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Cinexpress #241 – Sale temps à l’hôtel El Royale (2018)

Comme un vieux témoin d’une grandeur passée, à cheval sur les États du Nevada et de la Californie, l’hôtel El Royale impose sa curieuse et imposante silhouette aux confins de la civilisation. Seules les âmes égarées et damnées semblent aujourd’hui trouver la route qui mène à lui, et franchissent le pas de sa porte. En cette soirée où le temps menace, le tonnerre commence à gronder, il va faire un Sale temps à l’hôtel El Royale.


Fiche du film

Affiche de Sale temps à l’hôtel El Royale (2018)
  • Genre : Policier, Thriller
  • Réalisateur : Drew Goddard
  • Année de sortie : 2018
  • Casting : Jeff Bridges, Chris Hemsworth, Dakota Johnson, Jon Hamm, Cynthia Erivo
  • Synopsis : Sept étrangers, chacun avec un secret à planquer, se retrouvent au El Royale, un hôtel miteux au lourd passé. Au cours d’une nuit fatidique, ils auront tous une dernière chance de se racheter… avant de prendre un aller simple pour l’enfer. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Sale temps à l'hôtel El Royale (2018)
Sale temps à l’hôtel El Royale (2018)

Les films à gros casting sont aussi attrayants qu’ils sont dangereux. Par expérience, on peut dire que ce n’est pas la profusion d’acteurs de renom qui permet de faire un film de qualité. Ce fut même souvent le contraire. Or Sale temps à l’hôtel El Royale affiche un casting intéressant, avec Jeff Bridges, acteur principal de nombreux films réputés comme The Big Lebowski et Starman et que l’on ne présente plus, Chris Hemsworth qui s’est fait connaître en tant que Thor mais aussi dans le très bon Rush de Ron Howard, Dakota Johnson qui s’échappe peu à peu de l’emprise de Cinquante nuances de Grey pour se consacrer à des projets plus ambitieux, ou encore Jon Hamm, connu dans la série Mad Men et plus récemment dans Baby Driver. Le piège est donc de se reposer sur l’aura de ces acteurs pour vendre leur renommée, à la défaveur de la qualité de l’œuvre. Mais Sale temps à l’hôtel El Royale a d’autres atouts qui le distinguent et le rendent intéressant. Certains y verraient une redite ou une très forte ressemblance avec Les Huit Salopards de Quentin Tarantino, et ils n’auraient pas tout à fait tort, bien que l’angle d’attaque soit ici différent.

« Il y a, derrière cette intrigue en huis clos, quelque chose de très biblique, la mise en scène d’une fable sur le jugement de nos âmes, basé sur sur nos faits et nos méfaits. »

Le principal défi d’un huis clos est de nous familiariser avec les personnages que l’on va côtoyer tout au long du film. Reposant sur un prologue signalant que l’hôtel cache un secret, le film pique rapidement la curiosité du spectateur qui se doute que les différents personnages ne viennent pas à l’hôtel sans raison. Malgré leurs différences apparentes, ils semblent bien tous reliés, d’une manière ou d’une autre, les uns aux autres. Cependant, c’est plus par la force des choses que cela doit arriver. En effet, Sale temps à l’hôtel El Royale ne vient pas juste nous proposer une partie d’échecs faisant avancer et reculer ses pions et les faire se manger les uns les autres. Il y a, derrière cette intrigue en huis clos, quelque chose de très biblique, la mise en scène d’une fable sur le jugement de nos âmes, basé sur sur nos faits et nos méfaits.

Chris Hemsworth dans Sale temps à l'hôtel El Royale (2018)
Chris Hemsworth dans Sale temps à l’hôtel El Royale (2018)

En effet, la remarque a déjà été faite à plusieurs reprises, mais l’entrée de l’hôtel El Royale s’apparente bien à la porte de l’Enfer, où un réceptionniste désabusé et désespéré accueille les arrivants tel un Saint Pierre, leur offrant la possibilité d’aller d’un côté ou de l’autre. Tous les personnages portent en eux un poids, dévoilé à travers des flashbacks intermittents, mais qui peut aussi l’être à leur insu, observés en secret alors qu’ils montrent leur vrai visages, et soumis à un jugement silencieux. Luttant pour leurs propres intérêts, devant souvent faire preuve de malhonnêteté, les protagonistes s’exposent à la tentation, matérialisée par un Satan torse nu sous sa chemise ouverte, gourou de sombres sectes d’adeptes qu’il écarte de la société pour les faire emprunter des sentiers marginaux et périlleux. C’est alors que tout se décidera dans la collision de forces divines et infernales, dans un embrasement salvateur et destructeur.

Sans être exempt de défauts, notamment au niveau de la longueur qui peut, à quelques reprises, se sentir sans être fatale, Sale temps à l’hôtel El Royale est un huis clos intéressant. Sans être particulièrement original sur le fond, il se sert de ressorts scénaristiques pour garder l’attention du spectateur et offre une vraie proposition sur le fond, usant judicieusement du huis clos pour mieux enfermer ce panorama humain, et le comprimer pour mieux le faire exploser. Honnête avec lui-même et cohérent, Sale temps à l’hôtel El Royale a de bons atouts à faire valoir.


Note et avis

3.5/5

Sans chercher à faire preuve d’une ambition démesurée, Sale temps à l’hôtel El Royale propose un scénario intelligent, servi par une intrigue qui réserve diverses surprises et rebondissements. Un bon moment.


Bande-annonce de Sale temps à l’hôtel El Royale

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

1 réflexion sur “Cinexpress #241 – Sale temps à l’hôtel El Royale (2018)

  • Totalement d’accord !
    C’est à mi-chemin entre Les 8 Salopards et No Country for Old Men ; de la forme qui claque avec une baston généralisée et du fond assez subtil et intéressant.
    Et puis malgré la présence de grands noms au casting, n’oublions pas les nouvelles têtes qui arrivent réellement à se démarquer comme Lewis Pullman ou la grandiose Cynthia Erivo, qui m’a énormément ému et bluffé par sa performance – autant d’actrice que de chanteuse d’ailleurs !

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