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Imitation Game, Morten Tyldum, 2015 – Critique & Analyse

Voici quelques temps que je n’avais pas écrit de critique sur un film récent.  Je dois vous l’avouer, je ne suis pas une machine, et tous les films ne m’inspirent pas autant dans le but d’écrire une critique. Mais certains le méritent réellement, comme Imitation Game. Sorti voici deux semaines, il faisait partie les films que j’attendais à l’arrivée de la nouvelle année. Voyons donc ce qui fait l’intérêt de ce film, généralement salué par la critique.

Affiche d'Imitation Game (2015)
Affiche d’Imitation Game (2015)

Synopsis

Imitation Game s’intéresse à l’ascension du génie Alan Turing à travers le récit de sa jeunesse et de son rôle crucial au sein du camp Allié lors de la Seconde Guerre Mondiale. Après une jeunesse difficile, à subir les railleries de ses camarades, Alan Turing, mathématicien et cryptographe reconnu, est sollicité par l’armée britannique dans le but de décrypter, à l’aide d’une équipe composée d’experts en la matière, le code nazi Enigma, réputé incassable.

Imitation Game (2015)
Imitation Game (2015)

Biopic ou « thriller historique » ?

Les Biopic sont légion dans le monde du cinéma. Genre popularisé, entre autres, par le grand classique qu’est Citizen Kane, les Biopic nous ont raconté nombre d’histoires d’hommes et de femmes qui ont marqué l’histoire à travers leurs actes, leur personnalité et, parfois, leurs frasques. Peut-on tout de même parler ici de Biopic ? C’est difficile à dire, car le film prend des libertés qui le détachent de ce genre. En effet, Imitation Game est davantage affilié au genre du « thriller historique ». Cela est du, entre autres, au fait que, bien que le film s’articule principalement autour de la vie d’Alan Turing et de sa personnalité, il traite d’un sujet plus large (la Seconde Guerre Mondiale et ses enjeux). De plus, un Biopic est, généralement, très fidèle à la réalité des faits, et va dans les détails. Or, Imitation Game, bien que très loin d’être à côté de la plaque, se permet de prendre des libertés afin de développer l’aspect romancé que revêt le film. Nous avons donc un thriller (suspense, drames et tensions) historique (on raconte une histoire basée sur des faits réels). Certains diront qu’il s’agit d’une faute de goût, pour ma part je trouve que cela donne un résultat tout à fait satisfaisant, donnant à ce film un côté spectaculaire, voire épique (enfin, n’attendez pas d’explosions et de scènes dantesques non plus), sans pour autant en faire de trop.

Benedict Cumberbatch et Matthew Goode dans Imitation Game (2015)
Benedict Cumberbatch et Matthew Goode dans Imitation Game (2015)

Un format grand public pour les grandes occasions

Les réflexions précédentes permettent de pousser un peu la réflexion concernant les objectifs et les intérêts de ce film. En effet, s’il s’agissait d’un pur Biopic, celui-ci mettrait en avant la vie et la personnalité du personnage principal, en étudiant les diverses périodes de sa vie. Or ici, bien que les grandes lignes soient tracées, nous n’entrons jamais dans le détail. Par exemple, l’homosexualité  d’Alan Turing, véritable source de complications dans une société hermétique à toute ouverture concernant cette problématique, est traitée en superficie. Ainsi, la part belle est faite à la volonté des britanniques de casser le code Enigma et aux recherches de Turing & Cie visant à percer le mystère. Or, bien que concernant ce sujet aussi, on n’entre pas dans le détail, cet angle d’attaque permet à Tyldum de faire de l’un des points faibles majeurs du film l’un de ses points forts. Car en éludant nombre de détails, le réalisateur livre un film grand public, s’évertuant à étouffer les temps morts grâce à un rythme soutenu, agrémenté par la musique puissante d’Alexandre Desplat. Ainsi, Imitation Game franchit la frontière séparant les films complexes très descriptifs des films grand public, plus accessibles et spectaculaires.

Benedict Cumberbatch dans Imitation Game (2015)
Benedict Cumberbatch dans Imitation Game (2015)

Benedict Cumberbatch !

Fan du résultat ou pas, il est impossible de passer outre l’excellente performance de Benedict Cumberbatch dans ce film. Connu pour son rôle de Sherlock Holmes dans la série Sherlock, mais généralement cantonné au cinéma à des seconds rôles, il obtient cette fois le premier rôle dans Imitation Game. Nul doute qu’à travers ce rôle, il a su montrer toute la classe de son talent d’acteur. Il incarne ici un génie froid, au sens de l’humour inexistant, extrêmement sûr de lui et de ses capacités, et ayant horreur du travail en équipe, n’y voyant qu’un frein dans ses activités. Certes, cette image d’Alan Turing semble également découler d’une prise de liberté du réalisateur (encore une), mais Benedict Cumberbatch maîtrise parfaitement son domaine et joue avec un naturel absolument déconcertant. Sa belle performance est d’ailleurs l’une des clés majeures du succès de ce film, et est à l’origine de nombre de critiques élogieuses en sa faveur.

Keira Knightley et Benedict Cumberbatch dans Imitation Game (2015)
Keira Knightley et Benedict Cumberbatch dans Imitation Game (2015)

Pas un chef d’œuvre, mais une belle réussite

Imitation Game n’est en effet pas un chef d’œuvre, car il ne traite pas tous les éléments de l’histoire avec l’intérêt qu’ils pourraient mériter, et n’est pas d’une exactitude irréprochable. Ainsi, pour réellement apprécier Imitation Game, il faut le considérer tel qu’il est, c’est à dire un thriller historique mettant en avant une personnalité lumineuse qui a modifié le cours de l’histoire. En revanche, si vous attendez une histoire détaillée développant avec fidélité tous les traits de personnalité d’Alan Turing ainsi que tous les éléments lui ayant permis de casser le code Enigma, vous serez déçu. En définitive, Imitation Game est un film qui m’a séduit par son rythme rapide mais pas trop, son casting trié sur le volet et, justement, ce côté grand public assumé qui lui donne un aspect romancé qui lui va très bien.

Une note pour Imitation Game ? Bien sûr. Ce sera un bon 8/10 !

Bande-annonce d’Imitation Game

https://www.youtube.com/watch?v=S5CjKEFb-sM

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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