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Us (Jordan Peele, 2019) ★★★½ – Critique & Analyse

Lorsque l’on marche au soleil, nous ne sommes jamais vraiment seuls. A chaque pas, notre ombre nous suit. Une ombre que l’on s’amuse à déformer, à laquelle on fait face… Mais si, un jour, cette ombre prenait vie, que se passerait-il ?


Fiche du film

Affiche de Us (2019)
Affiche de Us (2019)
  • Genre : Epouvante, Horreur, Thriller
  • Réalisateurs : Jordan Peele
  • Année de sortie : 2019
  • Casting : Lupita Nyong’o, Winston Duke, Elisabeth Moss
  • Synopsis : De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles. (SensCritique)

Critique et Analyse

Lupita Nyong'o dans Us (2019)
Lupita Nyong’o dans Us (2019)

Jordan Peele, c’est une carrière d’acteur et de producteur qui compte déjà un nombre non négligeable de films et d’épisodes de séries. Mais c’est surtout, en 2017, l’éclosion d’une carrière de réalisateur de longs-métrages, avec Get Out. Un film qui s’était fait connaître outre-atlantique, devenant un petit phénomène, avant de débarquer en France. Un premier essai auréolé d’un beau succès d’un point de vue commercial, mais aussi et surtout critique, adoubant déjà Jordan Peele comme un des nouveaux maîtres de l’épouvante et de l’horreur, avec ce film sombre et grinçant sur la société américaine moderne. Lorsque les premières images et informations au sujet de Us ont commencé à être dévoilées, tout le monde a rapidement compris que le cinéaste allait ici rester sur cette voie. Du mystère, de l’angoisse, du frisson, même si on n’est pas forcément amateur, on n’est jamais contre un bon film d’épouvante, et les impressions laissées par Get Out permettaient tout à fait être confiant à propos de Us.

« Us suit la même volonté déjà exprimée dans Get Out de faire appel à l’épouvante, au mystère et à l’étrange pour traiter de thématiques sociétales et d’actualité. »

Il est impossible, lorsque l’on a vu le précédent film de Jordan Peele, de totalement dissocier Us et Get Out. Us suit la même volonté déjà exprimée dans Get Out de faire appel à l’épouvante, au mystère et à l’étrange pour traiter de thématiques sociétales et d’actualité. Un choix tout à fait judicieux, l’épouvante et l’horreur parvenant souvent à faire appel, chez le spectateur, à des émotions fortes et à des sensations très brutes, ce qui permet de l’intégrer pleinement dans l’intrigue et de l’investir dans le film. A ce jeu, Jordan Peele sort gagnant, réussissant à créer une ambiance très anxiogène, un véritable climat de peur, laquelle génère à la fois une forme d’incompréhension de l’inconnu d’un côté, et de terreur face à ce même inconnu, de l’autre. Les acteurs, Lupita Nyong’o en tête, savent d’ailleurs être à la hauteur pour créer ce climat de peur, avec, notamment, cette capacité à gérer deux rôles chacun. Le cinéaste sème des indices sur la route, en développant une esthétique qui s’inspire beaucoup du clair-obscur dans ses scènes de nuit, tout en n’hésitant pas à opérer des variations dans le ton, jouant la carte de l’imprévisible, avec de la gravité, de la violence, mais aussi des insertions de répliques humoristiques qui viennent caractériser l’aspect volontairement grotesque du discours proposé par Jordan Peele.

Us (2019)
Us (2019)

Car Us est un film qui ouvre de nombreuses portes, ne cherchant pas spécialement à être trop clair dans ses intentions, du moins dans celles du discours de fond, qui semble s’intéresser à la dualité des Hommes et de la société, qui se veut construite et civilisée en apparence, mais qui reste violente et imprévisible dans sa nature. Il est important de dire que ce côté mystérieux et ouvert concerne surtout le discours du film en lui-même, le cinéaste préférant offrir, finalement, une explication à ce phénomène. Un choix qui peut s’avérer être regrettable, mais qui est assez symptomatique d’un ressenti que l’on peut avoir tout au long du film. En effet, de nombreux effets sont assez appuyés, récitant les gros poncifs du cinéma d’horreur, en termes de rythme et de montage, sans réellement les remettre en question. Il ne s’agit, certes, pas de chercher une perpétuelle et utopique capacité à innover, mais plutôt de constater que Us, malgré de très bonnes intentions et une qualité indéniable, devient moins surprenant et ambitieux que prévu, restant intéressant sur différents aspects, mais restant, paradoxalement, convenu.

Jordan Peele avait tout à gagner en entretenant son mystère jusqu’au bout, et à ne pas se laisser tenter par le piège de ce que l’on pourrait qualifier de « bingo du film d’horreur ». L’effet de surprise est ainsi, fatalement, bien moindre que devant Get Out. Toutefois, pour son second film, Jordan Peele confirme, et commence à établir une cohérence, voire une continuité dans sa filmographie, à presque faire penser que les deux films pourraient se dérouler dans le même univers diégétique. Us était, à juste titre, une des grandes attentes de cette année, à une époque où le cinéma d’horreur et d’épouvante semble trouver un nouveau souffle et de nouveaux chefs de file. Cependant, il n’est pas la claque que l’on pouvait légitimement espérer. C’est un bon film, qui donne envie de réfléchir, mais dont on se dit que la sincérité et la puissance du discours auraient mérité un peu moins d’artifices. Le mieux avec le mystère, c’est de le cultiver jusqu’au bout !


Note et avis

3.5/5

Jordan Peele confirme avec Us, sans forcément surpasser Get Out. Il montre qu’il fait partie des nouveaux chefs de file du cinéma d’horreur et d’épouvante, qu’il en maîtrise les codes, mais c’est maintenant à lui de les transgresser et de les surpasser.


Bande-annonce du film

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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