Rush (Ron Howard, 2013) – Critique & Analyse
Bien souvent, il nous a été répété de faire attention. Faire attention à ne pas faire de bêtise, à ne pas se faire mal. Faire preuve de prudence, une prudence qui doit nous tenir écartés du danger. Mais pour certains, cette prudence est une vraie entrave. Pour se sentir vivants, ils doivent prendre des risques. Lancés sur l’asphalte à plus de trois cents kilomètres heure, des casse-cou, des fous du volant prennent part à des courses épiques où la moindre erreur peut s’avérer fatale. Enivrés par la vitesse, obsédés par la victoire, nous voici entraînés en plein Rush.
Fiche du film
- Genre : Biopic, Drame
- Réalisateur : Ron Howard
- Année de sortie : 2013
- Casting : Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde
- Synopsis : Le combat entre deux des plus grands rivaux de l’histoire du sport, James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. (senscritique.com)
Critique et Analyse
Ron Howard, à qui l’on devait notamment Willow mais aussi Apollo 13 ou encore les adaptations de deux romans de Dan Brown, Da Vinci Code et Anges et Démons, revient ici pour mettre en scène la rivalité entre James Hunt et Niki Lauda, une rivalité qui a marqué l’histoire de la Formule 1, et du sport dans sa globalité. Nous voici donc entraînés dans les années 1970, assistant à l’ascension de ces deux pilotes, aux progressions, aux caractères et à la vision du sport très différentes. Car Rush mise certes sur l’opposition manifeste entre James Hunt et Niki Lauda, mais il cherche surtout à mettre en lumière une véritable complémentarité entre les deux. Une complémentarité qui permet d’avoir une vision plus globale et objective du monde du sport, mais également de voir comment l’instinct de compétition peut exacerber certains traits de caractère.
« Chacun a ses qualités et ses défauts, de bonnes et de mauvaises intentions, le tout étant, encore une fois, non pas de juger l’un ou l’autre, mais bien le sport dans sa globalité, à travers cette rivalité. »
La limite du biopic se trouve souvent dans sa capacité à maintenir un équilibre entre la fidélité envers la réalité des faits et une capacité à romancer le film pour le rendre intéressant et pertinent en tant que tel. Rush est un très bon exemple en la matière. Bien qu’ils soient réels, les personnages ici sont suffisamment bien écrits pour que le spectateur les comprenne, les cerne et ait de l’empathie pour chacun d’entre eux. Chacun a ses qualités et ses défauts, de bonnes et de mauvaises intentions, le tout étant, encore une fois, non pas de juger l’un ou l’autre, mais bien le sport dans sa globalité, à travers cette rivalité. D’un côté, James Hunt est un showman apparemment sûr de lui, qui a besoin de reconnaissance et de ressentir un sentiment d’accomplissement, et de l’autre, Niki Lauda est méthodique, scientifique, distant et discret, cherchant à gagner en optimisant les paramètres et en travaillant sans cesse pour optimiser ses performances. Mais chacun a ses propres souffrances, entre la dépendance de James Hunt à la drogue et à l’alcool, consumant la vie par les deux bouts, et le terrible accident de Niki Lauda, dont on imagine en partie, en voyant le film, l’enfer qu’il a du vivre pour revenir d’entre les morts.
Et si Rush parvient parfaitement à se pencher sur les aspects humains et plus « privés » de cette rivalité, il rythme cette dernière grâce à la reconstitution de courses mythiques qui ont opposé les deux hommes. Des courses spectaculaires et très bien mises en scène, représentatives de l’évolution de la rivalité, et des rapports de force entre les deux pilotes. La dernière course, avec une ambiance apocalyptique, se déroulant sous une pluie battante, touche au sublime, synthétisant toute la puissance destructrice de cette rivalité, comme signifiant une ultime catastrophe résultant de l’affrontement entre deux monstres de la piste. Faire face à ses démons, se dépasser, braver la mort, ce sont sur ces grands axes que s’écrivent les extraordinaires destins de ces deux hommes.
Dans Rush, l n’y a pas de bon ni de mauvais, juste deux compétiteurs avec leur vision de la vie et du sport. Bien qu’il s’agisse d’un biopic, il parvient à bien caractériser les personnages et à judicieusement romancer l’histoire. C’est ce qui permet au film, et à l’histoire, d’exploiter tout son potentiel dramatique, avec une intrigue rythmée par des courses spectaculaires et très bien mises en scène. Le duo Hemsworth/Brühl fonctionne à merveille, et on est en admiration devant ces casse-cou qui bravent tous les dangers. Un film vraiment prenant, bien construit, avec ces deux antagonistes complémentaires et cette tension croissante, jusqu’au grand final.
Note et avis
4/5
Bien écrit, bien mis en scène, Rush propose une épopée humaine menée tambour battant, ponctuée de séquences de courses captivantes et haletantes.
Bande-annonce de Rush