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Gatsby le Magnifique (Baz Luhrmann, 2013) – Critique & Analyse

Gatsby le Magnifique, le célèbre roman de Fitzgerald, témoin de son époque, les Années Folles, connut deux adaptations au cinéma. Une première réalisée par Jack Clayton, avec Robert Redford dans le rôle de Gatsby, et une seconde, souvent plus connue, réalisée par Baz Luhrmann, et où Leonardo DiCaprio hérite du rôle.


Fiche du film

Affiche de Gatsby le Magnifique (2011)
Affiche de Gatsby le Magnifique (2011)
  • Genre : Drame
  • Réalisateur(s) : Baz Luhrmann
  • Distribution : Leonardo DiCaprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan, Joel Edgerton, Jason Clarke
  • Année de sortie : 2013
  • Synopsis : Printemps 1922. L’époque est propice au relâchement des mœurs, à l’essor du jazz et à l’enrichissement des contrebandiers d’alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle West pour s’installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d’un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s’étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C’est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d’absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats. (SensCritique)

Critique et Analyse

Gatsby le Magnifique (2013)
Gatsby le Magnifique (2013)

Contrairement à ce que le titre du film indique, ce n’est pas véritablement Gatsby le personnage principal du film ou, tout du moins, il nous fait adopter le point de vue d’un autre personnage, Nick Carraway. Pensionnaire d’un hôpital psychiatrique, il y raconte ses souvenirs à son docteur, en parlant notamment de Jay Gatsby, l’homme avec le plus d’espoir qu’il connut. Ces souvenirs nous ramènent en 1922, une époque de faste et d’insouciance pour toute une classe de la société américaine, où les mœurs se relâchent, où l’on rompt avec les traditions et où l’on défie sans cesse les règles imposées par la Prohibition. Écrivain venu faire fortune à Wall Street, Nick vit juste à côté d’une immense demeure habitée par le mystérieux Gatsby, l’homme que tout le monde connaît sans véritablement savoir qui il est.

« Figure charismatique, homme à la richesse paraissant infinie, Gatsby incarne tout l’esprit des Années Folles telles qu’on les imagine : insouciantes, fastueuses, légères. »

Gatsby le Magnifique s’intéresse donc à cette figure énigmatique, dont on parle sans cesse mais dont on ne connait que le nom. La première partie du film cultive ce mystère, faisant grandit l’attente chez le spectateur qui veut en savoir plus, nous rapprochant progressivement de la révélation inattendue, lorsqu’il finit par se dévoiler sous les traits de Leonardo DiCaprio. Figure charismatique, homme à la richesse paraissant infinie, Gatsby incarne tout l’esprit des Années Folles telles qu’on les imagine : insouciantes, fastueuses, légères. A travers cette histoire, on découvre tout un panorama de cette vision de l’époque, avec la ville grouillante notamment représentée par Wall Street et sa frénésie, mais aussi la Vallée de Cendres, résultat d’une dépendance au charbon comme source énergétique, lieu désolé où les âmes errantes survivent comme elles peuvent pendant que des voitures de luxe passent devant elles.

Gatsby le Magnifique (2013)
Gatsby le Magnifique (2013)

La narration en flashback quasi intégral induit une idée de nostalgie dans le film, voire de rêve. Tout est si démesuré, fortuit et poétique que cela semble presque le fruit de l’imagination de Nick, Gatsby ne devenant plus qu’une incarnation du rêve américain de l’époque, offrant à Nick une parenthèse enchantée et une opportunité de toucher le succès et l’opulence comme il n’avait jamais pu le faire auparavant. Cette vision de rêve et cette débauche de richesses se marie bien avec le style assez « clinquant » de Baz Luhrmann, qui met en scène ces immenses fêtes comme des spectacles dansants assortis de défilés de mode, et qui n’hésite pas non plus à user à l’envi de fonds verts et autres procédés qui donnent une allure quelque peu artificielle aux images, qui correspond cependant bien à cette idée de rêve géant. Cela crée une atmosphère singulière où tout parait embelli et brillant, qu’il s’agisse du faste du palais de Gatsby, ou même de la pauvreté des villes qui vient trouver un élan poétique dans la vision d’un homme qui joue de la trompette sur un balcon, d’ouvriers travaillant sur un gratte-ciel au lever du jour, ou d’autres creusant dans des montagnes de charbon.

Cependant, il semble plus difficile pour ce Gatsby le Magnifique de véritablement progresser et de ne pas patiner quelque peu dans son développement à certains moments. Devant développer davantage la personnalité de Gatsby et le confronter à la réalité, le film finit par traîner la patte et moins bien gérer l’exercice, et ne trouve une réelle intensité dramatique que vers la fin, qui tombe comme un couperet. Car le personnage de Gastby est assez complexe, et Leonardo DiCaprio le campe formidablement bien, avec une assurance de surface qui conserve toujours une touche de sensibilité et de peur, apportant une véritable palette de nuances au personnages, faisant l’une des forces principales du film. On peut aussi se permettre de relever des anachronismes volontaires, notamment au niveau de la musique, avec des sonorités modernes qui viennent accompagner les images de l’époque, ce qui peut sembler être une hérésie, tout comme on peut se dire que ce choix appuie le fait qu’il s’agit d’une vision actuelle d’une époque que nous n’avons pas connue. On trouvera ainsi dans ce Gatsby le Magnifique cette vision fantasmée des Années Folles, à laquelle le cinéma de Baz Luhrmann convient très bien, et Leonardo DiCaprio offre une très belle incarnation de Gatsby dans un film teinté de nostalgie et inondé de paillettes, un monde d’allégresse et de rêves, des rêves qui en resteront parfois à ce stade, face à une réalité souvent inflexible et implacable.

Note et avis

En résumé

Porté par un Leonardo DiCaprio parfait dans son rôle comme à son habitude, Gatsby le Magnifique offre une vision rêvée d’une époque source de nostalgie, pour un résultat assez inégal dans sa manière de la développer, mais une approche qui reste intéressante.

Note globale
6.5/10
6.5/10

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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