, il vient le faire avec davantage de gravité pour solliciter nos émotions. Les photos deviennent les seules traces palpables des disparus et des morts, et même pour Masashi, la tâche n’est pas simple, mais c’est en faisant cela qu’il se sent exister, qu’il se sent utile et qu’il parvient à redonner de la joie où il n’y en a plus. Pour lui, le bonheur ne fait pas la photo, c’est la photo qui fait le bonheur. Car son but est de capturer la vérité, de saisir des instants créés avec spontanéité, qui traduisent de vraies émotions.
Le parallèle avec le cinéma devient alors tentant, le septième art nécessitant également de la spontanéité, la réalisation de films étant toujours cadrée au maximum alors que les aléas feront toujours en sorte que le programme change. La Famille Asada suit également ce principe, provoquant le rire et les larmes à des moments inattendus, nous surprenant plus d’une fois même si son développement suit un parcours relativement classique. Le temps passe, les gens vont et viennent, naissent et disparaissent, mais les images restent, grâce à une drôle de magie qui nous permet de revivre des instants perdus dans le temps.
C’est une très belle critique dans laquelle je retrouve des impressions qui ont fait le Tour de mon Ecran. Il semble en effet que Nakano ait su trouver la juste vibration pour toucher le spectateur avec cette histoire qui lie l’intime au collectif, une philosophie qui n’est pas sans faire écho à la tradition japonaise. La question du souvenir est centrale, celui de ceux que l’on aime, particulièrement de ceux qui ne sont même plus sur les photos. Et Nakano trouve cette astuce pour faire revenir ce fantôme, conjurant la mort en un clin d’œil espiègle. Je trouve cela très beau.
Je comprends que ce film ait très bien marché au Japon.
Merci ! En effet il avait tout pour plaire, et même en France il a son petit succès à son échelle et ça fait plaisir.