Une soirée étrange (James Whale, 1932) – Critique & Analyse
Au début du cinéma parlant, Hollywood s’est amusé à se faire peur avec de nombreux classiques du cinéma d’horreur, comme Frankenstein (1931), Dracula (1931), La Momie (1932), ou encore L’Homme Invisible (1933), pour citer les plus célèbres d’entre eux. Célèbres pour leur apport notable au genre et à l’histoire du cinéma elle-même, laissant d’autres de leurs contemporains, tels qu’Une soirée étrange, dans un oubli relatif.
Fiche du film

- Genre : Epouvante-Horreur
- Réalisateur(s) : James Whale
- Distribution : Boris Karloff, Melvyn Douglas, Charles Laughton
- Année de sortie : 1932
- Synopsis : Alors qu’ils traversent une région isolée du Pays de Galles, Monsieur et Madame Waverton et leur ami Philip sont pris dans une terrible tempête. Ils trouvent refuge dans une vieille demeure tenue par Rebecca Femm et son frère Horace, secondés par Morgan, leur étrange majordome muet et défiguré. Alors que deux autres visiteurs sont également hébergés, leurs hôtes font preuve d’un comportement de plus en plus terrifiant… (SensCritique)
Critique et Analyse

Parfois nommé Une soirée étrange, parfois nommé La maison de la mort, ce film de 1932 est une des premières réalisations de James Whale, peu de temps après son film le plus célèbre, Frankenstein. A propos de ce dernier, c’est également une nouvelle collaboration entre le cinéaste et Boris Karloff, figure emblématique du cinéma d’horreur de l’époque. où ce dernier campe un majordome taciturne, à la mine marquée par des cicatrices. Il est le gardien d’un manoir perdu qui va servir de refuge pour quelques infortunés voyageurs mis en perdition lors d’une terrible nocturne. Débute alors une soirée pas comme les autres dans ce lieu où règne le mystère et une ambiance très inquiétante.
« Dans Une soirée étrange, chaque découverte est l’occasion de sombrer un plus dans la bizarrerie, et de s’enfoncer dans cette nuit où les vieux cauchemars prennent vie. »
A ce titre, Une soirée étrange offre une très bonne première partie qui s’étend sur son premier tiers, cultivant toute cette aura de mystère habitant ce lieu, à travers quelques moments suspendus, répliques, ou effets visuels et sonores qui installent le spectateur dans l’ambiance souhaitée. Progressivement, le film va se montrer plus bavard afin de mener les personnages vers le bout de la nuit, synonyme de délivrance. Dans Une soirée étrange, chaque découverte est l’occasion de sombrer un plus dans la bizarrerie, et de s’enfoncer dans cette nuit où les vieux cauchemars prennent vie.

Ce qui marque avec ce film, c’est son ton souvent décalé, l’étrange se muant plus souvent en bizarre, à l’image du visage de la sœur du maître de maison, ou la rencontre avec un aïeul à l’âge très avancé, et à l’apparence plus qu’étonnante. James Whale jongle entre le sérieux et entre le second degré, cherchant à étendre l’étrangeté perceptible à l’écran au ton pris par le film lui-même. C’est probablement ce qui en fait son charme singulier, l’intrigue se révélant finalement assez classique. C’est aussi l’occasion de voir à l’écran un Charles Laughton au début de sa carrière au cinéma, mais c’est déjà un plaisir de profiter de ses apparitions.
Ce sont donc probablement les limites auxquelles il se confronte qui fait qu’Une soirée étrange n’a pas autant marqué les esprits. Cela n’en fait pourtant pas un mauvais film, très loin de là. Il se trouve même être un choix très judicieux pour se plonger dans une bonne soirée teintée d’horreur et d’étrangeté, pour s’offrir quelques frissons et profiter des charmes d’un de ces films d’époque.
