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Cinexpress #171 – Assaut (1976)

John Carpenter, en 1976, n’est encore qu’un débutant. Récemment diplômé, il n’avait à son actif que le film Dark Star, film d’études à la production assez chaotique, mais qui a eu l’opportunité de sortir en salles et de donner, déjà un peu de visibilité à John Carpenter. Une visibilité qui va lui permettre de trouver des investisseurs et, en 1976 vient Assaut, largement inspiré de Rio Bravo, et surtout, premier « grand » film de John Carpenter.


Fiche du film

Affiche d'Assaut (1976)
Affiche d’Assaut (1976)
  • Genre : Action, Policier, Thriller
  • Réalisateur : John Carpenter
  • Année de sortie : 1976
  • Casting : Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer, Tony Burton
  • Synopsis : Dans un commissariat où téléphone et électricité ont été coupés, deux policiers et une femme doivent défendre le poste contre les assauts de truands. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Tony Burton, Austin Stoker et Darwin Joston dans Assaut (1976)
Tony Burton, Austin Stoker et Darwin Joston dans Assaut (1976)

Ici, John Carpenter occupe tous les postes. Il est réalisateur, scénariste, compositeur et monteur, Assaut est son film, et on le ressent dès les premiers instants. Dans la nuit, une bande de caïds va commettre un larcin dans une petite ruelle, jusqu’à ce que des policiers, postés en hauteur, les somment d’arrêter, avant de tirer aussitôt que les caïds se mettent à fuir, sans en épargner aucun. Le décor d’Assaut est planté : nous sommes dans un monde violent, sans foi ni loi, où le crime ne devient plus qu’une simple notion de justice. Cette violence n’aura, d’ailleurs, quasiment jamais de visage tout au long du film. Tout comme dans ses futurs Halloween et The Thing, elle agit en silence, elle est omniprésente et frappe sans que l’on s’y attende. Assaut est un film aux styles et aux inspirations variées, de par son scénario, sa réalisation et sa démarche. L’attaque du commissariat, organisée sous la forme d’un siège, ramène à l’époque médiévale, ou aux westerns, et pourtant le film se déroule bien à notre époque (ou, du moins, à l’époque de la sortie du film). Une comparaison qui trouve sa source notamment dans le fait que le film était pensé pour être un western au début, d’où un fort ancrage des codes et des thématiques de ce genre dans le film de Carpenter.

« Assaut devient un film qui parvient à s’affranchir de tout véritable contexte spatial et temporel pour chercher à adresser un message fort sur la civilisation humaine, en proie aux mêmes instincts dangereux depuis la nuit des temps, et qui n’est pas prête de changer. »

Cependant, le côté très désertique de ces quartiers en marge de la ville, l’absence de population, la lumière crépusculaire, rappellent les composantes de films pré ou post-apocalyptiques comme le futur Mad Max de George Miller. Ainsi, Assaut devient un film qui parvient à s’affranchir de tout véritable contexte spatial et temporel pour chercher à adresser un message fort sur la civilisation humaine, en proie aux mêmes instincts dangereux depuis la nuit des temps, et qui n’est pas prête de changer. La forte référence à Rio Bravo se ressent d’ailleurs justement à travers l’aspect désespéré de la situation et la confrontation des personnages à la sauvagerie, comme on peut le voir également dans des westerns de Clint Eastwood tels que L’Homme des Hautes Plaines et Josey Wales hors-la-loi.

Darwin Joston et Laurie Zimmer dans Assaut (1976)
Darwin Joston et Laurie Zimmer dans Assaut (1976)

Assaut est un film qui fait la part belle au hors-champ, avec, toujours, comme expliqué précédemment, cette volonté de donner le moins possible un visage à la menace, de donner le moins de repères possibles au spectateur pour le rendre, lui aussi, victime de la situation. Les ennemis sont nombreux, pourtant, ils tirent sur le commissariat avec des armes dotées de silencieux, donnant un aspect très étrange à la principale scène de fusillade, donnant l’impression d’une violente averse, une opération d’envergure s’opérant pourtant dans la plus grande discrétion et destinée à s’évanouir dans la nuit, avec laquelle elle est arrivée. Et la bande originale de John Carpenter, très simple, tournant autour de trois thèmes, fonctionne à merveille, illustrant tantôt les moments de stress, tantôt ceux de rapports humains, pour, toujours, jongler entre la résistance face à la sauvagerie, et la solidarité dans la survie.

Une femme, un prisonnier, et un policier. Ce sont donc les protagonistes d’un film aux allures de fable visant à ramener l’humanité à ses origines, mais aussi à son présent et à son futur car, malgré ses évolutions, elle demeure confrontée à l’adversité et doit être solidaire pour survivre. Le film de John Carpenter, à la mise en scène brillante et efficace, construit une ambiance remarquablement prenante. C’est son film, il y a quasiment tout fait, et tout fonctionne parfaitement. Assaut n’est pas juste un film d’action, c’est un film au rayonnement très large, offrant une vision certes peu élogieuse de la civilisation humaine, mais pourtant loin d’être fantasmée ou pessimiste. Le terrain est désormais prêt pour que « Big John » apporte son génie au septième art comme il se doit.


Note et avis

 

4/5

[star rating= « 4 » max= « 5 »]

Ne lésinant pas sur la violence psychologique et physique, Assaut est un film d’ambiance où la patte de John Carpenter se ressent dans chaque plan, et dans chaque note de la bande originale. Un film qui ramène la civilisation humaine à ses origines mais surtout à ses démons, avec beaucoup de maîtrise et de pertinence.


Bande-annonce d’Assaut

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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