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Témoin à charge (Billy Wilder, 1957) – Critique & Analyse

Découvert devant la caméra dans l’optimiste et enjoué Extravagant Mr Ruggles (1935) puis derrière la caméra dans le grand classique, onirique et inquiétant La Nuit du Chasseur (1955), Charles Laughton campe ici un avocat expérimenté mais usé, dans Témoin à charge, réalisé par Billy Wilder. Il n’est plus réellement nécessaire de faire l’éloge du cinéma de ce dernier, qui n’a eu de cesse de réaliser de grands films à la qualité saluée de maintes fois. Dans cette adaptation d’une nouvelle et d’une pièce de théâtre d’Agatha Christie, Billy Wilder ne va, une nouvelle fois, pas décevoir son public.


Fiche du film

Affiche de Témoin à charge (1957)
Affiche de Témoin à charge (1957)
  • Genre : Drame, Policier
  • Réalisateur : Billy Wilder
  • Année de sortie : 1957
  • Casting : Charles Laughton, Marlène Dietrich, Tyrone Power
  • Synopsis : A peine remis d’un infarctus qui a failli le terrasser, Sir Wilfrid Robarts, ténor du barreau, accepte de prendre la défense de Leonard Stephen Vole, accusé de meurtre. L’affaire, déjà difficilement plaidable, se complique encore lorsque Christine Vole, l’épouse du prévenu, devient l’un des témoins capitaux de l’accusation. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Charles Laughton dans Témoin à charge (1957)
Charles Laughton dans Témoin à charge (1957)

Tout, dans ce film, est parfaitement organisé pour raconter le contexte nécessaire à la compréhension de l’affaire, ses enjeux, et à la connaissance de ses protagonistes. A travers la sollicitation de l’avocat de la part de l’accusé, des flashbacks, et le procès lui-même, toutes les pièces du puzzle s’associent progressivement, sans, pour autant, qu’on n’en devine le résultat final avant les tous derniers instants. L’amateur de films du genre aura, sans aucun doute, à travers la lourdeur des charges qui pèsent sur l’accusé qui contraste avec son innocence manifeste, établi quelque parallèle avec l’excellent 12 hommes en colère de Sidney Lumet, sorti la même année. Ici également, l’objectif est de défendre l’indéfendable en faisant vaciller les arguments de l’accusation pour donner sa chance à l’accusé d’être blanchi.

« On est vite happé par les enjeux soulevés par le film, par les mystères qu’il cache, et la tension ne fait que s’accroître lors du procès, passionnant à souhait. »

Témoin à charges est un film statique, avec de très longues scènes, mais une multitude d’informations et de détails à prendre en compte pour le spectateur, conférant au film un rythme rapide et prenant. On est vite happé par les enjeux soulevés par le film, par les mystères qu’il cache, et la tension ne fait que s’accroître lors du procès, passionnant à souhait. Tout est fait pour que les clés ouvrent des portes, mais qu’à chaque fois, on ait la sensation de se faire promener, et qu’on ait l’impression à la fois frustrante et plaisante de ne pas savoir où l’on va. Très hitchcockien dans le style, son scénario macabre et jouant sur le suspense, il n’en reste pas moins très imprégné de la patte de Billy Wilder, qui reprend l’atmosphère de ses grands films noirs tels qu’Assurance sur la Mort ou Boulevard du Crépuscule.

Marlène Dietrich et Charles Laughton dans Témoin à charge (1957)
Marlène Dietrich et Charles Laughton dans Témoin à charge (1957)

Le film doit, bien évidemment, beaucoup à ses interprètes, qui donnent vie à cette histoire pleine de mystère et de machinations. En tête, Charles Laughton, parfait avocat truculent mais dévoué et passionné par son métier, qui, quitte à y laisser sa santé déjà balbutiante, ne peut résister à l’appel de travailler sur une affaire et défendre un homme injustement accusé, et qui a passé avec succès le test du monocle. La perspicacité et l’intelligence de ce personnage lui confèrent beaucoup de charisme et font beaucoup dans la force de ce film qui oppose des personnalités fortes, avec une autre mention spéciale à Marlène Dietrich, glaçante et envoûtante, incarnant un personnage qui semblerait, lui aussi, tout droit issu des films d’Alfred Hitchcock.

Sans chercher à dévoiler des éléments-clé du film, force est de constater que Témoin à charge est un film prenant et surprenant à bien des égards, qui prend son temps pour poser les choses, exposer, confronter, titiller l’attention du spectateur, le faire réfléchir et hésiter. Les amateurs de films à suspense y trouveront, sans aucun doute, leur compte. Billy Wilder donne une nouvelle fois une leçon, dirigeant à merveille une équipe d’acteurs d’exception, adaptant superbement l’œuvre d’Agatha Christie, et faisant encore une nouvelle fois preuve de toute sa qualité et de sa polyvalence.

Note et avis

En résumé

Billy Wilder marche sur les plates-bandes d’Alfred Hitchcock en adaptant Agatha Christie, sans jamais imiter quiconque ni se reposer sur les lauriers. Avec des acteurs au sommet, Charles Laughton et Marlène Dietrich en tête, il immerge son spectateur dans cette histoire plein de suspense et le tient en haleine jusqu’au bout sans jamais le faire décrocher. Du grand cinéma, encore une fois.

Note globale
9/10
9/10

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

1 réflexion sur “Témoin à charge (Billy Wilder, 1957) – Critique & Analyse

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