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A la rencontre de… Christopher Lee (1922-2015)

Aujourd’hui, 11 juin 2015, le monde du cinéma est en deuil. En effet, nous avons appris le décès de Christopher Lee, un grand parmi les grands. Revenons sur pas moins de neuf décennies de la vie d’un homme qui a su suivre son chemin, et devenir une légende du septième art.

Christopher Lee dans L'homme au pistolet d'or (1974)
Christopher Lee dans L’homme au pistolet d’or (1974)

Né le 27 mai 1922 et issu d’une famille relativement aisée (son père était lieutenant-colonel dans l’infanterie royale et sa mère comtesse), le jeune Christopher ambitionne rapidement de suivre de grandes études en voulant intégrer le prestigieux Eton College. Cependant, ses grandes aspirations vont se voir réduites à néant à cause de la grande crise qui frappe le pays de plein fouet à l’époque, et qui ruine ses parents. Il tente alors d’obtenir une bourse, qui lui est accordée au Wellington College, une institution aux tendances militaires. Christopher vit de petits boulots, et décide de participer activement à la guerre en tentant d’intégrer la Royal Air Force. Mais une défaillance du nerf optique l’oblige à rejoindre le personnel rampant au sein des services de renseignements, et la guerre s’achève alors qu’il a le grade de capitaine.

La démobilisation qui suit la guerre le plonge dans l’incertitude quant à son avenir, et c’est sous l’influence de son cousin Nicolo Carandini, qu’il s’intéresse au métier d’acteur. A partir de 1948, il commence à enchaîner les petits rôles, mais ne peut se contenter de mieux, freiné par son physique jugé hors normes (1,96 m tout de même), et ses traits qui ne correspondent pas aux « standards » britanniques de l’époque. Pendant une décennie, Christopher Lee joue des rôles dans des films de second rang, voire télévisés, mais cela lui permet tout de même de se créer une réputation dans le milieu. En 1957, Christopher Lee obtient le rôle de la créature de Frankenstein dans Frankenstein s’est échappé, produit par la Hammer Films Production, aux côtés de Peter Cushing, un acteur avec lequel il collaborera à de maintes reprises. Le film est un succès. Puis vient l’année 1958.

Christopher Lee dans Le cauchemar de Dracula (1958)
Christopher Lee dans Le cauchemar de Dracula (1958)

La même société qui a produit Frankenstein s’est échappé, requiert à nouveau les services de Christopher Lee pour incarner le rôle-titre dans leur prochain film : Le cauchemar de Dracula. Le film est un succès retentissant, un succès tel que le nom de Christopher Lee est désormais directement associé au personnage de Dracula, faisant presque oublier la prestation de Béla Lugosi, premier acteur à avoir endossé le rôle du personnage mythique, en 1931. Il reprendra le rôle pas moins de dix fois au cinéma, faisant alors partie intégrante d’une véritable franchise à succès. Cela lui ouvrit de nombreuses portes et élargit ses horizons, même si sa spécialité reste l’interprétation de méchants dans des films d’horreur lors des années 1960. Quelque peu las de cette image qui lui colle à la peau, il décide de changer un peu d’air, et joue dans divers films, tels que La vie privée de Sherlock Holmes en 1970, Terreur dans le Shanghaï Express en 1973, à nouveau aux côtés de Peter Cushing, et surtout dans L’homme au pistolet d’or en 1974.

En héritant du rôle du tueur maniaque et égocentrique Francisco Scaramanga, Christopher Lee marque de son empreinte la saga mythique James Bond et rejoint la longue liste des grands ennemis du célèbre agent britannique. En 1976, Christopher Lee quitte les studios de la Hammer Films Production, et poursuit sa carrière en jouant dans de nombreux films lors des années 1980 et 1990. A l’orée du XXIe siècle, la carrière de Christopher Lee semble s’estomper, mais il n’en est rien. Suite à sa brève apparition dans Sleepy Hollow de Tim Burton en 1999, Christopher Lee est appelé par Peter Jackson pour interpréter le rôle du perfide magicien Saroumane dans la mythique saga du Seigneur des Anneaux, puis par George Lucas pour devenir le Comte Dooku, le bras droit de Dark Sidious, dans la nouvelle trilogie Star Wars. Ces deux rôles mémorables relancèrent sa carrière et le firent découvrir à toute une nouvelle génération, moi compris.

Christopher Lee sur la couverture de By the Sword and the Cross, album du groupe Charlemagne
Christopher Lee sur la couverture de By the Sword and the Cross, album du groupe Charlemagne

Anobli par la reine Elizabeth II en 2001, fait Chevalier des Arts et des Lettres en France, Christopher Lee, devenu octogénaire, est au sommet de sa gloire, reconnu par tous comme étant l’un des grands du septième art. Âgé mais certainement pas impotent, Christopher Lee n’hésite pas à se lancer dans de nouveaux projets, parfois surprenants. Lee est approché par l’excellent groupe de metal symphonique Rhapsody of Fire, auquel il prête sa voix caverneuse et ténébreuse pour interpréter les passages narratifs dans les chansons du groupe. Un homme d’un âge respectable qui s’intègre dans un groupe où guitares, batteries et claviers sont à fond, ce n’est pas commun ! Mais le résultat est plus que probant, et sa collaboration avec le groupe s’étale sur plusieurs albums. Celle-ci poussa même Christopher Lee à créer son propre groupe et projet musical, Charlemagne, racontant l’histoire du légendaire souverain à travers des chansons appartenant également au registre du metal symphonique. Et à 90 ans, c’est quand même plutôt badass.

Tel un ultime clin d’œil, Christopher Lee revint de nouveau à travers de courtes scènes dans la trilogie Le Hobbit de Peter Jackson, endossant à nouveau le rôle du magicien blanc, Saroumane, apparaissant une dernière fois dans les salles obscures de son vivant dans Le Hobbit : La bataille des cinq armées, sorti en décembre 2014. Le 7 juin dernier, alors qu’il venait de souffler sa 93ème bougie, Christopher Lee, l’immortel, ne put tenir une nouvelle fois son rang, et nous quitta, nous laissant un nombre incalculable de souvenirs derrière lui. Parti de rien, il parvint à se créer une place de choix dans l’histoire du septième art, et devint l’un des méchants les plus symboliques du cinéma. Sa longue vie lui permit de jouer dans plus de 200 films, et jamais il ne s’arrêta, poursuivant toujours de nouveaux projets jusqu’à ce que la mort lui dise qu’il était temps de s’accorder un peu de repos. Vous avez gagné et mérité le respect de tous, Sir Christopher Lee, et sachez que vous allez nous manquer.

Goodbye, Sir
Goodbye, Sir

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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